« - Hé Blake ! » l’apostropha Austin. « C’est quoi cette histoire avec Regan ? »

S’il a un poil de bon sens, il se la ferme. L’entendre prononcer ce prénom remue quelque chose en lui. Il ne sait pas ce que c’est. Lui, le type solitaire qui n’a besoin de rien et encore moins de personne, il est encore confus. Le souvenir de sa nuit avec la jeune femme a bouleversé quelque chose en lui. Il y avait eu cette discussion, si légère et déjà chargé de désir que ni l’un ni l’autre n’avait su repousser l’inévitable. Lorsqu’il pense à la plage, il se revoit la jeter à l’eau et elle, tentait de le noyer. Un très bref sourire traverse son visage à la pensée de cet instant. Sauf qu’Austin en face de lui, ne doit pas voir ça du même œil que lui. Depuis cette nuit, il l’a juste croisée au feu de camp. Depuis plus rien et avec un Austin accroché à ses basques, ça n’a rien de bien étonnant. Blake a noté combien Regan veut voir Austin sortir de sa vie. Soutenant le regard du leader du groupe, il reste impassible, haussant légèrement un sourcil.

« - De quoi tu parles ? »
« - Parait que t’as couché avec ma femme ?! » hausse-t-il la voix d’un ton.
« - Ex-femme, je te rappelle. »

Il ne veut pas lui mettre son poing dans la figure. Du moins à cette seconde. Sauf qu’Austin possédait le don de le foutre en rogne en l’espace de quelques secondes. Un jour il courrait après Regan, le lendemain il était exécrable avec elle. Quand à sa fille, c’était à peine si elle existait à ses yeux.

« - Réponds à ma question ! Oui ou non ! »[/color]
« - Que je sache, ça te regarde pas ! Alors dégage ou dans cinq seconde tu pars pour les urgences. » Assène Blake en resserrant lentement ses doigts dans son poing.
« - ça me regarde ! T’avises pas de lui tourner autour- »
[color=teal] « - Elle est bien assez grande pour se défendre etsavoir avec qui elle veut coucher. Et crois moi, tu n’en fais pas partie ! »

Il y a quatre vingt dix pour cent de chances qu’il se jette sur lui. Blake n’attendait que ça pour lui donner une leçon. A coup sur l’un deux finit aux urgences avec des points de suture. Blake vient de la rue. Se battre a été l’une des premières choses qu’il a acquises. Alors, il était convaincu de ne pas être celui qui sortirait perdant de ce combat. Les yeux d’Austin s’élargissent et ses pupilles se dilatent. Il va toucher le jackpot.

« - Tu sais que j’ai du mal à comprendre comment un type comme toi, a pu laisser tomber une femme comme Regan ! Tout ça, parce qu’elle est tombé enceinte- »
« - C’est vrai que t’es un gentleman, toi- »
« - Non… mais j’ai pas abandonné ma femme et ma gosse pour une carrière que j’aurais jamais ! »
« - Tu vas le r’gretter Rivers- »
« - J’attends que ça depuis des semaines. » ironise Blake en dévisageant Austin.

Il déteste cette ville. S’il ne se sentait pas lié à cet endroit, il aurait déjà fait ses bagages mais une chose le retenait. Non, un sourire. Il n’est pas un type du passé. Il s’en moque, il se préoccupe simplement du présent. Sauf que ce sourire, il le cherche chaque jour parmi toutes les femmes qu’il peut croiser. Quotidiennement, il a droit à son lot de désillusions. Ce sourire, peut être bien qu’il ne le reverra jamais. Cette soirée avait été une parenthèse où il avait ressentit diverses émotions. Elles resteront gravés dans son esprit jusqu’à la fin de ses jours. Peut être bien qu’un jour il ne saura plus vraiment si cette nuit à réellement eu lieu.

Il voit le poing d’Austin partir. Blake a tout juste le temps de se déporter d’un pas pour éviter son coup. Deux secondes plus tard, c’est le sien qui s’abat sur le visage d’Austin. Ce type est un raté qu’il ne pourra jamais comprendre. Blake est un marginal. Il aime sa solitude, tout comme il aime les femmes et la scène. Mais en l’occurrence, ces derniers temps il se pose pas mal de questions quand à son avenir à Hope Mills.

« - Tu t’en tireras pas comme ça, Rivers ! » menace Austin en crachant du sang. Blake s’en moque totalement. C’est surement pas Austin qui lui fait peur. Personne ne peut réellement dire quels sont les points faible et les peurs de Blake mais elles existent. Il est de ces personnes terrifiés par l’amour et la confiance. Son avenir, il le voit sur une scène avec sa guitare. Le reste, il n’en a cure. Même si une petite voix lui souffle qu’il n’a pas à rester seul. Haussant les épaules, il se détourne d’Austin et rejoint le bar. Le whisky atterrit dans ses mains par le barman, sans même l’avoir commandé. Il le remercie d’un signe de tête et se laisse aller à penser. Cette vie lui convient à moitié. Il est sur scène tous les soirs, il peut enfin jouer et surtout il n’a de comptes à rendre à personnes. Bien sur, sa vie est loin d’être celle d’une rockstar mais il peut en apprécier chaque seconde.

