Elle ne s’était pas attendue à ça. Elle avait déjà vu Blake violent, mais cette fois c’était différent. Cette fois rien ne justifiait ce coup de poing. Elle resta pétrifiée sur place. Pour la première fois, Blake lui faisait peur. Regan faisait partie des gens qui pensaient que la violence ne résolvait aucun problème, bien au contraire. Elle savait que Blake souffrait mais user de ses points ne le ferait pas se sentir mieux. Quand sa tête rencontra le bar, sa pensée se confirma. On ne récoltait rien à être violent. Malgré elle, elle s’approcha de Blake pour voir l’intensité de ses blessures. Son nez ne semblait pas briser, mais il allait certainement avoir mal quelques jours. Sa main sur son visage, elle n’écouta pas ce qui se passait autour d’elle, bien trop occupée à remettre ses esprits en place. Elle avait déjà vécu avec un homme violent et même si Austin n’avait jamais levé la main sur elle, elle avait déjà eu peur pour elle et surtout pour Heaven. Elle refusait de revivre ça une nouvelle fois, Blake ou pas Blake.

« Et au cas où mon frère aurait pas été assez clair : Charly a un cancer. »

Cette fois, elle entendit très bien. Une nouvelle fois, ses convictions venaient de voler en éclat. Elle n’était peut être pas proche de Charly, comme Lynn l’avait été ou comme Joyce pouvait l’être, mais elle avait toujours admiré la jolie brune. Laissant sa main tomber le long de son corps, elle observa Blake et ce qu’elle vit la bouleversa. Il savait et il s’était servi de ça contre elle. Pour la première fois depuis leur rencontre, elle se retrouva face à un parfait inconnu. Elle avait toujours eu l’impression de le connaitre, sans pouvoir se l’expliquer. Elle se sentait proche de lui, sans rien connaitre de son passé. L’emploi du passé étant le plus important dans cette phrase. Sentait. La réalité venait de reprendre ses droits. Elle ne connaissait pas Blake. Ne connaissait rien de son passé, rien de ses blessures. Elle ne savait même pas ce qu’il pouvait aimer dans la vie, à part la musique. Elle ne savait pas si on pouvait lui faire confiance ou non. Elle ne savait plus.
Elle n’eut pas le temps de réfléchir plus quand quelqu’un entra pour crier quelque chose qu’elle aurait aimé ne jamais entendre. Elle avait eu raison quand elle avait dit que personne ne sortirait indemne de cette tempête. Elle aurait préféré se tromper.

"Appeler les secours une voiture vient de percuter Noam !"

Sans s’en rendre compte, elle se mit en mode infirmière et courut dehors pour voir l’étendu des dégâts. Malheureusement, elle était habituée à voir des accidentés de la route entrer aux urgences lors de ses gardes. Elle aurait aimé pouvoir dire qu’on s’y faisait, mais c’était faux. C’était bien pire quand on connaissait la personne.

De nombreuses personnes était déjà à ses côtés, notamment Casey, Léanne si elle avait bien retenu son nom et Jessie. Elle dut en pousser une pour pouvoir accéder au corps de Noam. Un rapide coup d’œil lui indiqua de nombreux dommages. Sa main se posa au niveau de son cou pour prendre son pouls. Il était faible, mais toujours existant, ce qui soulagea la jeune infirmière. Elle s’assura qu’il respirait encore puis lui adressa quelques paroles pour voir s’il était conscient ou non. Les premiers soins qu’on apprend très vite quand on veut devenir infirmière. Elle approuva l’initiative de Josh. Il ne pouvait pas rester sous la pluie, parce qu’elle ferait plus de mal que de bien et Regan était incapable de voir quelque chose avec toute cette pluie. Elle ne pouvait pas localiser d’où tout ce sang venait. « Faites attention quand vous le portez, sa tête doit rester fixe. » Elle ne leur laissa même pas le temps de comprendre ce qu’elle voulait dire avant de placer ses mains autour de son cou. A défaut d’avoir une civière, il fallait qu’elle se débrouille. Elle les accompagna jusqu’au bar ses mains autour du cou de Noam pour s’assurer qu’il ne bougerait pas. Déposant Noam sur la table, elle lui lacha enfin le cou. Du sang en abondance, des membres plus très droits, des personnes qui criaient autour d’elle. Regan devait avouer qu’elle était un peu débordée. Habituellement, elle n’était pas seule quand un patient arrivé à l’hôpital. Elle n’était pas seule et avait les outils nécessaires. Se rappellant sa première nuit aux urgences, elle prit une grande inspiration pour se remettre les idées en place avant de crier. « Tout le monde se la ferme maintenant et s’éloigne d’un pas. » Elle pouvait comprendre que cette situation pouvait bouleverser les gens autour d’elle, mais elle avait besoin de calme et surtout d’espace pour pouvoir s’occuper de Noam correctement. « Je vais avoir besoin de compresses, tout ce que vous trouverez pour arrêter l’hémorragie. Je vais avoir besoin d’alcool aussi. Et si l’un d’entre vous a une voiture qui a une plage arrière, c’est le moment d’aller la chercher. Les urgences ne viendront pas. On va devoir y aller par nous même. Quelqu'un doit appeler l'hôpital et préciser aux urgences que Regan Bishop arrive avec une hemorragie et plusieurs fractures, qu'il réserve un bloc au plus vite.» Elle jeta un regard autour d’elle pour chercher quelqu’un qui avait l’air moins affecté que tous les autres, non pas qu’ils ne soient pas tous affecté, mais quelqu’un qui avait assez de self control pour pouvoir l’aider. « Josh, tu vas mettre tes doigts sur son cou pour trouver son pouls. Préviens-moi dès qu’il commence à ralentir. » Elle ne savait pas qui était parti chercher une voiture, mais il allait devoir faire vite. Noam avait besoin d’aller aux urgences et très vite. Une plaie béante sur le ventre semblait être à l’origine de l’hémorragie. Elle prit un chiffon qu’on venait de lui tendre. Elle versa de l’alcool dessus avant de le poser sur la plaie pour faire compression. Le sang continuait de couler et elle dut changer plusieurs fois de compresses. Noam avait besoin d'une radio pour savoir d'où venait l'hémorragie. Il avait besoin d'opérations parce que Regan n'était peut être qu'une infirmière, mais elle savait que sa rate avait explosé et que tous ses membres étaient probablement cassés. « On doit le transporter à l'hôpital. » Ses mains toujours appuyés contre la plaie, elle baissa la tête pour s'assurer qu'il respirait toujours. Sa respiration semblait de plus en plus faible. « Tout de suite. » La porte du bar s'ouvrit de nouveau laissant voir une voiture. Regan ordonna aux garçons de le porter de nouveau jusqu'à la voiture. Ne pouvant pas lacher la plaie, Regan grimpa sur la planche, ses mains compressant la plaie. Une main plein de sang, elle la porta au cou de Noam pour vérifier son pouls. Elle ne fit même pas attention à qui montait au volant. Elle s'en moquait. Le plus important, c'était d'arriver à l'hôpital et vite. Le signe lumineux des urgences se fit voir. La portière s'ouvrit et Regan croisa le regard étonné d'un de ses collègues. « Jeune homme de 24 ans, victime d'un accident. Plusieurs fractures apparentes et une hémorragie au niveau du ventre. Sa rate a probablement explosé. Son pouls est irrégulier et sa respiration se fait de plus en plus faible. Il a plus qu'un rein suite à une intervention chirurgicale il y a quelques mois. Il faut trouver un bloc et vite. » Elle avait tout déblatérer d'un cou, ses mains toujours sur la plaie. Un médecin avec qui elle avait travaillé de nombreuses fois lui repoussa les mains et repris le contrôle de la situation. « C'est bon, Regan on s'en occupe à partir de maintenant. Bon travail.» Hésitante, elle descendit de la planche et enleva ses mains de la plaie de Noam. Elle ne pouvait plus rien faire maintenant. La porte du bloc chirurgical se referma devant ses yeux. Elle posa une main sur son front, ce qui lui laissa une marque de sang. Oui personne ne sortirait indemne de cette tempête.

