Sujet: I don't want to fight anymore [R] Mar 19 Avr - 19:09
FEAT JAMES ANDERSON & CHARLY EVANS
La vie avait fait d’elle son pantin. Elle avait détruit la plus petite parcelle d’espoir. A chaque fois qu’elle pensait pouvoir se relever, la vie s’amusait à lui asséner un nouveau coup, un peu plus violent à chaque fois. Il y avait eu sa mère, puis Lynn, le départ de Noam et la mort de son père. Et maintenant, elle devait affronter ce stupide cancer. A quoi ça servait qu’elle se batte si à chaque fois, quelque chose la mettait KO. Elle était fatiguée de se battre pour un combat qui n’en valait pas la peine, qui n’en valait plus la peine.
Comme tous les jours depuis plus de deux mois, elle est assise à la plage, les genoux relevés contre sa poitrine, le vent ramenant ses cheveux sur son visage. C’était le seul endroit où elle retrouvait un peu de sérénité. Elle regardait sa fille jouer avec un seau et elle se sentait plus légère, comme si le poids sur ses épaules disparaissait doucement. Parfois, elle aimerait retourner dans le passé. Pas celui où Lynn a disparu en leur enlevant tout espoir de vivre. Un peu plus loin. Au temps où elle croyait encore que l’amour pouvait combattre le monde. Maintenant, elle en était plus si sûre. Lynn avait aimé Aidan plus que de mesure et même ça ne l’avait pas empêché d’abandonner le combat. Pourquoi elle devrait se forcer ? Le cancer gagnerait. Il est plus fort qu’elle.
Remettant une mèche de cheveux derrière son oreille, elle aperçoit quelqu’un qu’il l’observe. Son visage lui est familier, mais elle ne pourrait pas dire d’où. Mais après tout Hope Mills est une petite ville. Tout le monde s’est déjà croisé. Elle reporte le regard sur sa fille, mais sens une présence s’installer à côté d’elle. Elle tourne la tête et tout lui revient. Elle l’a vu, à l’hôpital dans la salle d’attente au service d’oncologie. Immédiatement, elle se demande de quel côté il est. Est-ce que lui aussi est une victime ou un des dommages collatéraux ? Elle le fixe quelques secondes s’attendant à ce qu’il dise quelque chose, mais aucun son ne semble vouloir sortir. Elle lève un sourcil, amusée. « Quand vous m’avez violement foncé dessus l’autre jour, vous avez aussi perdu votre langue ? »
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Sujet: Re: I don't want to fight anymore [R] Mar 10 Mai - 12:08
«Jules, j't'en supplie, décroche, il faut qu'on parle. »
C'était le dixième message que je lui laissais de toute la journée. Quiconque m'aurait vu aurait certainement fini par me dire qu'il fallait que je lâche l'affaire, qu'elle ne reviendrait pas et qu'il fallait que je passe à autre chose. Mais j'en étais incapable. Elle ne pouvait pas me laisser, pas comme ça, pas après tout ce que nous avions vécu. Elle m'aimait. J'en étais persuadé. Sinon, elle ne m'aurait jamais soutenu dans ma lutte contre le cancer, sinon, elle n'aurait jamais voulu que nous élevions cet enfant ensemble. La vie avait toujours mis notre amour à rude épreuve, mais nous nous en étions sortis. Quand j'avais cru qu'il ne me restait que quelques mois à vivre, elle avait décidé de rester avec moi, de m'aider dans cette lutte que tous pensaient déjà perdue d'avance. Qu'est-ce qui changeait, cette fois-ci ? Nous avions perdu notre enfant, certes. Mais ne pourrions nous pas passer au dessus de ça ? Je n'en savais rien. J'avais l'impression parfois de ne rien comprendre aux femmes, et surtout à la mienne. J'étais conscient que je ne pourrais jamais comprendre ce qu'elle ressentait. Je savais que je n'avais pas porté cet enfant, et je ne pourrais jamais ressentir cette même culpabilité qu'elle mais j'aurais aimé qu'elle reste avec moi, qu'on affronte ça ensemble. Au lieu de ça, elle me fuyait, m'abandonnant, me laissant sans plus aucune réelle raison de vivre maintenant que je le pouvais enfin et que ce foutu cancer avait été éradiqué. Je trouvais cela tellement injuste. Il avait fallu que ma vie soit sauvée pour que celle de notre enfant nous soit arrachée. Il avait fallu que j'aille mieux pour que ce soit à Jules d'aller mal. Mais son mal, à elle, ne se traitait pas comme le cancer, et je ne craignais qu'une seule chose : qu'elle soit incapable d'en guérir un jour.
Rangeant mon portable dans ma poche, je posai mon regard sur l'horizon. La plage. J'avais pensé l'y trouver. Nous avions passé tellement de bons moments ici... C'était notre paradis, l'endroit où nous venions nous réfugier quand tout allait mal, et que nous avions besoin de réconfort. C'était ici qu'elle serait venue, en temps normal. Mais elle n'était pas là. Je vis, au loin, la silhouette d'une femme. Mais celle-ci était accompagnée d'une petite fille, et je devinais aisément qu'il ne s'agissait pas de Jules. Cependant, cette femme me disait quelque chose. Charly Evans. Je la reconnus dès lors que son regard croisa le mien. C'était elle, celle que j'avais croisé au service oncologie, quelques jours plus tôt. Une femme visiblement malade, et décidée à ne pas se soigner. C'était du moins ce que j'en avais conclu lorsque je l'avais vue écourter son rendez-vous avec son médecin. J'étais loin de m'imaginer qu'elle avait une fille. Enfin, ça n'était peut-être pas la sienne, mais en m'approchant et en voyant la ressemblance entre la petite et Charly, je devinai aisément qu'il s'agissait de son enfant. Je m'installai à côté d'elle, prenant un soin particulier à ce que ma perruque ne s'envole pas. La perruque, ou le seul moyen pour moi d'avoir l'air normal après toutes ces années de traitement. Je sentis son regard posé sur moi. Je ne la regardais cependant pas, trop occupé à regarder sa fille. Une fille que Jules et moi n'aurions probablement jamais. Parce que la vie était un juste, qu'elle nous l'avait arrachée, et qu'elle nous avait séparés. Je poussais un léger soupir. Charly prit la parole, ce qui m'obligea à tourner la tête dans sa direction.