Son regard soutient celui d’une jeune femme en face de lui. Il peut clairement dire, ne rien connaître de cette personne. A Hope Mills, il a bien souvent l’habitude d’être dévisagé. De susciter l’attention de beaucoup de personnes. Pour être honnête, Regan lui a expliqué pourquoi. Seulement, il ne moque pas mal du passé et du fait de ressembler à une autre personne qui soit une figure de cette petite ville. Il n’a aucun lien avec ce type. Peut être se ressemblent-ils physiquement mais ça s’arrête là. Il n’imagine pas qu’une autre personne puisse éprouver aussi puissamment la solitude qu’il ressent depuis l’enfance. C’est un mode de vie qui s’est imposé à lui. Jamais on ne lui a donné le choix. Oh évidemment, il aurait pu devenir quelqu’un d’attentionné, aimant, responsable et gentil sauf que ça ne lui correspond pas. La mort de ses parents l’a transformé. C’est un battant, quelqu’un qui n’a pas peur de jouer de ses poings si on ose venir l’emmerder. C’est une forte tête mais qui ne perds pas en intelligence même s’il n’a pas de diplôme. Une personne qui connaitrait à la fois Noam et Blake comprendrait qu’aucun des deux n’a choisit leur voie. Elle s’est lentement et insidieusement imposé à eux. La génétique parle et c’est ainsi que tous deux ont deux carrières littéralement différente. Pourtant avec quelques recherches, ils réaliseraient qu’ils ont épousés la voie de la génétique. Son regard ne cille pas de celui de la jeune femme. Il hésite un instant à aller lui parler. Elle semble littéralement ailleurs et peut être même perdu. Que risquerait il à parler ? Sauf qu’il n’aime pas ça et qu’il est du genre à se terrer dans le silence. Il n’a rien de mieux à faire en plus à cet instant. Au loin, il entend la voix d’Austin et secoue spontanément la tête. Un jour, il la lui dévisserait une bonne fois pour tout, s’il se pointait une fois de plus devant lui pour lui tirer les vers du nez. Il contourne le bar avec son verre et s’installe près de la jeune femme, sans la quitter des yeux.

Sa main le démange légèrement. Quelques égratignure du aux diverses bastons auxquelles il la participé dernièrement. Dans quelque jours, il ne sentirait plus rien. Machinalement, il vide son verre d’un trait. Le liquide ambre lui brûle la gorge mais depuis longtemps, cette sensation n’a presque plus d’effet sur lui. Il est un habitué des bars et de l’alcool bien qu’il n’en boive pas autant qu’on pourrait l’imaginer. Après tout, les gens pensent toujours que parce qu’il est guitariste, artiste ou musicien, il est déjà à moitié alcoolique. Les gens ignore quels sacrifices, il a du faire pour arriver où il en est. La silhouette de la jeune femme, son maintient, sa tenue vestimentaire. Ça n’est pas une habitué de ce lieu et encore moins à boire de l’alcool. Elle n’a pas à dire un seul mot, qu’il le sait déjà. Il pose son regard sur son verre.

« - Il est pas un peu tôt pour ce genre de boisson ? » lance-t-il par-dessus la musique qui se fait entendre. Ses yeux rencontre les siens. Mal barré. Le renfrognement de la jeune femme lui en dit long. De quoi il se mêle ? Il en vient vite à une conclusion. « Mauvaise journée ? » Elle n’a pas encore articulé un mot que ça lui saute aux yeux. Qu’est ce qu’une jolie fille viendrait faire au Catalyst et s’enfilerait de la vodka, si elle allait bien ? C’était juste une évidence, elle avait un problème. Mais était il la personne adéquate pour lui changer les idées ou pour lui faire la conversation ? En temps normal, il aurait prit la fuite. C’était la seule chose qu’il savait à peu près faire correctement ces derniers temps. Sauf qu’il restait assit, attendant un semblant de réaction chez la jeune femme.