ça n’en resterait pas là avec Josh. Blake le savait d’emblée, il y aurait des répercussions. Ils étaient tous aveugles ou quoi ? Noam vivait un enfer. Il souffrait en silence. Et s’il n’intervenait pas, c’est uniquement parce que quoi qu’il lui dise, il ne l’écouterait pas. Blake était passé par là. Ses heures d’obscurités, il les avait connu avec la mort de Boone alors il était bien placé pour savoir qu’une seule personne pouvait l’aider. Celle-là même qui déversait du sel sur les blessures de son frère. Quand comprendra-t-elle que sa colère ne ferait qu’empirer la situation avec Noam ? Certainement jamais. La présence de Regan l’apaise a milieu de toute cette agitation. Si ça n’avait tenu qu’à lui, il serait allé régler son compte à Josh dans la minute. Il avait une sainte horreur de laisser les choses trainer. Alors que sa main rassurante glisse sur son visage, il tente de reprendre ses esprits mais c’est là que Noam lâcha enfin ce qu’il avait sur le cœur. Il allait péter les plombs. Ça ne serait pas dans une semaine ou dans dix minutes mais maintenant. Et même si Blake refuse encore de l’admettre, il ne déteste pas Noam. Même s’il le voudrait profondément, il ne peut pas. Il est ce qui se rapproche le plus d’une famille pour lui. L’une des seules personnes qui s’est battu pour lui. Il s’est battu pour le connaitre et il l’a envoyé boulé, trop bouleversé par cette vérité et cette souffrance contre laquelle il se débat encore régulièrement.

Etrangement, il resta plutôt silencieux. A vrai dire, il avait déjà explosé tout à l’heure et des conséquences violentes en avait décousu. Appuyé contre le bar, il sentit le regard de Regan. Sans doute avait-elle comprit son manège. Mais elle ignorait encore tant de chose. Le moment n’était pas venu pour en parler. Il aimerait pourtant lui dire ce qui le bouffe. Lui dire qu’il a déjà vécu ça. Que son meilleur ami est mort dans ses bras. Que cette souffrance le poursuit chaque nuit et qu’à ses yeux rien ne sera arrangé tant qu’il ne se sera pas vengé. Il se contente alors de détourner les yeux mais déjà il entendait Josh et Charly rentrer dans le bar. Si Charly pensait qu’il allait déguerpir comme elle l’a si bien dit, c’était inutile d’y songer. Mais c’est la voix de Casey qui le sortit de ses pensées et son regard s’assombrit spontanément avant de se river à la jeune Evans : « Et après t’ose me dire que je ne le connais pas ?! J’t’avais pas prévenu Evans ?! » Explose-t-il avant de se ruer dehors sans même réfléchir une seule seconde. Il fut trempé comme une soupe en l’espace de quelques secondes. Il y avait trop de monde autour de son… de… Noam. Son frère. Il détestait ce son et pourtant, c’était la réalité qui venait lui éclater à la figure.

L’heure n’était plus aux règlements de compte et le temps de le dire – aussi étrange soit-il – ils improvisèrent une civière avec Josh. A peine quelques s’écoulèrent lorsqu’ils rejoignirent les autres à l’extérieur. Il était toujours en colère après Josh mais il règlerait ça plus tard. Il prit alors sur lui et aider des autres ils transportèrent le corps de Noam, dont la mare de sang, se rejoignaient de toute part. Allait-il le perdre également ? Pourquoi avait-il dû être ce crétin et le repousser ? Parce que tu ne veux pas souffrir et que tu refuses de t’attacher aux gens, lui rappelle cette petite voix dans son esprit. Une fois à l’intérieur, c’est son inutilité qui frappa Blake. Il était celui qui tapait, jamais celui qui réparait. Ça n’était pas habitude de venir en aide à ce niveau, tant et si bien qu’il s’éloigna machinalement du groupe qui s’était formé autour de Noam, et ce malgré que c’était son frère qui se vidait de son sang. Une part de lui voulait hurler et frapper quelque chose, laisser cette souffrance exploser. Il se contenta de croiser le regard perdu de Charly, tout en écoutant Regan au centre de la pièce. Au mot voiture, il ne chercha même plus à comprendre. C’était son échappatoire. S’il voulait un jour aider quelqu’un peut être pouvait il commencer à le faire en aidant son frère. Après tout, toute ses personnes n’étaient même pas ses amis. Dans le lot, seule Regan avait de l’importance à ses yeux, et Noam, comprit-il trop tard. Il n’était qu’un crétin de musicien. Voilà ce qu’il était réellement. Il ne lui fallut pas deux minutes pour récupérer sa voiture et faire basculer les sièges à l’arrière pour donner plus de place. Il arriva alors en trombe juste devant le Bone où il n’eut plus qu’à faire glisser la civière improvisé où Noam était allité. A peine s’était-il assuré que Regan et Noam étaient parfaitement stable à l’arrière, qu’il démarrait sur les chapeaux de roues malgré le temps et le rideau de pluie qui se déversait sur la ville. Il s’en foutait pas mal de finir blessé, tant que Regan et Noam arrivait à bon port, à l’hopital. Sa respiration et son cœur battait à tout rompre sous la poussée d’adrénaline qu’il s’infligeait.
La route fut chaotique mais finalement ils arrivèrent et tout ce qu’il entendit c’est le débit ultra rapide de Regan qui s’adressait à un homme alors qu’ils embarquaient Noam. Rejoignant Regan d’un pas lent. Il se doute qu’il aura des choses à expliquer. Lui confier une partie de son passé. Les raisons qui le pousse à harceler Charly. Mais il a peur de la perdre. Perdre le peu de ce qu’il avait réussi à construire avec elle. Parce qu’elle l’a marqué de son empreinte et qu’il ne sait jamais trop comment réagir sous le feu de son regard. Trempé de la tête au pied, ses baskets couinent sous l’effet de la pluie et il se rapproche de la porte où Noam a disparu, il déglutit difficilement. « ça ira. » souffle-t-il du bout des lèvres, ne sachant même pas d’où il tirait cet optimisme. « Viens, on va nettoyer ça… »rajoute-t-il dans un murmure, désignant ses mains pleine de sang et qui séchait. Il devait croire que Noam s’en sortirait. Il n’était pas précisément malade et était un mec robuste. Alors peut être le tirait-il de sa propre expérience mais une force le poussait à croire que cet accident appartiendrait un jour au passé et que dans un futur, peut être pourra-t-il faire la connaissance de ce frère qu’il a trop longtemps rejeté. Mal à l’aise, Blake hésita et posa finalement sa main sur l’épaule de Regan avant de l’entrainer vers ce qui semblait être des sanitaires. Maintenant, il n’y avait plus qu’à attendre et Blake ne possédait pas une once de patience en lui. C’était dire combien ce moment allait être terriblement frustrant pour lui. Pouvait il faire plus pour Noam ? Il n’en avait aucune idée. Il était appuyé contre un mur lorsqu’il entendit un raffut provenir de l’entrée des urgences et aux voix, il sut que c’était le reste de la bande qui rappliquait.