« Quand vous m’avez violement foncé dessus l’autre jour, vous avez aussi perdu votre langue ? »
Bim. 1-0 pour elle. Je fronçai légèrement les sourcils. Moi qui pensais que l'aborder serait un jeu d'enfant, je m'étais visiblement trompé. Détournant le regard pour le poser sur l'horizon, je rétorquai :
« Quand je vous ai violemment foncé dessus l'autre jour, vous avez perdu votre amabilité ? » Je me retournai vers elle, lui adressant un regard inquisiteur puis, souriant, je lui tendis la main et je repris : « James Anderson. Enchanté de faire votre connaissance, Miss Evans ! »
J'avais un sourire aux lèvres, sourire qui ne me ressemblait guère. Rares étaient les fois où je souriais aux jolies filles. Elles avaient bien souvent tendance à m'intimider. Avec Charly, les choses étaient légèrement différentes. J'avais l'impression de la connaître, peut-être parce que je savais ce par quoi elle passait actuellement.
« Et ce petit ange », commençai-je en désignant sa fille d'un signe de tête « pour qui vous ne prenez même pas la peine de vous battre, a un nom ? »
J'étais direct. Autant qu'elle, à vrai dire. Je savais qu'autant de franchise pourrait m'attirer ses foudres, mais ça ne m'effrayait pas. Plus rien ne m'effrayait, à présent. Pas même la colère de Charly Evans.
Charly Evans
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Sujet: Re: I don't want to fight anymore [R] Mar 17 Mai - 16:09
La plage restait le dernier endroit où elle se sentait sereine. Elle pouvait passer des heures assise dans le sable à regarder les vagues venir s’écraser. Pendant ces quelques heures, elle ne pensait à rien. Elle profitait du soleil sur sa peau, du vent sur ses cheveux et oubliait tout. De sa relation chaotique avec Noam à son cancer et toutes les personnes qu’elle laisserait derrière. Quand elle était à la plage, elle pouvait fermer les yeux et oubliait toutes les personnes qui l’avaient quitté. Elle pouvait respirer sereinement sans se sentir oppressé par le poids de la vie qui devenait beaucoup trop lourd pour ses frêles épaules.
Charly avait toujours été une battante. On lui avait toujours attribué cette qualité, mais à force de se battre, elle avait fini par en être lassé. Sa vie entière avait été un combat. Après la mort de sa mère, elle avait du se battre pour que son père reprenne gout à la vie. Et puis Lynn était morte et elle s’était battue pour que le groupe reste soudé malgré tout. Elle avait du se battre pour avoir sa fille et maintenant qu’elle pensait que la vie allait finalement lui laisser le temps de respirer et de profiter de sa vie, son cancer avait été prononcé. Cancer, le mot qu’elle avait redouté toute sa vie et voilà qu’aujourd’hui, il propageait son venin dans son corps. Elle n’avait plus la force de se battre. Elle avait abandonné avant même d’avoir commencé. Elle sait que personne ne comprendrait son choix. Elle en a parfaitement conscience et elle ne leur demande pas de comprendre. Au contraire, elle préférait que toutes les personnes qu’ils l’aiment aujourd’hui la détestent quand elle rendra son dernier souffle. C’est plus facile de faire son deuil quand on déteste la personne. Elle ne peut plus rien leur offrir alors avant de partir, elle veut leur donner cette opportunité. Ils ne comprendront pas, mais elle refuse qu’ils mettent leur vie en suspens pour elle. Elle ne le méritait pas et eux méritaient beaucoup mieux.
Quand elle était petite, elle se souvient que sa mère l’emmenait souvent à la plage. Elle n’a pas beaucoup de souvenirs de sa mère, mais un est resté ancré en elle : elles étaient toutes les deux à la plage et elles riaient. Elles riaient à en avoir mal au ventre. C’est peut être pour ça que la plage lui avait toujours semblé être l’endroit parfait pour respirer loin de toutes les contrariétés du reste du monde. Elle avait toujours aimé cette partie de la ville où elle se sentait toute petite comparé au reste du monde. Elle voulait que sa fille aussi ressente ça un jour. Elle voulait que sa fille puisse avoir un endroit où elle se sentirait toujours sereine, peu importe les tragédies que la vie enverrait sur son chemin.
La regardant s’épanouir avec son petit seau et sa petite pelle, Charly sentit la présence de quelqu’un à ses côtés. Instinctivement, elle tourna la tête. Elle se souvenait de lui. Leur rencontre avait été bref, une simple bousculade dans les couloirs de l’hôpital. Mais il l’avait marqué. Elle ne saurait dire qu’est ce qui l’avait marqué, mais son regard rempli d’optimisme l’avait bouleversé, elle qui ne croyait plus en rien. Au bout de quelques secondes, ses réflexes reviennent et elle l’attaque. « Quand je vous ai violemment foncé dessus l'autre jour, vous avez perdu votre amabilité ? » Un sourire se dessina sur ses lèvres. Au moins, il avait de la répartie. « Qui a dit que j’en avais eu un jour ? » Elle fronça les sourcils en serrant sa main, légèrement hésitante. « Comment connaissez vous mon nom ? Vous me suivez ? » Elle ne se souvenait pas lui avoir dit son nom. Elle se souvenait l’avoir bousculé et c’est tout. Elle était presque sûre que son nom n’avait jamais été mentionné. Elle le fixa quelques seconde. Il n’avait pas l’air d’être psychopathe pourtant.