HS: T'en fait pas :15: Les pavés ça me connait (aa) j'essaierais de pas te trop en faire par la suite. xD

Passez ses journées et soirées au Catalyst n’avait rien de fameux en apparence. Non, rectification, ça n’avait rien de fameux lorsqu’on devait supporter un type profondément stupide. Malgré les évènements qui se poursuivaient sans cesse avec Austin, Blake se surprenait encore à être dans cette ville. En règle générale, il ne tient pas plus de quelques jours dans une même ville. Pourtant, il se doit d’admettre que les semaines commencent à défiler et qu’il n’est pas encore au bout du rouleau. Bien sur, il passe ses nerfs sur Austin. Ce qui n’est pas étonnant, vu le personnage. Son regard traverse un instant le miroir derrière le bar. Son reflet lui parvint. Des questions traversent son esprit. Comment Regan a-t-elle pu tomber amoureuse de cet imbécile né ? Jusqu’à se marier et avoir une enfant de lui ? Car à regarder Austin, il était clair qu’il était le stéréotype de l’artiste. Pas d’attaches. La liberté à l’état pur. Tant et si bien qu’il fanfaronne toujours de ses exploits et conquêtes. Lorsque Blake pense au fait qu’il a délibérément trompé Regan pendant leur mariage. Ça lui fait mal. Peut être est il trop attaché à certaines valeurs. Etrange lorsqu’on connait son parcours. Il n’est pas du genre à s’attacher. Cela veut il dire qu’il n’est pas apte à comprendre ou à accepter d’être touché par ses émotions ?

Ce type ne sera jamais qu’un looser, qui ne comprendra jamais la chance qu’il a eu. Bien qu’il ne connaisse pas réellement Regan, il a pu voir ses émotions traverser ses traits. Elle déteste Austin et voue un amour sans borne à Heaven. Sa fille est tout pour elle. Pour ça, il lui suffit de les regarder ensemble. Les étoiles qui embellissent leurs visages lui rappelle l’amour que ses parents adoptifs partageaient. Une chose rare et pourtant essentielle à la vie et à l’accomplissement d’une personne. Y aura-t-il droit un jour ? Bien qu’il ne se considère pas apte ou à figurer dans cette catégorie, ça ne veut pas dire qu’il doit s’interdire d’y croire ou même d’y penser.

Les verres défilent devant ses yeux et se succèdent entre ses mains. Boire n’est pas solution à problèmes. Mais il devait oublier Austin et ses propos débiles. Pas si débile que ça. Sauf qu’il voudrait bien savoir qui avait vendu la mèche. Lui qui voulait épargner Regan, c’était gagné. Elle aurait désormais une bonne raison de l’éviter. Déjà qu’il était convaincu qu’elle ne mettrait plus les pieds au Catalyst avant de s’être assuré de leur départ à tous. Il doit cesser de penser à elle. Plus facile à dire qu’à faire. Il n’a qu’à fermer les yeux pour se rappeler le goût de ses baisers ou même de son odeur ou de la sensation de la sentir dans ses bras. Et son rire. Si mélodieux qu’il pourrait en faire une symphonie juste pour elle. Il a conscience que tout ça n’a rien de normal. A y réfléchir, c’est bien la première fois qu’il se retrouve prit au piège d’une femme. Il relève les yeux et espère la revoir traverser la boite comme la première fois, sauf que son regard accroche celui d’une autre jeune femme. L’espace d’une seconde il songe qu’elle doit regarder derrière lui mais s’aperçoit finalement que c’est bien lui qu’elle fixe. Une fille qu’il n’a jamais vu de sa vie d’ailleurs. Car après tout, il n’aurait pas oublié ce visage, si particulier et attirant. Quelque chose le troublait dans ses yeux. Une souffrance bien dissimulé. Quel avait été son style de vie ? fille à papa ou enfant abandonné ? Il aimait jouer à ce jeu avec des inconnues. Pas dans le but de connaitre tout de leur vie. Juste pour le concept de deviner la vie des autres. Après quelques minutes, il vient la rejoindre.

En temps normal, il ne lui aurait pas adressé la parole. Ou alors, uniquement pour la draguer. Sauf que c’était la dernière de ses préoccupations. Parler n’était pas son fort. Se créer des liens relevait de l’exploit. Quand à s’exprimer envers d’autre personnes, c’était une mission suicide pour lui. Il était bien trop solitaire pour vouloir avoir des liens avec quiconque. Pourtant, tu t’es bien lié à REgan, lui rappelle une petite voix dans sa tête. Il retient une grimace et s’adresse à la jeune femme qu’il ne connait ni d’Adam, ni d’Eve. Elle aussi semble avoir passé une sacré journée. Une verre vidée en l’espace de quelques secondes, il songe qu’elle doit surement en supporter plus sur ses épaules que la moyenne.

« - Horrible ? Pas possible ! » déclare-t-il avec un demi sourire en coin. « Si vraiment c’était le cas, je serais pas en train de vous parler. »

Il aurait beau confirmer qu’il n’est pas en train de la draguer. Il y avait peu de chances qu’on le croit. Son doigt glisse sur son verre où des petites perles d’eau se son formé en bas du verre. Si elle voulait parler, il laisserait les choses se faire. Après tout, il n’était pas le plus doué lorsqu’il s’agissait de parler avec des êtres humains. Ou des êtres tout court. Il avait bien plus de points communs avec un ours mal léché. Sa question l’amuse. C’est vrai qu’il n’y va pas de main morte avec Austin mais, c’est pas comme s’il n’avait pas mérité cette réaction.