Que Noam et Josh ne s’entendent pas, c’était une chose. Mais que Blake s’immisce dans leur relation pour prendre la défense de ce frère, qu’il ne voulait même pas était une autre. Si elle n’avait pas peur de ce qu’il pourrait avouer, elle pourrait remettre Blake à sa place. A la place, elle préfère suivre Josh. Il a toujours été là pour elle et sa place est à ses côtés, non pas dans le bar dont l’ambiance était devenue trop oppressante pour elle. Entre les regards que lui adressaient Noam et l’arrivée de Léanne, elle ne se sentait pas à sa place. Ca faisait d’ailleurs bien longtemps qu’elle ne savait plus où sa place était. Sa vie n’avait plus aucun sens. Les seuls moments où elle trouvait un peu d’apaisement, c’était avec ses amis : Josh, Joyce et Casey. Mais surtout, c’était avec sa fille. Elle sait que bientôt, il n’y aura plus qu’avec sa fille qu’elle pourra se réfugier. Bientôt son secret n’en serait plus un. Tout le monde serait au courant et sa vie changerait. Dans les bras de Josh, elle profite des derniers moments d’insouciance avant que la maladie ne reprenne ses droits et empoisonne ses relations. A l’entrée du bar, ils croisent Noam qui une fois de plus se permet de juger sa vie et ses choix. « Lynn n’aurait jamais approuvé et tu le sais. Tout comme tes parents. » Elle lui adresse un regard noir. Elle aurait pleins de choses à lui dire. Elle pourrait lui dire que Lynn n’aurait pas accepté qu’il se mette à boire, qu’elle ne lui aurait jamais pardonné d’avoir pris la fuite. Elle pourrait lui dire qu’elle n’aurait jamais accepté son égocentrisme. Oui elle aurait pu, mais elle est fatiguée de se battre pour quelque chose qui n’en vaut plus la peine. Elle se contente donc de rentrer dans le bar avant d’entendre un boum bruyant. Son premier reflexe est de se retourner et elle aurait préféré ne jamais voir ça. Un non sort de ses lèvres qu’elle n’entend même pas. Ses mains se portent sur sa bouche alors qu’elle avance vers le lieu de l’impact, incapable de comprendre ce qui est en train d’arriver. Elle n’y arrive pas que Casey et Josh sont déjà à ses côtés. Et là, elle réagit. La dernière fois qu’elle a vu Noam, sa fille était avec lui. Leur fille était dans ses bras. Tout tourne au ralenti. Le nom de Noaly s’échappe de ses lèvres dans un cri désespéré alors qu’elle affronte la foule qui s’immisce dehors pour entrer dans le bar, incapable de courir vers la route où sa fille pourrait se trouver. Son cœur bat à une vitesse inhabituelle, alors que ses pas se font plus rapides. Elle croit presque entendre les pleurs de sa fille. Ses mains tremblent.

Charly pourrait supporter beaucoup de choses, mais perdre sa fille n’en fait pas partie. La première chose qu’elle aperçoit c’est sa poussette et elle court. Quand elle la voit paisiblement endormie, inconsciente de ce qui se passe dehors, elle respire à nouveau. La prenant dans ses bras, elle la serre contre elle, la réveillant probablement, pour sentir que son cœur bat encore dans sa poitrine, qu’elle respire toujours. L’espace de quelques secondes, elle se sent soulagée. Mais c’est avant qu’ils reviennent avec Noam et c’est là qu’elle prend conscience de l’horreur de la situation. En fixant Regan ses mains dans le ventre de Noam, elle emmagasine finalement qu’elle n’a pas rêvé, que Noam a bel et bien été renversé par une voiture. Trop choqué pour pouvoir agir, elle reste prostrée dans un coin, s’accrochant à sa fille comme si elle s’accrochait à la vie.

Le reste se déroule au ralenti. Elle sent la main de Joyce dans la sienne, elle sent le souffle de sa fille dans son cou mais elle est incapable de bouger. Son regard fixe le visage sanguinolent de Noam. Noaly se réveille finalement dans un cri bouleversant, comme si à son tour, elle comprenait ce qui se passait autour d’elles. Les lèvres de Charly se pèsent sur son front. Elle murmure des paroles qui se veulent réconfortantes, mais qui sont teintés de peur. Joyce doit la tirer pour l’amener vers la voiture. Elle est incapable de bouger. Elle est paralysée par ce qu’elle vient de voir. Noam est déjà parti avec Regan et elle ne sait pas qui, mais elle voit encore son regard sans vie. Elle revoit le regard glacial qui lui a lancé. Elle arrive à l’hôpital sans savoir comment. Elle entend les gens autour d’elle comme si elle avait la tête sous l’eau. La main de Noaly caresse sa joue. Charly baisse le regard sur elle. Les yeux de son bébé sont embués de larmes mais représentent tellement de promesse qu’elle n’a pas su tenir. Ils résument toutes ses erreurs et toutes ses mauvaises décisions. Sans s’en rendre compte, des larmes coulent à son tour sur ses joues. Noaly pose sa tête dans son cou et Charly se sent envahir par toute la détresse qu’elle retient depuis longtemps maintenant. Elle tourne la tête et croise le regard de Joyce, puis celui de Casey. Le jour de la mort de Lynn est encore présent dans son esprit. Elle recroise les mêmes regards de détresse. Son souffle se coupe. Un médecin se dirige vers eux.