« Et ce petit ange pour qui vous ne prenez même pas la peine de vous battre, a un nom ? » Elle jeta un regard à Noaly, son cœur se serrant. Elle savait que tout ça était injuste pour sa fille et en un sens, elle aurait préféré ne jamais récupérer sa garde, pour que sa fille puisse vivre une vie paisible auprès de personnes qui l’aimaient et qui seraient toujours là. Elle se mordilla la lèvre pour éviter de se mettre à pleurer en pensant au futur qui attendait sa fille. A la place, elle se retourna vers ce parfait inconnu qui se permettait de juger sa vie et cracha son venin. S’il y avait bien une émotion que Charly gérait parfaitement, c’était la colère et ces derniers temps, elle était en colère. Contre elle, contre le monde entier. Même contre des inconnus qui vivaient leur vie paisiblement. « Et vous qui êtes vous pour vous permettre de me juger ? » Elle pointa du doigt sa perruque. « En rémission ? Vous pensez que parce que vous avez battu le cancer vous pouvez vous permettre de me juger. C’est pas parce que vous avez une jolie perruque que personne ne sait que vous êtes malade. Ca cache pas vos traits fatigués, ça cache pas non plus les traces que votre corps aura toujours du fait de la chimio. Et ça cache encore moins, la tristesse qui s’est peint sur votre visage quand vous avez vu ma fille. Pourtant est ce que je vous ais jugé ? Non et ça aurait été vraiment facile de le faire. » Elle lui adressa un regard noir et se releva. Elle eut un léger vertige mais ferma les yeux, le temps que ça passe. Le rire de Noaly arriva jusqu’à ses oreilles et elle dut se mordre la lèvre vraiment fort pour ne pas se mettre à pleurer. Les paroles de Noam lui revinrent aussi en mémoire et c’en fut trop pour elle. Elle rouvra les yeux et déversa sa colère sur James. « Vous croyez que je veux pas me battre pour ma fille ? Vous croyez que je suis contente à l’idée de penser qu’elle va grandir sans sa mère ? Je suis pas si égoiste. Je ferais tout pour rester avec elle. N’importe quoi. Mais c’est pas une possibilité. Vous savez mieux que personne ce qu’une chimio fait à une personne. Qu’est ce que je ferais quand elle voudra apprendre à faire du vélo mais que je serais trop fatiguée pour l’aider ? Qu’est ce que je ferais à son premier jour d’école quand elle me dira que toutes les mamans ont des cheveux et qu’elle préférerait que sa mère en ait aussi ? Qu’est ce que je ferais quand je verrais dans son regard qu’elle préférerait avoir une autre maman, une maman en bonne santé qui peut jouer avec elle et lui apprendre des choses et pas une maman qui est coincée dans son lit parce qu’elle n’a plus aucune force ? » demanda-t-elle, les larmes aux yeux. Elle savait ce qu’on ressentait quand on était une petite fille et qu’on avait une mère malade. Elle savait parce qu’elle avait été là. Elle savait parce qu’à 7 ans, elle avait compris que c’était mieux que sa mère soit morte, au moins, elle ne souffrait plus.
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Sujet: Re: I don't want to fight anymore [R] Jeu 19 Mai - 15:50
Venir sur cette plage, c'était un moyen comme un autre, pour moi, de garder le contact avec Jules. Un moyen aussi de ne pas me sentir complètement inutile. Si je la cherchais, je finirais peut-être par la retrouver. Peut-être reviendrait-elle plus rapidement vers moi. C'était du moins tout ce que j'espérais, car ces derniers jours, sans elle, avaient été horribles. A quoi cela servait-il, de se débarrasser du cancer, si je n'avais personne avec qui partager cette victoire ? Quand j'avais su que j'étais guéri, une joie sans précédent m'avait envahi. J'avais cru que cette nouvelle rendrait le sourire à Jules. Qu'ensemble, nous pourrions célébrer cela. Au lieu de ça, elle avait pris la fuite, me laissant avec un goût amer dans la bouche.
Si je ne l'avais pas croisée sur la plage, j'avais néanmoins aperçu la silhouette d'une jeune femme, accompagnée de sa fille. J'étais surpris de voir que Charly Evans avait une fille. Cette jeune femme avait beau être connue de tous – ou presque – dans cette ville, je n'avais jamais entendu parler d'elle, jusqu'à notre rencontre, à l'hôpital, quelques jours plus tôt. Une rencontre au cours de laquelle j'avais compris qu'elle était malade. Comme je l'avais été. A la différence près qu'elle refusait de se soigner. Pourquoi ? Je ne le comprenais pas. Encore moins maintenant que je voyais sa fille. M'approchant d'elle, je m'étais installé à ses côtés, sans un mot, cherchant le meilleur moyen de l'aborder, sans sembler trop curieux ou trop envahissant. Finalement, elle fut la première à parler, me demandant si j'avais perdu ma langue le jour où je l'avais bousculé. En voilà une façon de s'adresser aux inconnus. Elle pensait que sa remarque allait me faire fuir ? Il m'en fallait bien plus que ça. Sans me démonter, je lui avais alors demandé, du tac au tac, si ce jour là, elle avait perdu son amabilité. A ma remarque, un sourire se dessina sur ses lèvres, comme si elle appréciait que je lui tienne tête.
« Qui a dit que j’en avais eu un jour ? »
J'hochai la tête, en signe de concession. Effectivement, rien ne me garantissait qu'elle avait été aimable un jour. Et pourtant, je devinais, à la réputation qu'elle avait, qu'elle n'était pas comme elle voulait bien me le faire croire. Elle s'adressait peut-être à un étranger, mais pas à un idiot.
« Si vous n'étiez pas un minimum aimable, les gens, dans cette ville, ne vous traiteraient pas avant autant de respect. » lui lis-je remarquer avant de lui tendre la main pour me présenter. Tandis qu'elle serra ma main, elle fronça les sourcils, avant de me demander, visiblement hésitante :
« Comment connaissez vous mon nom ? Vous me suivez ? »
Un léger rire s'échappa d'entre mes lèvres.
« Comme si j'avais que ça à faire. » Je secouai la tête, encore amusé par sa question. « La secrétaire, le jour où l'on s'est rencontrés. J'ai entendu votre nom quand elle vous a appelé. » lui expliquai-je alors dans un sourire aimable et rassurant, histoire de lui faire comprendre que je n'étais pas un de ces psychopathes qui harcelaient les demoiselles.
Tournant mon regard en direction du petit ange qui lui demandai de fille, je décidai de provoquer un peu Miss Evans, en faisant référence à son manque de combativité. Bon sang, je ne comprenais vraiment pas Charly. Si j'avais eu une fille comme celle-ci, il est évident que j'aurais tout fait pour vaincre ce cancer. Au lieu de ça, Charly abandonnait avant même d'avoir essayé. Pourquoi ? A ma remarque, Charly posa son regard sur sa fille. Je su dès l'instant où son regard se posa sur cette dernière que Charly était à deux doigts de pleurer. Et soudainement, je regrettais d'avoir été si direct. Elle aurait pu me coller une gifle que je l'aurais certainement amplement mérité.