« - Uniquement lorsqu’il s’agit de cet imbécile qui n’a aucune notion de respect et de vie privée. » répond-t-il vaguement. « Vous avez un petit nom ou je dois vous appeler ‘mon inconnue à la vodka’ ? » Après tout, qu’est ce que ça lui coute d’être gentil avec une jolie fille. Pas grand-chose. Toujours est il, qu’il est certain que Regan ne l’aurait surement pas reconnu à cet instant. Une vague sourire traverse son visage à cette pensée incongrue. Ses yeux croisent alors ceux de la brune près de lui.

Cette situation au Catalyst n’était pas inédite. Blake avait le sang chaud. Dès qu’on l’attaquait sur sa famille, sur des personnes qu’il juge être bonnes ou encore sur le fait qu’il soit issue de la rue. C’est vrai qu’il avait un passif. Pas toujours facile à accepter. Seulement, il était l’une de ses personnes qui avait gouté à deux mode de vies différents. La rue et la vie de famille. Il a eu des amis. Peut être n’était ce pas forcément des amitiés fiable. Une l’a été mais Blake était encore trop innocent pour savoir combien une amitié sincère était essentielle au développement d’une personnes. L’amour, il n’en a jamais reçu que de ses parents adoptifs. Ainsi au fil des années, il s’est construit cette carapace de mauvais garçon. Cela dit, il faut reconnaitre qu’il s’emporte facilement, en usant de ses poings. Toutefois, il sait également écouter et être une personne calme. Mettez lui une guitare dans les mains et tout change. La musique ne l’adoucit pas. La musique le transforme.

En accostant la jeune femme qui s’enfile les verres de vodka, il se doute que d’ici un verre ou deux, elle ne serait même plus capable de mettre ses deux pieds l’un devant l’autre. Des femmes qui viennent se souler, il en a vu. Mais aucune ne semblait à la fois si accablé et vulnérable à la fois. En général, elles venaient toutes pour se trouver un mec pour la nuit. Erreur serait de dire que Blake n’a pas été l’un d’entre eux. Seulement, ces femmes savaient parfaitement à quoi s’attendre avec lui. Blake tente d’être léger en lui ouvrant les yeux sur le fait qu’elle parle avec un canon comme lui, sauf que ça n’a pas l’effet escompté. Pourtant au fil des secondes, il parvient à lui tirer un sourire. Preuve que sa journée peut encore s’améliorer. Parfois, une simple rencontre peut changer une vie. Cette fille n’a rien de la dépravé alcoolique. C’est juste une fille qui a du en voir de toutes les couleurs. Et lui, le voilà en train de lui remonter le moral. Depuis quand faisait il ça ? Et depuis quand il accostait les filles au lieu de les fuir ? Non, pas les fuir. Il avait plutôt cette habitude de les garder à distance sans jamais rien révéler de sa personnalité.

« - Mes poings n’ont jamais été aussi affutés que depuis que je côtoie, cet imbécile. » ironise-t-il, sans répondre à sa question. Dans cette ville, il était régulièrement dévisagé. Prit pour un autre. Comme Regan avait pu le faire. Oh ça oui, il en a un souvenir cuisant. Il n’avait même jamais pu finir sa bière. Cette fille avait trouvé les moyen de le rendre chèvre en moins de deux minutes.

Son doigts parcourt toujours ce verre. Ce soir, il ne sait pas s’il va jouer. Supporter un Austin déchiré ou qui veut sa revanche, peut s’avérer gonflant. Au pire, il pourra toujours lui régler son compte après le spectacle. Blake se concentre alors sur cette jeune femme. Elle n’est pas perdu, ni dépressive mais l’une de ses hirondelles qui ont surement besoin d’un peu de rêve et d’espoir.

« - Très bien Cléa. Dans ce cas, vous me remercierez pour vous empêchez de faire une connerie ce soir. » réplique-t-il en lui volant son verre pour le vider cul sec. Il se rapproche alors et lui adresse ce sourire énigmatique. « Vous n’avez pas envie de vous saoulez, ni d’oubliez. Vous souhaitez juste un temps mort pour ce soir, qu’on s’occupe un peu de vous et d’être écouté. Demain vous pourrez dire ‘merci mon inconnu du Catalyst’. » enchaine-t-il en jetant quelques billets sur le bar. « Venez… prendre l’air nous fera du bien. » Cela dit, elle pouvait refuser. Il n’était qu’un guitariste d’un groupe pourri. Sans parler qu’elle ne connaissait même pas son identité. Il pouvait tout aussi bien lui vouloir du mal. Mais ça, elle serait la seule à décidé si elle souhaite poursuivre cette soirée avec lui.