Il avait fallu une seconde d’inattention pour que tout bascule. Pour décider de ce que serait son avenir sans elle. Une nanoseconde et c’est sa vie entière qui défile comme un film sous ses yeux. Il ne se souvient pas de l’impact, la douleur a disparu également. Il sait juste que sa vie ne tient qu’à un fil mais l’inconscience l’emporte déjà au loin. A des milliers de kilomètres. Dans une bulle inaccessible. Dans un lieu où le retour ne sera peut-être plus jamais possible. Pourtant, il n’a de cesse d’essayer de se raccrocher. A cet infime espoir. A l’essence de la vie, qu’il perçoit encore en lui. Mais n’est-il pas trop tard ? Ses blessures montrent la gravité de son état. Un traumatisme crânien important, une plaie béante au ventre avec une hémorragie interne et bien d’autres fractures. On aurait parlé du geek du coin, qui aurait été désarticulé, c’était une chose. Sauf qu’il s’agissait de Noam. Un sportif, un type solide. Quelqu’un qui traverse encore une lourde épreuve. Il les enchaine depuis deux ans et le cycle ne semble pas prêt à s’arrêter. Sa vie ne dépend que de quelques personnes. Amis, ennemis, familles. Sur les lieux de l’accident, ils n’y a qu’eux. Lui sauveront-ils la vie ? Vivra-t-il ? Verra-t-il sa fille participer au bal de promo ? Être diplômé ? Tout est remis en question. Tout ça pour un stupide accident durant cette foutu tempête. La vie ne tient qu’à un fil et ce dernier est sur le point de rompre. Qu’arrivera-t-il à ce groupe de personnes lorsque la vérité sera révélée. Si jamais on avait à leur apprendre que leur ami, ennemi, petit ami peut être, père était mort sur cette route et que malgré tous leurs efforts, rien ne pourrait changer ce qu’il en est ?

La vie est un cercle de perpétuel renouvellement. Noam pourrait mourir à cet instant mais il resterait dans les mémoires. Parce qu’il fut un temps où sa présence suffisait à faire naître un sourire sur le visage de certaines personnes. Qu’avoir Noam dans le coin, c’était une bouffée d’oxygène, c’était réapprendre à vivre. C’était de nouvelles aventures. Mais là, dans cette salle d’attente de chirurgie, c’était l’inquiétude qui rongeait ces hommes et ces femmes qui osaient à peine se regarder. Ils étaient tous venus. Les rancœurs, les drames, les disputes, tout ça était derrière eux. Ces futilités n’avaient plus lieu d’être à cette seconde parce que c’était la vie de l’un des leurs qui était en danger. Car malgré tout, il était toujours un des leurs même si Noam n’a plus pensé à eux de cette façon depuis des semaines. Parce qu’il était perdu. Il s’était perdu… et il n’est pas impossible que ça soit justement l’élément qui le fasse renoncer à la vie. Et ce, malgré l’amour qu’il porte à Charly, à sa fille Noaly ou encore à ses rares amis qui ont été là pour l’épauler.

Tel un fantôme, la silhouette du jeune Tanner suit se médecin qui sort de chirurgie. Un regard en arrière et il voit l’électrocardiogramme qui bat à un rythme normal. Il voit l’inquiétude du médecin. Ce dernier jette sa blouse et son calot dans une poubelle appropriée puis il avance dans cet uniforme bleu dans la salle d’attente. Derrière lui, cette forme invisible, ressemblant aux traits de Noam arrive également. Il dévisage chacun d’entre eux. Notant les postures de chacun, avisant même Blake au fond de la pièce, appuyé contre cette fenêtre le regard fuyant. L’inquiétude, l’angoisse, les larmes, il pouvait voir Charly qui se raccrochait à Noaly et Joyce pour tenir bon. Josh ne devait pas être loin. C’est l’unique voix du chirurgien qui le sortit de ses pensées.

« La famille de Noam Tanner ? » demande-t-il avec une voix posée. Autant qu’elle puisse l’être dans un cas de figure comme celui-ci.

Blake tourne furtivement la tête et se redresse. Comme si, pour la première fois il éprouvait réellement d’être le frère de Noam. Un pas de géant lorsque l’on considère le rapport qui unit les jumeaux. Ce dernier porte son regard sur Charly qui tient toujours Noaly dans ses bras. Il hésite. Blake n’est pas du genre à savoir gérer ces situations. Il n’est pas doué pour ses choses-là. Il en veut à Charly mais ils ne peuvent pas revenir sur ce qui vient de se produire. Prenant sur lui, il glisse sa main sous le coude de Charly. Noaly passe alors dans les bras de Joyce tandis que Blake s’attendait à un refus total de la brune, elle se laisse finalement guidé. Car Blake sait qu’au fond, elle aime toujours Noam. Même si c’est compliqué entre eux. Et aux yeux de Blake, Charly est plus la famille que lui-même.

« Sa femme, Charly… » mentit Blake, sans vergogne. « Je suis son… frère. » ça ne fut pas aisé pour lui. Malgré ça, il faisait ce qu’il pensait juste. Noam ne méritait pas ça. Malgré l’histoire des Tanner et de leur passé, Blake ne sait qu’une chose. Noaly mérite d’avoir son père. Blake ne sait pas comment agir vis-à-vis de Charly mais déjà le chirurgien les emmène à l’écart. Ni Charly, ni Blake n’ont le temps de souffler un autre mot lorsque le médecin se lance dans ses explications.

« Votre mari… et frère… » se pince-t-il les lèvres. « Il souffre d’un traumatisme crânien important. Il va certainement devoir être réopérer d’ici quelques jours. Ses blessures sont importantes. Il a différents œdème à la tête et nous attendons qu’ils se résorbent afin de voir les véritables conséquences que le choc a pu provoquer sur son cerveau… » Il marque une pause, les observant tour à tour avant de poursuivre. « On a pu stopper l’hémorragie interne. Son rein fonctionne bien… ce qui est une bonne chose. » tente-t-il de positiver en voyant combien l’inquiétude se dessine sur leurs visages. « Sa rate a explosé… il a multiple fractures aux bras, aux jambes, la clavicule gauche également, la majorité de ses cotes sont brisés, un poumon perforé surement sous l’impact du choc et… » Le médecin ferme les yeux une secondes avant de dire ses derniers mots qui ont toujours cet effet terrifiant sur la famille. « Il est dans le coma. Nous attendons encore des résultats d’analyses- »

« On peut faire quelque chose ? » la voix de Blake intervient comme un sursaut. Comme si pour la première, il réalisait que perdre Noam, ça serait plus que de perdre son frère.

« Prier. » lui répond le médecin sur ce ton plein d’espoir. « Les prochaines 48 heures nous en apprendrons plus sur son traumatisme. »

« Mais il va s’en sortir, pas vrai doc ? » tente Blake, de plus en plus nerveux devant cette situation qui lui échappe totalement.