« Et vous qui êtes vous pour vous permettre de me juger ? » Je n'eus pas même le temps de répondre qu'elle pointa ma perruque du doigt, avant d'ajouter, « En rémission ? Vous pensez que parce que vous avez battu le cancer vous pouvez vous permettre de me juger. » Je ne la jugeais pas. Pas vraiment. J'essayais de comprendre. De l'aider. Etait-ce mal, que de vouloir qu'elle s'en sorte, elle aussi ? « C’est pas parce que vous avez une jolie perruque que personne ne sait que vous êtes malade. Ca cache pas vos traits fatigués, ça cache pas non plus les traces que votre corps aura toujours du fait de la chimio. » Je savais très bien tout cela, et pourtant, c'était un moyen comme un autre pour moi d'avoir encore l'air « normal ». Un minimum du moins. C'était un moyen pour moi de laisser la maladie de côté. Etait-ce mal, que de vouloir cacher celle-ci aux autres, que de vouloir oublier celle-ci ? « Et ça cache encore moins, la tristesse qui s’est peint sur votre visage quand vous avez vu ma fille. Pourtant est ce que je vous ais jugé ? Non et ça aurait été vraiment facile de le faire. » Aie. Elle n'y allait pas de main morte. Je pris sur moi, sans même détourner le regard lorsqu'elle m'en adressa un si noir qu'elle aurait pu me convaincre, avec celui-ci, de déguerpir en vitesse et de la laisser tranquille. Elle se releva, vacilla légèrement, et je me relevai, posant ma main sur son épaule.
« Ca va aller ? »
Elle avait fermé les yeux, et lorsqu'elle les rouvrit, ce fut pour, de nouveau, déverser sa colère sur moi.
« Vous croyez que je veux pas me battre pour ma fille ? Vous croyez que je suis contente à l’idée de penser qu’elle va grandir sans sa mère ? Je suis pas si égoiste. Je ferais tout pour rester avec elle. N’importe quoi. Mais c’est pas une possibilité. Vous savez mieux que personne ce qu’une chimio fait à une personne. Qu’est ce que je ferais quand elle voudra apprendre à faire du vélo mais que je serais trop fatiguée pour l’aider ? Qu’est ce que je ferais à son premier jour d’école quand elle me dira que toutes les mamans ont des cheveux et qu’elle préférerait que sa mère en ait aussi ? Qu’est ce que je ferais quand je verrais dans son regard qu’elle préférerait avoir une autre maman, une maman en bonne santé qui peut jouer avec elle et lui apprendre des choses et pas une maman qui est coincée dans son lit parce qu’elle n’a plus aucune force ? »
Elle avait les larmes aux yeux, et sa détresse me donna envie de la prendre dans mes bras, pour la réconforter. Mais si je m'exécutai, il était certain qu'elle m'enverrait valser. Alors, je poussai un soupir, avant de poser mon regard sur la fillette qui jouait devant nous.
« Quand elle voudra apprendre à faire du vélo, vous laisserez son père s'en charger, vous les regarderez, vous la réconforterez quand elle tombera, et vous l'encouragerez à remonter dessus. » commençai-je, pour répondre à sa question qui, pourtant, n'avait été que rhétorique. « Quand vous devrez l'emmener à l'école, vous porterez une perruque, et vous aurez alors l'air d'une maman comme les autres, à la différence près que vous serez exceptionnelle, parce que vous aurez la force de vous battre au quotidien pour elle. » Je marquai une légère pause, avant de reprendre, « Et jamais, elle ne préfèrera avoir d'autre maman que vous. Vous le savez tout aussi bien que moi. L'amour que nous portent nos enfants est inconditionnel. Pour rien au monde, elle ne vous échangerait contre une autre. »
Je poussai un soupir, baissant un instant les yeux en direction du sol.
« Vous ne pourrez peut-être pas lui apprendre à courir, à nager, vous n'en aurez peut-être pas la force, mais vous pourrez lui apprendre à se battre. Lui montrer que la vie en vaut le coup. Que malgré les épreuves, certaines personnes valent la peine qu'on se batte pour elles. »
Reposant mon regard sur Charly, j'ajoutai rapidement :
« Et puis franchement... vous croyez qu'elle en aura quelque chose à faire, que sa mère mourante lui ait appris à faire du vélo, le jour où elle sera diplômée et que sa mère sera absente ? Le jour elle se mariera et où il ne manquera que vous ? Vous croyez sincèrement qu'elle ne songera jamais que vous ne l'aimiez pas assez pour vous battre ? »
Me réinstallant, je levai les yeux vers Charly. Je laissai un léger silence s'installer puis, songeant à ses premiers mots, je lui expliquai :
« Je ne vous juge pas. Je ne me le permettrai pas. Vous avez raison, c'est pas parce que je suis en rémission que j'ai le droit de vous faire la morale. J'en suis parfaitement conscient. Je sais que parfois, ça peut sembler inutile de sa battre. Quand on m'a diagnostiqué mon cancer, y'a presque deux ans, on me disait condamné. J'ai réussi à m'en sortir, parce que j'étais entouré de mes proches, de gens qui m'aimaient. Et croyez moi, si j'avais eu une fille comme la vôtre, j'aurais tout donné pour rester avec elle, pour la voir grandir et pour lui prouver mon amour. Vous n'avez pas le droit d'abandonner si vite. Vous ne pouvez pas lui faire ça. Elle ne vous le pardonnera jamais. Pas si vous n'essayez pas au moins de vous battre. »
Charly Evans
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Sujet: Re: I don't want to fight anymore [R] Mer 25 Mai - 13:13
Venir sur cette plage lui rappelait toutes les personnes qu’elle avait perdu. Ca lui rappelait sa mère et les innombrables après midi que toutes les deux avaient passé à faire des châteaux de sable et à rire jusqu’à en avoir mal au ventre. Elle se souvenait de toutes les journées bronzettes/potins qu’elle avait passé avec Lynn. Elle se souvenait aussi de son premier rendez vous avec Noam. Tout était fini maintenant. Les seuls moments de sérénité qu’elle pouvait passer désormais, c’était avec sa fille. Quand elle était avec Noaly et qu’elle entendait ses babillements, rien ne pouvait l’atteindre. Elle oubliait tout : ses parents, Lynn, sa maladie.
Assise dans le sable, elle regardait Noaly jouer et s’épanouir avec son petit saut. C’est ça qui faisait le plus mal : savoir que sa fille allait grandir et découvrir de nouvelles choses, sans que Charly puisse en être témoin. Penser que sa fille allait être diplômée sans que Charly ne soit dans le public pour applaudir. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était profiter de ces derniers instants. Assise dans le sable, elle observe et absorbe la moindre de ses mimiques. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’un jeune homme s’assoit à côté d’elle et lui fasse la discussion.
« Si vous n'étiez pas un minimum aimable, les gens, dans cette ville, ne vous traiteraient pas avant autant de respect. »
Charly haussa les épaules. Cette ville l’avait vu grandir. Que ça lui plaise ou non, tout le monde dans cette ville connaissait son histoire. Elle doutait d’ailleurs que les gens d’Hope Mills la respectaient encore. A vrai dire, elle n’y avait jamais pensé.