Elle était jeune et ressemblait à ses filles qui portent déjà bien trop de responsabilités. Si elle comptait devenir un pilier de bar, elle pouvait faire une croix dessus. Blake en connait un rayon sur le sujet. La force de l’habitude. Trainer dans les bars, les boites, c’était son lot quotidien. En grandissant dans la rue, il y avait certaines choses qui étaient inévitable. Se battre était l’une d’entre elle. Les hommes avaient toujours cette habitude à se taper dessus d’abord avant de s’expliquer. C’était plus fort qu’eux. Blake en était un exemple courant. Pourtant, il avait aussi un cerveau mais préférait laisser croire qu’il n’est qu’un artiste idiot qui ne sait se servir que de ses poings. Ça évite de longues conversation rasoir.

En l’occurrence, il lui suffisait d’observer cette jeune pour être convaincu qu’elle n’était pas de cette catégorie de femme qui ont pour habitude de se saouler. Sa prestance et sa tenue vestimentaire le prouvait. Elle ne roulait peut être pas sur l’or mais il était clair qu’elle n’était pas une dépravée. Blake n’est pas le type avenant qui va vers ses filles pour leur faire la conversation. Or, il fait une exception à la règle. Pourquoi ? il n’en sait trop rien. Cette fille l’intrigue. Peut être est ce, sa tristesse ou le fait qu’elle soit toute seule et s’enfile de la vodka. Comment une fille si jeune peut en arriver à se saouler toute seule ? L’accostant, il tente de la dérider mais sa première tentative n’est pas vraiment réussi. Blake sait peut de chose et l’une d’entre elle, c’est que cette fille n’a rien à faire dans cette boite à se saouler. Lui, c’est son monde. Mais il ne peut pas laisser cette fille sombrer. On peut noter l’étrangeté de la situation car qui est il pour décidé qui est d’un monde ou d’un autre ? Au fil de la conversation et après avoir vidé son verre de vodka, il lui propose de prendre l’air. Elle risquerait d’en avoir bien besoin après avoir traversé la boite. La vodka n’était pas un remède miracle. Elle aurait quand même pu choisir un alcool moins fort. Elle ne semble pas effrayé par sa proposition. Il est tout de même un étranger et il ne lui a même pas donné son nom. Et elle est prête à le suivre. Cette fille devait être tout de même dérangé d’un certain point de vue. Ou trop perdue, songe-t-il après réflexion. Un vague sourire ironique traverse très rapidement les traits de Blake. Non-assistance à personne en danger, rien que ça. L’esprit de cette fille était toujours en état d’alerte. « Un médecin qui s’est trop enfilé de vodka, si vous voulez mon avis. Allez je vous ramène. » secoue-t-il la tête en l’entrainant vers la sortie.

« - Vous vous enfoncez… dans cinq minutes vous me proposerez de rester chez vous pour mieux surveillez ma main. » enchaine-t-il avec cette malice qui ne se peint que rarement sur son visage. « J’suis un grand garçon. Vous inquiétez pas pour moi. »

Sa main n’était pas aussi moche qu’on pourrait le croire. Certes à force de se battre, il en gardait de bon souvenir. Certaines marques ne disparaitront jamais mais c’était le genre de chose qui lui rappelait qu’il était vivant. Sur le trottoir je lui tend mon bras et cale mon pas sur le sien tandis qu’elle m’enseigne le chemin jusque chez elle.

« - Qu’est ce qui pousse une jeune et jolie fille à se saouler un soir de semaine ? un type vous a largué au téléphone, un patron qui vous fait des avances ou vos études ? » ça faisait bien longtemps qu’il n’avait pas été si loquace. C’était bien nouveau chez lui. Peut être était il juste en phase de se sociabiliser. Cette pensée le fit grimacer. Restez anonyme avait toujours nécessaire pour lui. C’était de cette façon qu’il se fondait dans la masse. Personne n’aurait à l’oublier puisque personne ne l’aurait connu. Du moins, c’était sa perception depuis qu’il avait perdu ses parents adoptifs. Or les choses étaient en train de changer et il n’était pas sur que ça soit une bonne chose.