« A ce stade, je ne peux pas m’avancer. Ces blessures sont très importantes. Il pourrait se réveiller… tout comme il pourrait ne pas passer la nuit. »

« On peut le voir ? »

« Il est encore sous anesthésie mais d’ici un moment, une infirmière viendra vous chercher… »

Et il disparut, les laissant tous les deux. Proches comme ça n’est jamais arrivé. Ça n’est qu’après un long moment seul, que Blake réalise qu’il a pris la main de Charly dans la sienne. Car quoi qu’il arrive, ils auraient besoin de soutien. Tous ensembles. Peu importe les querelles. Noam doit s’en sortir, c’est la seule et unique pensée de Blake à l’instant précis où son regard croise celui de Charly. Il déglutit difficilement.

« Il se réveillera. Il est résistant… Crois-moi. » confie Blake, plus convaincu que jamais. Car si quelqu’un devait le savoir à cette seconde, c’était lui. C’était son frère après tout. « Il ne vous abandonnera pas. » Tente-t-il à sa façon d’assurer à Charly que Noam ira bien. Surement pas tout de suite mais un jour, il ira bien. Après un moment à reprendre leurs esprits et à intégrer les propos du médecin, ils retournent dans la salle d’attente où quelques minutes plus tôt ils attendaient avec cette boule au ventre.

Tout s’était passé vite. Trop vite pour qu’elle comprenne ce qui se passait réellement. Elle avait cette désagréable impression d’être dans un cauchemar. Elle luttait pour se réveiller, elle luttait pour se rendre compte que tout ça n’était que le fruit de son imagination. Mais elle avait beau lutter, la réalité était bien là. C’est le corps de Noam qu’elle avait vu en lambeau sur une des tables du Bones. C’est lui qui était en train de se battre pour sa vie dans un bloc opératoire. C’était de nouveau elle, Joyce, Casey, Josh, Jessie et Aidan qui attendaient, anxieux, des nouvelles pour un Tanner. Et en réalisant cela, elle ne put s’empêcher de le détester un peu. Des sentiments incohérents s’entrechoquaient entre elle, l’empêchant de réfléchir clairement.

Donnant Noaly à Joyce, elle suit Blake. Elle entend le médecin prononcer des mots, mais aucun ne forme une phrase assez cohérente pour que Charly les emmagasine. Traumatisme crânien. Hémorragie interne. Fracture. Coma. Ne pas passer la nuit. Elle sort de sa léthargie quand Blake lui touche le bras. Les yeux embuées de larmes, elle relève le regard vers lui. « Il ne vous abandonnera pas. » Et c’est la goute qui fait déborder le vase. Ses mains tremblent. L’air lui manque. Bien sur que si, il les abandonnera. Il l’a déjà fait une fois. Elle avait pensé pouvoir compter sur lui. Elle avait pensé pouvoir partir à cause de son cancer sereinement parce que sa fille l’aurait eu et elle comprenait maintenant. Elle comprenait maintenant pourquoi il avait toujours voulu qu’elle se batte, parce qu’il était trop lâche pour le faire lui-même. «Tu peux aller dire aux autres ce que le médecin vient de dire ? J’ai un truc à faire. » Les mots sortent de sa bouche sans qu’elle ne les entende. Sans attendre de réponse, elle tourne les talons et se dirige vers les escaliers. Elle se mordille la lèvre. Elle peut faire. Un pas puis un autre, puis une dizaine et elle se retrouve dans un système qu’elle connait et qui dans les mois prochains deviendront sa futur maison. Et comme si Regan avait compris ce qu’elle s’apprêtait à faire, elle est là, assise sur une chaise, à l’attendre. Elle vient à sa rencontre. Sa main tremblante se glisse dans celle de la jeune infirmière alors que les deux avancent vers le service. Oncologie. Forte d’une nouvelle volonté, elle s’avance vers le bureau de son médecin et frappe à la porte. Elle peut dire qu’il est surpris de la voir ici. Faut dire il en a vu des patients têtus, mais elle, c’était particulier. Il l’avait vu petite, accompagné sa mère à ses séances de chimio. Il aurait préféré ne jamais la revoir. « Je suis prête. Je veux qu’on lance la chimio. » Le médecin acquiesça avant de sortir de son tiroir un dossier, le sien. Un post it collé sur la couverture indiquait une date et une heure. Il avait toujours su qu'elle finirait par changer d'avis. Du moins, il l'avait espéré. La route ne serait pas facile, mais il avait vu grandir la jeune Evans, comme tous les habitants de cette ville. Il savait qu'elle était plus forte que ce qu'elle voulait bien croire. Elle attrapa le papier et le remercia. Elle ne pouvait pas compter sur Noam. Elle n’avait jamais pu. La seule personne sur qui elle pouvait compter, c’était elle et sa fille pourrait compter sur elle. Elle allait se battre et elle vaincrait ce putain de cancer, peu importe le temps qui lui faudrait. Elle viendrait à bout de ce cancer. Oui Charly était têtue, mais cette fois, son entêtement allait servir à quelque chose. En sortant du bureau, elle eut une pensée pour James et se demanda où il était et s'il était en sécurité avant de sortir son portable de sa poche arrière.

Citation :

Je suis désolée pour l'autre jour. Vous aviez raison. Ma fille mérite qu'on se batte pour elle.

Message envoyé. Il lui restait encore des excuses à faire, mais celles-ci seront plus dures. Elle allait devoir expliquer à toutes les personnes qu'elle aimait qu'elle leur avait menti, qu'elle avait prétendu aller bien alors qu'un cancer la rongeait depuis plus de 6 mois. Arrivant dans la salle d'attente, elle sentit le regard de ses amis sur elle. S'approchant de Joyce, elle récupère Noaly et pose ses lèvres sur son front en murmurant que tout allait bien se passer. Relevant la tête vers ceux qu'elle a toujours considéré comme sa famille, elle s'apprête à ouvrir la bouche quand une infirmière vient les voir. « Famille Tanner ? Vous pouvez aller le voir maintenant. »

HJ :