« Rien à voir avec mon amabilité. Ils respectaient mon père... » Elle hésita à dire qu’en réalité, ils avaient juste pitié d’elle, parce que même ça elle en doutait. Il lui tendit la main et Charly ne put s’empêcher de devenir suspicieuse. Comment connaissait-il son nom ? Un psychopathe ? Elle serra sa main, légèrement hésitante. Il n’avait pas l’air effrayant et pourtant la plupart des psychopathes avait une tête d’ange, comme lui.
« Comme si j'avais que ça à faire. La secrétaire, le jour où l'on s'est rencontré. J'ai entendu votre nom quand elle vous a appelé. » Un sourire s’étala sur le visage de la jolie brune. Ca semblait plus logique que sa théorie du psychopathe et elle préféra croire qu’il était sincère. Elle se contenta d’acquiescer et finit par lâcher sa main.
Ils auraient pu discuter tranquillement, de tout et de rien, faire comme si elle ne voyait pas les traces du cancer et comme s’il ne savait pas que la maladie faisait son chemin dans le corps de la jeune Evans. Oui ils auraient pu, mais James s’attarda sur Noaly, renvoyant Charly à ses plus grands doutes et ses plus grandes peurs. Quand on apprenait une maladie, c’est pas pour nous qu’on était effrayé, c’était pour tous les gens autour de nous, les gens qui nous aimaient et qui devront affronter la dur réalité de l’absence. Mourir ce n’était pas effrayant. Laisser les gens qu’on aime derrière nous, il n’y avait rien de pire.
« Quand elle voudra apprendre à faire du vélo, vous laisserez son père s'en charger, vous les regarderez, vous la réconforterez quand elle tombera, et vous l'encouragerez à remonter dessus. Quand vous devrez l'emmener à l'école, vous porterez une perruque, et vous aurez alors l'air d'une maman comme les autres, à la différence près que vous serez exceptionnelle, parce que vous aurez la force de vous battre au quotidien pour elle. Et jamais, elle ne préfèrera avoir d'autre maman que vous. Vous le savez tout aussi bien que moi. L'amour que nous portent nos enfants est inconditionnel. Pour rien au monde, elle ne vous échangerait contre une autre. »
Ses lèvres commencèrent à trembler et sans qu’elle ne s’en rende compte des larmes avaient coulé le long de ses joues. Elle avait mal, mal de voir qu’un parfait inconnu avait su voir ses peurs les plus profondes, qu’il avait réussi à mettre des mots sur ses maux. Depuis qu’elle avait appris son cancer, elle n’avait rien dit. Elle s’était contentée de sourire, de ce sourire faux que tout le monde lui connaissait désormais. Elle s’était contentée de ruminer contre l’injustice de cette maladie et lui en deux secondes avait vu plus loin que ses sourires et ses je vais bien.
« Vous ne pourrez peut-être pas lui apprendre à courir, à nager, vous n'en aurez peut-être pas la force, mais vous pourrez lui apprendre à se battre. Lui montrer que la vie en vaut le coup. Que malgré les épreuves, certaines personnes valent la peine qu'on se batte pour elles. »
Elle jeta un regard vers Noaly. Si une personne méritait qu’on se batte pour elle, c’était cette magnifique petite fille, avec ses longues boucles brunes, son regard innocent et son rire cristallin.
« Je ne vous juge pas. Je ne me le permettrai pas. Vous avez raison, c'est pas parce que je suis en rémission que j'ai le droit de vous faire la morale. J'en suis parfaitement conscient. Je sais que parfois, ça peut sembler inutile de sa battre. Quand on m'a diagnostiqué mon cancer, y'a presque deux ans, on me disait condamné. J'ai réussi à m'en sortir, parce que j'étais entouré de mes proches, de gens qui m'aimaient. Et croyez moi, si j'avais eu une fille comme la vôtre, j'aurais tout donné pour rester avec elle, pour la voir grandir et pour lui prouver mon amour. Vous n'avez pas le droit d'abandonner si vite. Vous ne pouvez pas lui faire ça. Elle ne vous le pardonnera jamais. Pas si vous n'essayez pas au moins de vous battre. »
Elle continua de fixer sa fille et croisa ses bras sur sa poitrine, pour se protéger d’une douleur qui devenait trop brutale pour elle.
« J’ai peur. » avoua-t-elle dans un murmure. Au point où elle en était, elle pouvait lui avouer tout ce qu’elle avait sur le cœur. « Ma mère avait un cancer et je l’ai vu souffrir. Vous savez ce que je me suis dis quand elle est morte ? Qu’au moins, elle ne souffrait plus. J’avais 7 ans et j’avais déjà compris le concept de la mort. J’avais déjà compris que personne ne restait indéfiniment sur terre. » Elle essuya les larmes qui coulaient le long de ses joues et tenta de reprendre un ton normal, mais elle n’y arrivait pas. Sa voix tremblait toujours. « Je veux pas que ma fille perde son innocence si jeune. Elle a seulement un an. Elle se souviendra pas de moi si je meurs maintenant. Elle se souviendra pas de toutes les nuits que j’ai passé à la regarder dormir. Elle se souviendra pas des chansons que je lui chantais pour l’endormir. Elle se souviendra pas de moi. »
Elle du prendre quelques secondes avant de continuer. Le penser c’était dur, mais l’avouer c’était encore plus douloureux.
« On peut pas souffrir de quelque chose qu’on a jamais eu. Bien sur parfois, une maman lui manquera, mais ça lui passera bien vite. C’est pas moi qui lui manquerais. Elle sera pas seule. Elle aura son père à ses côtés, ma merveilleuse meilleure amie, qui sera toujours là pour elle. Et puis Josh sera toujours là à surveiller ses arrières. » murmura-t-elle.
Elle se rassit sur le sable et remonta ses genoux contre sa poitrine.