Il perdait sacrément la tête. Jamais il n’agissait de façon si humaine. Blake se décrivait lui-même comme étant un ours mal léché. Et pourtant, en cette occasion, il se montrait aimable et bienveillant. Quelque chose ne tournait décidément pas rond chez lui. Avait il une case en moins ? à moins qu’il ait été ensorcelé. Peut être était ce ça ! Ensorcelé ! Son attitude n’avait rien d’ordinaire mais ça, peu de personne pourrait le savoir. Dans cette ville, pratiquement personne ne connaissait Nolan Blake Rivers. Il n’était pas un ange mais ça ne faisait pas de lui pour autant un psychopathe. Il était de ses hommes qu’on considérait comme des égoïstes, parfois manipulateurs, charmeurs à d’autres reprises ou encore terriblement glacial, détaché voir inhumain lorsqu’on tentait de s’approcher de trop près. Blake arborait cette carapace en permanence. Sauf face à cette jeune femme. Il serait menteur de dire que quelque chose chez elle, ne le troublait pas. Sauf qu’il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. En apparence, elle semblait avoir tout ce qu’une recherche. Un boulot satisfaisant, elle était mignonne, devait avoir la tête bien remplie et être responsable. Tant de trait de caractère qui n’était pas sans lui rappeler Regan. Peut être était ce pour ça qu’il agissait si différemment. Toujours était il qu’il parvenait à la trainer en direction de son appartement. Il était en train de jouer les gentleman. Ce qui n’arrivait pas une fois par an, mais JAMAIS.

C’est spontanément et par curiosité que ses mots franchissent ses lèvres. Il est en train de faire connaissance avec elle. D’un certain point de vue, ils ne vont plus tarder à partager le maillon d’une relation. Ce qu’il a toujours pour but d’éviter dans sa vie. Sans relation, il ne manquera à personne. Il tombera dans l’oubli et personne n’assistera à sa déchéance, voir à sa mort prochaine. Car oui, Blake ne se voit pas vieillir, avoir une famille, et une ribambelle de petits Blake. Il n’avait jamais eu ses aspirations. Parce que sa propre enfance l’avait détruit. Cela dit, il n’empêche que les questions se bousculent dans la bouche de Blake. La réaction de la jeune femme ne se fait pas attendre. A son regard, il comprend qu’il aurait dû s’abstenir de poser ses question. Il se retient de faire un pas en arrière. Les larmes aux fond de ses yeux, lui donne envie de prendre ses jambes à son cou. Il ne sait pas gérer ça. Certains sont doué pour réconforté, lui non. Les larmes, c’est pas son truc. Il ne sait jamais comment réagir lors de ses situations. Un grimace traverse son visage alors qu’elle s’explique sur sa journée et la patiente qu’elle a perdue. Mais ça n’est pas le fait qu’il retient. C’est l’anniversaire de la mort de la mère de Cléa. Sa mère est morte se répète-t-il intérieurement. Peut être la raison qui l’intriguait. Peut être avait il reconnu cette tristesse parce que lui-même l’avait vécu. Ceci dit, c’était pas ce qui l’aiderait dans le moment présent. Glissant les mains au fond de son jean, il ferme les yeux un instant. Qu’était il sensé lui répondre. Que tout irait bien ? C’était des foutaises. Ça faisait des années qu’il ne croyait plus à cette psychologie à deux dollars.

« - Tout n’est pas noir ou blanc Cléa. » marmonne-t-il, osant à peine croiser son regard.

Il ne veut pas qu’elle franchisse la barrière de sa carapace. Il refuse qu’elle comprenne ou devine que lui aussi à connu cette souffrance, de la perte d’un être cher. Etre vulnérable aux yeux des autres, c’est pour lui une faiblesse. Pas questions d’être découvert.

Sauf qu’elle ne s’arrête pas et se met à s’excuser. C’est touchant de voir les gens capable de toute autre réaction dès qu’ils ont laissé tombé une barrière. Il baisse légèrement la tête et s’apprête à répondre lorsqu’elle se laisse tomber sur le trottoir. La rue est déserte, illuminé par un lampadaire clignotant. C’était bien leur veine. Par chance, il y avait très peu de risque qu’on veuille s’en prendre à eux dans cette ville. Le visage dans ses mains, il fait un pas en arrière. En temps normal il partirait en courant, il éviterait tout contact avec la gente féminine pendant plusieurs jours. Sauf qu’elle a remué sa propre souffrance et ça, il ne peut pas l’éviter. Il s’accroupit alors devant elle, sans la toucher.