Ces blouses blanches sont prédestinées à porter de mauvaises nouvelles. Blake le sait et pourtant, il espère. Une toute petite voix, lui assure que toutes les annonces de ce chirurgien ne seront pas mauvaises. Il se rappelle la mort de Boone. Ce dernier n’avait pas survécu et pourtant, il avait été en meilleur état que Noam. Ce qui le pousse à croire que Noam ne pourra pas mieux s’en sortir. Il est réaliste. La vie est une garce et une fois de plus, elle vient à lui prouver qu’il peut encore être atteint. Après les mots du médecin, il a du mal à retrouver son souffle. C’était beaucoup à digérer. Tant de dégâts sur une seule et même personne. Son frère. Il a beau se voiler la face depuis des mois, aujourd’hui il ne peut faire qu’une chose. Admettre la vérité. Il est plus proche de Noam que n’importe qui sur cette planète. Il le connait. Parce qu’il a vécu des situations similaires et leurs réactions sont semblable malgré la séparation. Charly n’a pas prononcé un seul mot. Et soudain, Blake se demande s’il a finalement bien fait de mentir en disant que c’était la femme de Noam. Oui – non. En fait, il ne sait pas trop. Aurait-il mieux valut qu’elle reste dans l’ignorance et l’angoisse ? Blake n’est pas surhumain. Quand bien même Noam est son frère, il n’aurait pas pu faire face à toutes ses vérités seules. Et pour être honnête, personne ne s’est vraiment bousculé pour parler au chirurgien. Son état est grave. Les propos du médecin le lui fait bien comprendre mais il n’a pas envie de l’écouter. Il préfèrerait disparaitre. Fuir. Partir le plus loin possible et ôter de sa mémoire tout ce qui peut le relier à cette ville, à ce frère, à cette famille. Il veut juste être ce Blake qu’il était, il n’y a pas encore si longtemps. Aujourd’hui, il a l’impression d’avoir été fragilisé. Qu’il est plus tolérant et humain et bien moins égoïste et macho. Il déglutit difficilement après le départ du médecin qui leur informe qu’une infirmière viendra les voir pour rendre visite à Noam. Se pinçant les lèvres, il se tourne vers Charly qui a vraisemblablement du mal à cacher ses émotions. Elle l’aime toujours songe-t-il un instant, avec un vague sourire. Mais c’est quoi l’amour ? Juste des émotions qui défient le temps. L’espace de quelques secondes, il pose sa main sur le bras de la jeune Evans lui assurant que Noam se battra. Il pourrait lui donner de bonnes raisons. Les véritables mais il n’en dit pas plus, parce qu’il n’est pas prêt à admettre devant les autres qu’il tient à Noam ou même qu’il l’admet dans sa vie. Il n’a jamais vu Charly dans un tel état et peut être que Noam ne saura jamais combien elle tient encore à lui. Quelque part, ça lui fait mal. Peut-être que finalement, ils ne sont pas fait pour finir leur vie ensemble. Ils évoluent dans deux galaxies différentes et désormais tous les séparent. Et pourtant, il jurerait qu’il y a encore un mince espoir. Après tout, c’est la seule chose que la vie ne peut leur arracher. L’espoir en la race humaine. Il acquiesce de la tête avant de s’adosser au mur le plus proche, se passant une main sur le visage. «Tu peux aller dire aux autres ce que le médecin vient de dire ? J’ai un truc à faire. » Elle était bonne celle-là ! Le dire aux autres. Comment, lui la pièce rapportée, pouvait-il se permettre de venir leur annoncer que son frère n’allait surement pas passer la nuit ? Les mâchoires serrées, il refoule cette rage et ce désespoir qui nait au fond de lui. Finalement, il ne connaitra Noam, pas plus que ça. Il n’aura été qu’un passager dans sa vie. Il déteste cette idée. Il sait qu’il se battra, mais sera-t-il suffisant ? Il a toujours pensé que pleurer c’était uniquement pour les filles. Enfin, c’est ce qu’il veut faire croire. Il a souvent eu de la peine. Blake est encore amer de la mort de Boone. Mais perdre Noam pourrait réellement faire ressortir ce côté obscur qu’il tente de maitriser. Il a tout du démon. Avec son allure de bad boy et pourtant, il a eu un cœur. Un cœur qu’il ne montre qu’à de rares occasions. Se laissant glisser le long du mur, il reste de longues secondes assit sur le sol, ramenant ses jambes contre lui tandis qu’il voit Charly disparaitre. Il n’a pas le temps de la retenir qu’elle a déjà passé la porte. Laissant tomber sa tête, son front se pose sur ses genoux, et si ses épaules tressautent ça n’est qu’un effet d’optique, tant il est encore tendue à l’idée d’annoncer l’état de Noam aux autres. Pourtant, il va devoir s’y coller.

Tel un automate, il se retrouve dans cette salle d’attente ou à peine un quart d’heure plus tôt, il attendait le verdict du chirurgien. Maintenant plus que jamais, il redoutait d’avoir à parler à ceux qui sont proche de son frère. Tant et si bien qu’il ne sait pas par quoi commencer. La seule et unique chose dont il a conscience, c’est qu’eux seront là pour Noam. Quant à lui, il trouverait surement un coin à squatter alors qu’ils débattraient de qui irait le voir en premier. Blake se ferait oublier. Car être seul était peut être ce qu’il voulait mais pas forcément ce qu’il lui fallait. Une fois de plus, il refoule les émotions qui viennent l’envahir avant de poursuivre, tous ses regards braqué sur lui avec une insistance étouffante. Il prend une profonde inspiration avant de passer en revue le regard de chacun.
Par quoi est-il censé commencer ? Le coma ? L’étendue de ses blessures ? Le pessimisme du chirurgien qui les conviait à prier ? Et pourquoi Charly lui avait refilé le sale boulot hein ?!

« Je… » commence-t-il sans savoir comment s’y prendre pour faire une annonce pareil. « Le médécin pense que les prochaines 48 heures seront décisives. » Sous le poids des regards portés sur lui, il sent bien qu’ils en attendent plus de sa part. Doit-il réellement rentrer dans les détails et les prévenir que le Noam qu’ils verront sera rattacher à des machines, qui tenteront de le maintenir un tant soit peu en vie ? « Il est dans le coma. » Achève-t-il dans un premier temps avant de se mordre la lèvre inférieur. Son regard passe sur chacun d’entre eux pour se poser sur Josh, puis Joyce et Noaly. Ses yeux posées sur elle, il réalise qu’elle grandira peut être sans connaitre ses parents. Tout à coup, il manque d’air et tel un étau qui se resserre, il a cette lente impression d’étouffer. Un vague murmure lui parvient et c’est le regard de la blonde – jumelle de Lynn – qui le fait revenir sur terre. « Ses blessures sont importantes… et ils ignorent encore les dommages au niveau du cerveau. Il souffre de différents oedèmes. Ils doivent attendre pour le réopérer et voir l’étendue des dégâts… » souffle-t-il du bout des lèvres. « La majorité de ses cotes sont brisées, il a un poumon perforé, de multiples fractures et… le médecin nous a conseillé de… prier pour lui. » achève-t-il cette fois ci, sans lever un seul regard vers eux. C’était le moment de sa sortie. Il regarde une dernière fois Noaly avant de secouer la tête et de tourner les talons. L’air était irrespirable dans cette salle d’attente. Il préférait encore affronter le froid et la tempête plutôt que de rester dans ce lieu qui respirait la mort. A peine sort-il de la salle d’attente qu’il croise Charly et qu’il entend une infirmière appeler pour voir Noam. Il ne pipe pas un mot et s’éloigne, rejoignant sa solitude, la seule qui ne l’a jamais laissé tomber. Il passe alors la première porte qui donne sur les escaliers avant de descendre plusieurs étages avant de donner une issue sur l’extérieur. Il avise alors un mur et laisse cette rage exploser, celle qui le consume depuis l’instant où il a vu Noam se vidant de son sang sur le bitume. Jamais il ne pourra oublier cette image, tant elle lui rappelle la mort de son meilleur ami. Sans réfléchir, son poing s’abat sur ce mur en béton. Ce dernier ne bouge pas. La douleur vient traverser Blake, du sang dégouline de sa main mais il ne ressent pas cette douleur dû à la fracture d’un os. Non, c’est une souffrance plus perfide, celle qui emplie son cœur et qui lui fait perdre tout sang-froid. Car malgré tous ses efforts pour rester loin de Noam, il a échoué. Il tient à lui et c’est justement ce qui le tue à petit feu. Car qui deviendra-t-il une fois que Noam aura passé l’arme à gauche ? Saura-t-il exister sans lui ? Cette constatation est pire que tout et c’est seulement maintenant, qu’il réalise combien leur lien est plus compliqué et filial que ce qu’il a toujours voulu admettre. Une porte claque près de lui et il ne se retourne même pas, laissant la pluie et le vent se déchainer. Malgré lui, il se tourne pour y trouver une tête familière tandis que de sa main s’écoule toujours du sang avec abondance, sans qu’il n’y porte la moindre attention.