« Si je me bats mais que le cancer est trop fort, on aura peut être quelques années de répit. Et puis quoi après ? Le cancer sera trop fort et... et elle me connaitra. Elle saura qui je suis et comment je suis. Ma présence lui manquera et ce sera trop douloureux pour elle. »
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Sujet: Re: I don't want to fight anymore [R] Ven 3 Juin - 3:48
Parler avec Charly Evans n'était pas une mince affaire. Qu'avais-je espéré, en venant la voir ? Qu'elle m'accueillerait avec un large sourire aux lèvres, et qu'elle accepterait de m'écouter ? Je n'étais pas naïf, contrairement à ce que bien des gens pouvaient s'imaginer. J'étais juste optimiste, et c'était, selon moi, différent. Alors oui, j'avais l'espoir qu'elle finirait par m'écouter, qu'elle m'expliquerait, peut-être, les raisons qui la poussaient à ne pas se soigner. Ne tenait-elle donc pas à sa fille ? N'avait-elle donc pas envie de la voir grandir ? Pourquoi se condamner de la sorte ? J'étais conscient que tout cela ne me regardait pas, que je n'avais pas à lui faire la morale, ni même à l'aider. Rien ne m'y obligeait, après tout. Et pourtant... Quelque chose me poussait à aller vers elle. La détresse que j'avais pu lire dans son regard, le jour de notre rencontre, m'avait touché. De même que celle que je pouvais voir dans ses yeux, tandis qu'elle regardait sa fille jouer, un peu plus loin. Cette fille me touchait. Elle me donnait envie de l'aider. De la faire sourire. Pourquoi ? Je n'en savais rien.
Je savais qu'on ne se connaissait pas et que ma présence à ses côtés pourrait peut-être sembler... déplacée. Mais je ne m'étais certainement pas attendu à ce qu'elle m'accueille de la sorte. D'abord légèrement surpris par sa répartie, il ne m'avait pas fallu longtemps avant de répliquer. J'voulais bien être gentil, mais je n'étais franchement pas du genre à me laisser faire. Charly était en train d'ériger un mur entre nous. Elle essayait de me repousser, peut-être parce qu'elle avait peur que je l'atteigne. Ses tentatives pour me repousser furent cependant vaines, et malgré toute sa bonne volonté, j'arrivais quand même à la considérer comme quelqu'un d'aimable. Pour preuve, sans cela, il était certain que les gens ne la respecteraient pas autant, dans cette ville. Haussant les épaules, Charly me répondit :
« Rien à voir avec mon amabilité. Ils respectaient mon père... »
Je secouai la tête. Rien à voir. C'était une fille bien. Et malgré son apparente mauvaise humeur, elle savait être quelqu'un d'aimable. J'en étais persuadé. Je ne relevai pas la remarque sur son père, sachant pertinemment que je n'avais pas connu celui-ci et que, si j'affirmais quoi que ce soit de contraire aux paroles de la demoiselle, celle-ci n'hésiterait certainement pas à me rembarrer dans la seconde en me rappelant qu'on ne se connaissait pas et qu'à priori, je ne savais rien d'elle. Me présentant à elle, je lui avais fait savoir que je connaissais déjà son identité. Lorsqu'elle serra ma main, Charly se fit suspicieuse. Elle se demandait si je n'étais pas un de ces psychopathes qui l'avait suivi. Je lui répondis, amusé, que j'avais mieux à faire et que je ne connaissais son nom que parce que la secrétaire l'avait appelée, le jour où l'on s'était rencontrés. Un sourire se dessina sur les lèvres de Charly à ma réponse et, après avoir acquiescé d'un signe de tête, elle relâcha ma main.
Un léger silence s'installa entre nous, jusqu'à ce que j'entre dans le vif du sujet, à savoir son refus de suivre un traitement contre son cancer. Je savais qu'en abordant un sujet aussi épineux que celui-ci, je risquais de me faire rembarrer dans la seconde. Et pourtant, j'étais prêt à prendre ce risque. J'avais besoin de comprendre. Pour qu'elle comprenne, à son tour, que sa décision n'était pas la bonne. Que la vie valait le coup qu'on se batte pour elle. Que sa fille en valait la peine également. Sans que je ne fasse de remarque supplémentaire, Charly vint à me donner des raisons – toutes les plus stupides les unes que les autres – à ce qu'elle refuse son traitement. Les excuses qu'elle m'avait données, je les réfutai toutes, les unes après les autres. Peut-être y allais-je un peu trop fort. C'est du moins ce qui me vint à l'esprit lorsque je vis les larmes couler le long de ses joues. Je me retins pour ne pas la consoler. Ca n'était pas ce dont elle avait besoin – pas pour le moment du moins. Elle avait besoin que quelqu'un lui ouvre les yeux, et ça n'était pas en me montrant trop doux avec elle qu'elle pourrait prendre conscience de tout ce qu'elle s'apprêtait à perdre. Après un instant de silence, Charly croisa ses bras sur sa poitrine, avant de m'avouer, dans un murmure :
« J’ai peur. » Je poussai un soupir. Je savais qu'elle avait peur. La peur, c'était une réaction normale à cette putain de maladie qui étrait en train de la tuer. « Ma mère avait un cancer et je l’ai vu souffrir. Vous savez ce que je me suis dis quand elle est morte ? Qu’au moins, elle ne souffrait plus. J’avais 7 ans et j’avais déjà compris le concept de la mort. J’avais déjà compris que personne ne restait indéfiniment sur terre. »
Ainsi c'était ça. Elle avait déjà connu ça. Elle était déjà passée par là. Sa mère avait eu un cancer, et en était morte. « Je veux pas que ma fille perde son innocence si jeune. Elle a seulement un an. Elle se souviendra pas de moi si je meurs maintenant. Elle se souviendra pas de toutes les nuits que j’ai passé à la regarder dormir. Elle se souviendra pas des chansons que je lui chantais pour l’endormir. Elle se souviendra pas de moi. »
La voix de Charly était tremblante, et je me rendis compte après quelques secondes que j'avais les larmes aux yeux. Tentant de reprendre contenance, je me tournai vers elle. Après un instant d'hésitation, je posai finalement ma main sur son épaule, en un geste qui se voulait réconfortant.