« - Parait que les larmes nettoie l’âme. Vous avez peut être besoin d’un petit nettoyage. » ironise-t-il avec douceur. Une tendresse et compassion qu’il ne montre jamais. Blake se révèle être cet homme complexe aussi tendre que brutal. « Je vais pas vous dire que ça ira mieux, ça serait un mensonge… le temps doit faire son œuvre. Il ne s’agit pas d’aujourd’hui ou de demain… Dans six mois, un, cinq ou dix ans, la douleur s’estompera. Vous repenserez à elle, à un moment clé et le souvenir fera moins mal. Vous reverrez son sourire ou entendrez sa voix… le résultat sera différent et c’est avec nostalgie, soulagement que vous apprécierez le moment. » Pour être passé par là, il imaginait ce que sa souffrance devait être. Lui n’avait pas eu la chance d’avoir quelqu’un apte à le comprendre. Il avait fini en foyer et s’était retrouvé mêlé à d’autre gamin. Il n’était devenu qu’un numéro sur un registre d’enfant adoptable. Il s’assied à coté d’elle et penche la tête dans sa direction. « Regardez, votre journée n’est pas si horrible… vous êtez tombé sur moi. Bon, j’suis pas un expert en conversation ou même pour remonter le moral mais au moins, vous pouvez vous estimez heureuse de pas être tombé sur un psychopathe qui veut vous égorgé et qui a déjà un plan derrière la tête. » Il agrémente ces remarques d’un petit sourire. Il doute de pouvoir réellement l’aider à aller mieux mais s’il peut au moins l’aider à alléger sa peine, ça sera un bon début. « ça fait combien de temps ? » la question franchit le seuil de ses lèvres sans même qu’il y réfléchisse. Elle aura mal longtemps. Elle aura même de la chance si sa souffrance ne se poursuit pas en cauchemars et rêves éveillés. Il se pince les lèvres en se souvenant des premiers mois qu’il a passé au foyer. Il en avait voulu au monde entier. Parfois encore, ça se reproduit. « Vous m’avez promit des soins non ? » relève-t-il après un long silence où chacun se mettait à méditer. Sa voix était profonde mais douce. Pas de rancœur ou de brutalité, juste une profonde tendresse comme il en était rarement capable. Il fait alors la seule chose qu’il se sent capable d’effectuer à cet instant, il lui tend la main, tandis que ce maudit lampadaire continue de clignoter juste au dessus d’eux.

Il aurait pu la comparer à un agneau blessé. La souffrance qui luisait dans ses grands yeux sombre, il la connaissait. Une abîme sans fond. On sait seulement le mal que ça fait et on oublie le reste. Rien n’est plus frustrant et rageant que cette sombre douleur. Plus rien d’autre n’existe que l’envie de la voir disparaitre. Ainsi Blake n’a aucune difficulté à comprendre cette jeune femme. Pourtant, il ne faut s’imaginer qu’il ne montrera pas des réticences dans cette relation qui s’instaure entre eux. Blake est méfiant. En dehors, il parait inoffensif à cet instant. Mais, qui s’est frotté à lui sait qu’il peut s’avérer dangereux en toute circonstance. Encore plus lorsqu’on tente de s’approcher de lui. Ce que Cléa ignore. Il la suit jusque chez elle, car il s’en veut de lui avoir fait ressentir toute cette douleur. Sans ses questions, jamais le sujet n’aurait été évoqué. De ça, il s’en veut.

Il referme la porte de l’appartement derrière lui et observe distraitement les lieux. Sa remarque n’a pas le temps de traverser son esprit. C’est un appartement typique d’une petite ville. Et dire qu’il est toujours au motel. Sauf que contrairement à Cléa, il ne compte pas poser ses bagages. Toujours prêt à repartir dès que l’envie lui prendra. Une fois de plus, il reste silencieux. La silhouette de la jeune femme disparait par une parte tandis qu’il observe plus attentivement l’appartement, surement trop grand pour elle seule.

S’installant sur le bras du canapé, il avise une revue sur la table basse tout en jetant des coups d’œil un peu partout. Quelque chose le dérange dans ce décor. Comme s’il n’y avait pas sa place. Elle est médecin et lui, il est quoi ? un vagabond qui se prend pour un musicien à ses heures. C’est totalement ridicule, il ferait mieux de disparaitre tant qu’il est encore temps. Sauf qu’elle surgit armé de gaze, désinfectant et pansements. Loupé, il ne pourra pas se faire la belle. Bien qu’il dise aller bien, il éprouve des élancement du à ses différentes plaies. Il en a vu d’autres sauf que Cléa est bien décidé à le soigner. Il grimace légèrement alors que le produit se met à faire effet sur ses plaies. C’est supportable mais quand même. Un tout petit sourire traverse ses traits. Chose qui ne se produit que très rarement. « La douleur était supportable… pas comme si on me l’avait coupé. » hausse-t-il les épaules.