Tout c’était passé si vite. Un instant elle découvrait quel visage se cachait sous le nom du frère adoptif de Lynn – Noam Tanner – et l’instant d’après, elle se retrouvait agenouillée près de lui, les mains pleines de sang. Elle ne le connaissait pas, elle ne connaissait personne et n’avait rien à faire là, mais pourtant, elle ressentait ce que les autres pouvaient ressentir. Essayant de garder le contrôle elle tenta de lui donner les premiers soins, en appuyant sur sa plaie béante pour arrêter l’hémorragie. Mais elle avait beau essayer de faire tout ce qu’elle pouvait, il y avait trop de sang, beaucoup de trop de sang, beaucoup trop de blessure. Quand une jeune femme blonde arriva et prit le relais, elle fut soulagée qu’une infirmière soit présente et qu’elle sache exactement quoi faire. Elle porta une main sur son front, épongeant l’eau de pluie qui ruisselait sur son visage, laissant au passage une marque de sang. Après son arrivée – Regan - tout se passa très vite, des hommes utilisèrent une table comme civière, puis une voiture arriva, avec au volant le jumeau de Noam, partant aussitôt pour l’hôpital avec l’infirmière, suivit de deux autres jeunes femmes avec la fille de la brune. Un a un commencèrent à partir du bar, allant là où ils devaient être, et ce peu importe le déluge à l’extérieur : à l’hôpital.
Leanne était resté en retrait, elle était tout aussi chamboulé par ce qui venait de se passer, mais personne ne semblait se soucier de sa présence, n’était-elle pas qu’une simple inconnue, au physique d’un fantôme de leur passé commun à tous ?! Heureusement, il y avait une personne pour qui elle n’était pas invisible, Jessie et si elle put rejoindre l’hôpital ce fut grâce à elle puisque sans hésiter, la jeune femme brune, lui avait fait un signe afin qu’elle la suive. La remerciant d’un bref sourire, elle c’était empressé de la rejoindre, tout en s’essuyant les mains sur son tee shirt.

Une fois dans la salle d’attente de l’hôpital, elle sentit des regards sur elle. Tous devaient se demander ce qu’elle faisait ici, puisqu’elle n’était venue dans ce bar que par hasard, surprise par le temps. Alors pourquoi les suivre ? La raison était simple, Noam. Elle voulait le connaitre bien sûr, mais cela allait au-delà de ce pourquoi elle était venue ici. Elle s’inquiétait réellement de ce qui pouvait lui arriver. Elle semblait tenir à lui sans qu’elle ne comprenne comment ou pourquoi ! Tout ce qui lui importait, c’était de savoir qu’il allait bien, qu’il s’en sortirait et ce, peu importe, si ça présence devait en déranger plus d’un. Néanmoins, étant compréhensive et sachant que tous souffraient, elle se fit toute petite, se calant dans un coin de la pièce, dos au mur, assise sur le sol, attendant des nouvelles du médecin. Elle avait les yeux embuer de larmes mais se retenait, ce n’était pas le moment. Tel un tic, elle jouait avec des mains et ses doigts, les entrecroisant, les frottant, l’inquiétude la gagnait et rester immobile était impossible. Elle suivit du regard le jumeau et l’ex de Noam, se dirigeant vers le médecin qui avait demandé à parler à la famille. Quelques minutes seulement durent s’écouler pendant leur absence, et pourtant elle le ressentit comme une attente interminable. Personne ne parlait, leur regard était perdu dans un avenir incertain, un avenir où tous avaient besoin que Noam en fasse partie. En tout cas c’était ce qu’elle voulait elle !
L’attente s’arrêta quand son frère revint vers eux. Leanne se releva aussitôt s’avançant vers lui, comme le reste de ses amis pour entendre ce qu’elle n’était pas sur de vouloir entendre. Il était revenu seul, sans Charly, elle ne pouvait s’empêcher de penser que cela n’annonçait rien de bon. Elle respira un grand coup, croisant les bras comme pour se rassurer et fut prête à entendre la vérité. « Le médécin pense que les prochaines 48 heures seront décisives. Il est dans le coma ». A l’évocation du coma, le cœur de la jeune femme se resserra. Sa mère adoptive était tombée dans le coma suite à son accident et peu de temps après elle en était décédé. Bien sûr rien n’était comparable, chaque personne est unique, en particulier à l’hôpital, où pas un patient ne se ressemble, pourtant elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter d’avantage imaginant le pire. Après tout, dans son hypothèse, elle avait été rejeté par sa famille biologique parce qu’ils avaient découvert qu’elle était atteinte d’une grave maladie, nécessitant une opération trop lourde pour un nourrisson et pouvant avoir de grave séquelles, voir la mort. Ils avaient gardé Lynn parce qu’elle était en bonne santé et une vingtaine d’année plus tard, elle avait souffert du même mal et personne ne put la sauver, alors que elle aurait pu par un don. Il y avait tant de coïncidence, que ce soit entre sa maladie et celle de sa jumelle, entre l’accident de sa mère adoptive et celui de Noam, comment au final réussir à garder une pensée positive ?
Elle voyait que Blake, après avoir parlé du coma avait beaucoup de mal poursuivre, la réalité des choses devaient être pire que ce à quoi ils avaient pu s’attendre. Elle regarda autour d’elle, voyant tous les regards inquiets vers celui qui détenait les informations. Tous attendaient des réponses, mais comment annoncer quelque chose que tous redoutent ?! C’est alors qu’elle voit qu’il pose son regard sur la petite fille, celle qu’elle supposa comme la fille de Noam, au vu des gestes qu’il avait pu avoir vis-à-vis et de ses regards au Bones. Elle comprit alors à quoi il pouvait bien penser. Elle tâcha de faire un pas un avant, mais se ravisa quand son pas fit grincer le sol. Le contact de l’eau sur une paire de basket face à un sol en lino, et voilà comment ne plus passer inaperçue. Elle croisa alors le regard de Blake, regard où elle sembla s’y perdre car c’était comme si elle pouvait voir en lui toute la souffrance et la douleur qu’il ressentait. Peu à peu il sembla de reprendre le dessus, leur annonçant le plus dur. « Ses blessures sont importantes… et ils ignorent encore les dommages au niveau du cerveau. Il souffre de différents oedèmes. Ils doivent attendre pour le réopérer et voir l’étendue des dégâts… La majorité de ses cotes sont brisées, il a un poumon perforé, de multiples fractures et… le médecin nous a conseillé de… prier pour lui. »
Au fur et à mesure qu’elle entendait les symptômes elle se disait qu’il n’y avait pas d’espoir. Et le conseil du médecin ? Prier ? C’était ce qui enfonça le clou. Prier ressortait de la religion, de la croyance et elle tout ce en quoi elle croyait c’était à ce qu’elle pouvait voir et aux preuves scientifiques, à la médecine. Alors si le médecin, celui qui est censé avoir le savoir, ne pouvait plus rien faire, comment une simple prière pouvait changer quelque chose. Peu à peu elle recula rencontrant de nouveau le coin de la pièce où elle se trouvait auparavant. Restant adossé, debout, elle essaya de réaliser ce qui venait de se passer, ce que le jumeau de Noam venait de leur annoncer. Ce fut comme un électrochoc. Elle se sentait tellement impuissante. Elle n’avait pas souvent mis les pieds dans les hôpitaux, mais les rares fois où elle s’y trouvait cela ne c’était jamais bien finit.