« On peut pas souffrir de quelque chose qu’on a jamais eu. Bien sur parfois, une maman lui manquera, mais ça lui passera bien vite. C’est pas moi qui lui manquerais. Elle sera pas seule. Elle aura son père à ses côtés, ma merveilleuse meilleure amie, qui sera toujours là pour elle. Et puis Josh sera toujours là à surveiller ses arrières. »
Je secouai la tête. Me réinstallant dans le sable, Charly vint me rejoindre. Ramenant ses genoux contre sa poitrine, elle continua :
« Si je me bats mais que le cancer est trop fort, on aura peut être quelques années de répit. Et puis quoi après ? Le cancer sera trop fort et... et elle me connaitra. Elle saura qui je suis et comment je suis. Ma présence lui manquera et ce sera trop douloureux pour elle. » « Vous avez tord. On peut souffrir de quelque chose qu'on a jamais eu. La douleur est simplement différente. Votre meilleur amie, son père Josh – oui, j'avais mal compris ce que Charly m'avait dit et il me semblait par conséquent que le père de la petite s'appelait Josh – ne pourront jamais combler ce manque qu'elle aura, si vous n'êtes pas à ses côtés. Elle a besoin d'une mère pour l'aider à grandir, à devenir une femme. Mais ça ne veut pas dire pour autant que n'importe quelle femme fera l'affaire. Personne ne pourra jamais être à votre hauteur Charly. Vous savez ce que ça fait, que d'avoir besoin de sa mère, à une différence près : vous aviez des souvenirs sur lesquels vous reposer , quand ça n'allait pas, ou que votre mère vous manquait. Des souvenirs qui resteront à jamais gravés dans votre mémoire. Vous ne pouvez pas priver votre fille de ces derniers. »
Je tournai la tête, avant de lui adresser un faible sourire. Puis je repris, avec plus d'humour :
« Vous ne pouvez pas envisager que ce cancer finisse par être plus fort que vous, Charly. Engager un combat en s'imaginant perdant, c'est ridicule, inutile. C'est comme commencer un jeu vidéo en sachant qu'on ne passera pas le niveau 1. Il faut se battre pour passer différents niveaux, sans jamais envisager de perdre. C'est comme ça que vous gagnerez votre combat. J'dis pas que ça sera facile, que des fois, vous serez pas K.O mais... avec une volonté à toute épreuve, vous pourrez y arriver. Y'a qu'en ayant foi en l'avenir que vous en aurez un. »
Charly Evans
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Sujet: Re: I don't want to fight anymore [R] Lun 13 Juin - 19:43
Charly n’était pas le genre de personnes qui croyaient aux contes de fées. Elle avait cessé d’y croire il y a bien longtemps maintenant, à peu près au moment où sa meilleure amie a rendue son dernier souffle. Elle sait que parfois, les histoires ne terminent pas bien. Elle a conscience que le bonheur n’est pas éternel et que la vie n’est qu’une catin qui reprend violement tout ce qu’elle donne. Elle a cessé d’être optimiste. Elle a arrêté de croire au renouveau quand on lui a annoncé son cancer. Elle était malade. Une tumeur grandissait en elle, pourrissant tout ce qui pourrait rester de bien. Mais un mal bien plus grand, bien plus perfide faisait doucement son chemin en elle. Dépression. Du moins, c’est ce que les médecins diraient s’ils étaient interrogés. Charly elle se contenterait dire qu’elle a finalement ouvert les yeux sur la cruauté du monde et qu’elle avait du mal à accepter cette réalité.
James installé à ses côtés, elle ne put s’empêcher de faire une remarque sarcastique, légèrement méchante. Ces derniers temps, elle poussait les gens qu’elle aimait à la fuir, voir à la détester. Pourquoi ferait-elle autrement avec un parfait inconnu ? Il ne la connait pas et c’est mieux pour lui. Elle refuse de s’attacher à une nouvelle personne qu’elle risquerait de faire souffrir par la suite. Il y avait déjà trop de monde sur cette liste. Alors elle faisait ce qu’elle savait faire le mieux, elle érigeait un mur entre elle et toutes personnes susceptibles de l’aider, susceptible de souffrir par sa faute. Tant pis si elle laissait d’elle l’image d’une fille têtue, égoïste. Elle se moquait bien de ce qu’on pouvait penser d’elle. Sa priorité était de faire souffrir le moins de gens possible.
Elle avait croisé James deux secondes. Elle l’avait bousculé à l’hôpital et voilà qu’il se permettait de juger sa vie. Elle l’avait croisé deux secondes et sans pouvoir l’expliquer, il avait tout compris du tourment intérieur de Charly. Il avait réussi là où Noam avait échoué. Il avait réussi à mettre des mots là où elle semblait perdre tout son vocabulaire. Il avait vu derrière ses remarques et son calme apparent. Et sans se l’expliquer non plus, Charly lui dévoila tout ce qu’elle avait sur le cœur. Elle laissa sortir tout ce qui l’empêchait de dormir le soir, toutes ses pensées qui s’entrechoquaient sans cesse dans son esprit. Elle lui parla de sa fille et de la peur qu’elle avait de la laisser seule. Elle lui parla de ce qu’elle pensait être la meilleure solution pour Noaly. Elle lui parla de sa mère et de ce qu’elle avait ressenti quand elle était décédée. Elle lui parla de ses plus profondes peurs, comme s’ils étaient amis depuis toujours. Elle en oublia l’espace d’une seconde qu’il était un parfait inconnu, qu’elle venait à peine de rencontrer. Elle mis son cœur à nu, comme rarement elle l’avait fait. Et il lui répondit, comme s’il se souciait réellement de ce qui pouvait lui advenir.
« Vous avez tord. On peut souffrir de quelque chose qu'on a jamais eu. La douleur est simplement différente. Votre meilleure amie, son père Josh ne pourront jamais combler ce manque qu'elle aura, si vous n'êtes pas à ses côtés. Elle a besoin d'une mère pour l'aider à grandir, à devenir une femme. Mais ça ne veut pas dire pour autant que n'importe quelle femme fera l'affaire. Personne ne pourra jamais être à votre hauteur Charly. Vous savez ce que ça fait, que d'avoir besoin de sa mère, à une différence près : vous aviez des souvenirs sur lesquels vous reposer, quand ça n'allait pas, ou que votre mère vous manquait. Des souvenirs qui resteront à jamais gravés dans votre mémoire. Vous ne pouvez pas priver votre fille de ces derniers. » Elle essuya une larme qui avait fait son chemin sur sa joue, absorbant chaque mot qu’il pouvait lui dire comme si c’était parole d’évangile. C’est vrai que malgré tout, elle avait des souvenirs de sa mère, sur cette plage notamment. Mais ça ne suffisait pas. Ca n’avait pas suffi pour elle quand elle avait eu son diplôme et que sa mère était la seule absente dans l’assistance.
« Vous ne pouvez pas envisager que ce cancer finisse par être plus fort que vous, Charly. Engager un combat en s'imaginant perdant, c'est ridicule, inutile. C'est comme commencer un jeu vidéo en sachant qu'on ne passera pas le niveau 1. Il faut se battre pour passer différents niveaux, sans jamais envisager de perdre. C'est comme ça que vous gagnerez votre combat. J'dis pas que ça sera facile, que des fois, vous serez pas K.O mais... avec une volonté à toute épreuve, vous pourrez y arriver. Y'a qu'en ayant foi en l'avenir que vous en aurez un. » Un sourire se dessina bien malgré elle sur ses lèvres quand il compara le combat avec la maladie à une partie de jeu vidéo, qui s’effaça rapidement à la suite de sa phrase. Au point où elle en était, elle pouvait bien laisser tomber le dernier rempart. Elle pouvait bien lui avouer sa dernière faiblesse, sa dernière peur.