La suite, il peut se l’imaginer sans difficulté. Elle allait vouloir qui il était, et passerait à l’interrogatoire. Sauf qu’elle ne le connaissait pas. Que personne ne le connait ici. Machinalement, il endosse à nouveau cette carapace. Il se lève d’un bond, s’écartant très vite de Cléa. C’est sans espoir. Pourquoi toutes les femmes agissaient elle ainsi, dès qu’il faisait preuve d’un peu de gentillesse. Ne peuvent elles pas accepter sa démarche sans rien demander en retour ? « Blake. » répond-t-il un peu sur la défensive. Ce genre de situation l’agace prodigieusement car il va devoir trouver un prétexte pour disparaitre. Il ne veut pas se montrer grossier mais sa place n’est pas près d’elle. Ils sont trop différent. Noué une amitié avec elle ne mènerait à rien. Elle est intelligente et cultivé, tout ce qu’il n’est pas. Après tout, il a grandit dans la rue et n’a aucun diplôme. Il a peut être un physique avantageux mais estime que ça s’arrête là. « Moi ? Vous seriez plus en sécurité en ignorant tout de ma vie. D’ailleurs, je vais partir… c’est ce que j’ai de mieux à faire. Merci Cléa… et désolé… » fit il précipitamment en rejoignant la porte de l’appartement en quelques enjambées. Sauf que quelque chose l’empêcher d’ouvrir la porte. L’avait elle fermé à clé ?

Qu’est ce qu’elles avaient toutes à vouloir le faire parler ? il n’y avait rien de plus qu’il détestait que ça. Okay, chez certaines personnes c’était un renvoi d’ascenceur mais surement pas dans l’esprit buté de Blake. Il ne voulait pas parler et encore moins de lui. Croiser la pitié dans leur regard ou de la compassion, non merci. Tout ce à quoi il aspirait c’était une vie simple et sans complication. Pas d’attache. Juste de la musique, de jolies femmes et pourquoi pas quelque promenades en solitaire.

La dévisageant avec ce regard circonspect, il marque une hésitation. Il n’a pas besoin de la voir le retenir pour savoir qu’elle va tenter de le convaincre. Pense-t-elle être la première ? Plus d’une s’est déjà essayé à ce petit jeu. Toutes sont repartis un peu blessé de par soit disant une trop grande fierté. Blake les laisse croire ce qu’elles veulent. Il ne va ni confirmer, ni contredire ce qu’elles pensent. Clea est une de plus qui se croit susceptible de l’aider. Parce qu’elles ont toutes un jour souffert alors elles se croient susceptible de lui venir en aide. Conneries ! Il n’a ni besoin d’aide, ni de personne. Blake est un électron libre. Ce que personne ne veut admettre. Il n’est attaché à personne. Encore moins à Noam Tanner, ce type à qui il lui a fait comprendre son poing de vue, d’un direct du droit. Il faut dire que le choc de le voir avait été rude mais jamais il ne s’étendra sur leur ressemble ou leur lien de parenté. Ses parents sont morts et il n’a ni frère ni sœur. Blake ne veut rien entendre d’autre.

Il entend alors à peine les propos de Cléa qui tente comme, il l’avait présumé, de le convaincre qu’ils ont plus en commun que les apparences peuvent le montrer. Sauf qu’il ne peut pas se confier ou être amie avec une femme telle que Cléa. Leur différences sont trop radicales. Qui comprendrait la vie de la rue. Lorsqu’il s’est fait ramassé après avoir sniffé de la colle ou encore – pour échappé au foyer – s’être réfugier chez une prostitué ? Un vague sourire sardonique envahit ses traits. Il est bien loin de la petite vie rangé qu’il aurait du avoir.

Il comprenait qu’elle n’avait pas eu la vie facile. Mais elle avait eu des valeurs, des personnes ou des images à qui ou quoi se raccrocher. Lui n’avait rien eu. A part une guitare et une voiture. Pouvait on se construire à partir de ça ? Blake n’a rien de parfait. Il a derrière lui, une existence pratiquement dénué d’amour et d’intérêt. Et rare seraient capable de comprendre ce que signifie l’ampleur d’une telle vie.

« - il ne s’agit pas de confiance. » déclare-t-il le regard sombre. C’était généralement de mauvaise augure lorsque ses yeux s’assombrissait d’une telle façon. Juste avant la bagarre. Sauf que la, c’était une bagarre intérieure. Il ne parlerait pas. C’était son fardeau. Blake n’était pas encore prêt à le partager avec quiconque. Encore moins avec une jeune femme qui n’avait aucune idée de la noirceur de son âme. « Ne vous accrochez pas à moi, Cléa. Ça vaut mieux pour vous. »

La porte fermé à clé, il attend vainement de la voir ouvrir la porte mais elle semble plus décidé que jamais à le convaincre. Elles étaient toutes pareilles. Une des rares qui n’avait rien tenté était Regan. Elle revenait sans cesse à son esprit. Dans les moments les plus forts comme les plus léger.

« - On n’a rien en commun. Laissez moi partir ou je défonce votre porte. » lâche-t-il brutalement comme un ours blessé. Il sait d’avance qu’elle pourrait lui poser un ultimatum et c’est ce qu’il craint. Il se sent piégé et redevable. Il sert alors les machoires fermant les yeux une longue seconde.