« Je suis pas sûre d’avoir la volonté nécessaire. Il y a des jours où la seule chose qui me pousse à me lever c’est ma fille. Je suis pas la fille forte que tout le monde croit. Y a pas que cette maladie qui me fait peur. » finit-elle par avouer.
Elle fixe Noaly quelques secondes. Il n’y a pas de plus belles raisons de se battre, mais il y a toujours cette peur qui la paralyse et qui l’empêche de reprendre le contrôle de sa vie. Et puis il y a ces autres jours où elle ne ressent plus rien. Absolument rien, où cette peur disparait sous le vide intérieur qu’elle ressent. Ces jours là sont les pires parce qu’il n’y aura même pas un sursaut d’espoir. Tournant la tête vers James, elle se rendit compte que lui aussi était passé par là. « Est-ce que vous vous êtes battu pour la bonne raison ? »
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Sujet: Re: I don't want to fight anymore [R] Mer 28 Sep - 10:17
La fragilité que laissait transparaitre Charly à cet instant me rappelait Jules. C'était peut-être aussi pour ça, que j'avais tant envie de lui venir en aide, de lui tendre la main et surtout, de lui rendre espoir. Si je ne connaissais que peu Charly – pour ne pas dire que je ne la connaissais absolument pas – il n'empêchait qu'elle m'apparaissait comme une jeune femme bien. Elle faisait partie de ces gens qui méritaient d'être heureux, qui méritaient de vivre encore longtemps. Son cancer n'était pas une fin en soit. J'en étais convaincu. On m'avait condamné, quelques années plus tôt, on m'avait dit que je ne survivrais pas. Et aujourd'hui, j'étais là, à côté d'elle. J'étais certain que ça n'était pas le hasard qui nous avait réunis, mais bel et bien le destin. Oui, le destin avait décidé qu'il nous fallait nous rencontrer. Quelque part, j'étais persuadé de pouvoir jouer un rôle dans la guérison de Miss Evans. A condition, bien sûr, qu'elle me laisse lui venir en aide.
Après quelques paroles échangées, après les vaines tentatives de Charly pour m'éloigner, cette dernière finit par se confier à moi. Elle me parla de sa mère, de sa mort, et de la façon dont elle l'avait vécue, faisant le rapprochement entre elle et sa propre fille, refusant que cette dernière souffre, elle aussi, de l'absence de sa mère. Si ses peurs étaient fondées, je refusai néanmoins que Charly les laisse la dominer. Elle réagissait, selon moi, de la mauvaise façon, se concentrant simplement sur cette idée qu'elle s'était mise en tête et selon laquelle, plus elle mourrait jeune, et moins sa fille en souffrirait. Elle se trompait. Ca n'était pas parce que Noaly n'aurait que de vagues souvenirs de sa mère qu'elle ne souffrirait pas de son absence. Selon moi, les souvenirs qu'elle pourrait garder de Charly étaient justement ceux qui lui permettraient de tenir le coup, dans les moments les plus difficiles. Ainsi, Charly se devait de se battre, pour passer le plus de temps possible aux côtés de sa fille.
Tout en gardant mon calme, et en tentant de me montrer le plus convaincant possible, j'expliquai mon point de vue à Charly. Selon moi, il était évident que, si elle aimait sa fille, elle ne pouvait pas l'abandonner comme ça. Noaly avait besoin de ces quelques instants en plus. Ils seraient son moteur dans l'avenir, la chose à laquelle elle se raccrocherait lorsque tout ira mal, qu'elle aura l'impression d'être seule au monde, car un vide immense se sera créé dans son coeur sous l'absence de sa mère. Charly m'écouta sans m'interrompre, allant même jusqu'à verser quelques larmes, en m'entendant. Je n'avais pas voulu la faire pleurer, vraiment. Mais si cela pouvait la faire changer d'avis... Pourquoi pas. Loin de moi l'idée de la rendre triste, bien sûr, mais je voulais la faire réagir. A n'importe quel prix ou presque. J'enchainai bien rapidement, lui expliquant la nécessité qu'elle avait de se battre, que de mener ce combat contre le cancer. Un instant, je laissai même mon côté geek reprendre le dessus, allant jusqu'à comparer cette bataille à une partie de jeu vidéo. Cette remarque eut au moins le dont de faire sourire la belle Charly. Son sourire s'effaça peu après, puis elle m'avoua :
« Je suis pas sûre d’avoir la volonté nécessaire. Il y a des jours où la seule chose qui me pousse à me lever c’est ma fille. Je suis pas la fille forte que tout le monde croit. Y a pas que cette maladie qui me fait peur. »
Je poussai un léger soupir.
« Tout le monde a peur de l'avenir, Charly. C'est normal. Et vous avez cette force en vous, celle de vous battre, croyez moi. C'est juste que vous ne l'avez pas encore laissée paraître. C'est difficile de se battre au début. Surtout quand on se dit que le combat est perdu d'avance. Mais dans les premiers jours, nos proches ont cette envie pour nous. Et ils finissent par nous la communiquer. Je peux vous donner l'envie de vous battre, » ajoutai-je finalement, sans vouloir paraître prétentieux une seule seconde, mais persuadé de pouvoir l'aider à s'en sortir. Parce que, quelque part, c'était mon rôle, j'en étais certain.
« Est-ce que vous vous êtes battu pour la bonne raison ? », me demanda-t-elle finalement, alors que je haussai les épaules.
« Je me suis battu pour ma famille. Pour la femme que j'aime, et notre enfant. » L'ironie voulait qu'à présent que j'étais en voie de guérison, j'avais perdu les deux. « Il n'y a selon moi, pas meilleure raison de se battre. » expliquai-je, avant de poser mon regard sur la fille de Charly. « Noaly a besoin de vous, Charly. Vos proches aussi. Battez vous. Montrez à votre fille que dans la vie, on ne peut pas toujours rester impassible. Montrez lui qu'elle vaut la peine que vous vous battiez pour elle. », conclus-je, en me redressant. « Pensez à tout ce que je vous ai dit. La vie vaut la peine d'être vécue, surtout quand on a la chance d'avoir une fille comme la vôtre. » conclus-je, avant de m'éloigner, sans un regard de plus dans sa direction. Mes paroles auraient-elles un impact sur elle ? C'était tout ce que j'espérais à présent.
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