Perdue dans ses pensées, elle essayait de chercher ce qu’elle pouvait dire aux proches de Noam, ou plutôt si elle devait dire quelque chose ou se contenter de rester dans son coin à attendre. Avant qu’elle ne puisse prendre une quelconque décision, une infirmière, autre que celle qui avait pris les devants au Bones, leur annonça que la famille pouvait aller le voir à présent. Dans cette salle, il n’y avait que famille et amis, et à l’écart de tout, il n’y avait qu’elle. Elle n’avait aucun droit vis-à-vis de lui et devait se contenter d’attendre. Elle étouffa un sanglot et se repris, en voyant que Blake sortit de la salle d’attendre, sans suivre l’infirmière, sans prévenir personne, se diriger vers les escaliers. N’étant pas à sa place dans la mise en place des visites et des tours de garde avec les autres, elle s’empressa de le suivre. Quand elle le retrouva il lui tournait le dos, la première chose qu’elle remarqua fut le sang sur le sol, elle posa une main sur son épaule, afin de lui faire comprendre qu’il n’était pas seul. A peine se retourna-t-il, qu’elle remarqua tout de suite le sang qui s’écoulait abondamment de la main de ce dernier après avoir frappé le mur avec une grande violence. «[color=coral] Oh mon dieu Blake ! [/coral]». Sans réfléchir elle enleva son gilet et le déchira pour l’enrouler autour de sa main. Ça ne ferait pas grand-chose, mais au moins ça ralentirais l’écoulement le temps qu’ils trouvent un médecin. « J’ai retenu ton nom au Bones. Je m’appelle Leanne ». Tout en lui parlant, elle resserra l’étreinte du bandage improvisé, essayant d’arranger au mieux ce qu’elle faisait. « Je sais que toi plus que quiconque doit souffrir par rapport à ce qui vient de se passer, je comprends que tu veuilles rester seul, mais pour le moment tu vas devoir me suivre. Je ne suis pas médecin, mais je pense que tu t’es fracturer la main, il faut qu’on te soigne ». Elle avait plongé son regard dans le sien, n’attendant pas de réponse de sa part, puisque ce n’était pas une suggestion mais un ordre. Il ne pouvait pas rester ainsi. Tout ce qu’elle espérait c’est qu’il le comprenne et qu’il ne la rejette pas. Une fois sur qu’il soit soigné, elle le laisserait seul, si c’était vraiment ce qu’il voulait.

Comme dans le brouillard, sans doute à cause de son nez douloureux et des hématomes qui en faisait les contours l’empêchant de bien voir, Josh passa devant le sosie de Lynn sans vraiment la voir. Et si c’eut été le contraire il aurait juste cru qu’il délirait… Il n’entendit pas non plus que Charly lui cachait son état car il était sorti en trombe avant de se mettre sur la tronche une bonne fois avec Blake. Ce n’était que partie remise certainement car Josh était rancunier et l’autre avait aussi un putain de caractère. Alors que Charly l’avait rejoint et s’était blottie dans ses bras sous une pluie battante, Noam était passé comme un coup de vent, rapidement suivi par Casey et puis, alors qu’ils rentraient pour éviter d’attraper la crève… Ce fut le drame. Casey revint en trombe pour annoncer que Noam avait été percuté par une voiture. Pas étonnant vu qu’on ne voyait rien à un mètre. Blake en profita pour s’en prendre à Charly comme si elle était la cause du comportement destructeur de Noam mais Walker n’avait pas le temps pour cet abruti. Il n’hésita pas une seconde et se rua à l’extérieur avec un parapluie pour le protéger de la pluie. Il le tendit à Casey et retourna dans le bar pour que les mecs l’aident à casser une table et s’en servir comme civière. Le déplacer n’était pas conseillé mais vu le temps, pas le choix ! Jessy leur conseilla de compresser les plaies, il ne chercha pas à savoir d’où elle savait ça mais estima qu’elle avait raison sinon il se viderait de son sang. Et la belle blonde qui malgré elle avait déclenché la bagarre leur prodigua d’autres conseils, peut être était elle infirmière ? Pour une fois aucun fantasme ne traversa l’esprit obsédé de Josh qui en d’autres circonstances l’aurait imaginée en infirmière, non là il était trop préoccupé par l’état de Noam. Il n’avait pas envie de le perdre, quelle que soit leur relation. Regan les aida pour maintenir Noam sur la civière improvisée et une fois à l’abri, bien installé dans le bar elle leur somma de la fermer et de s’écarter. Sans broncher Josh fit quelques pas en arrière pour qu’elle ai assez d’espace pour lui attribuer les premiers soins, sans doute décisifs. Comme Jessy elle réclama tout ce qui servirait de compresses et de l’alcool. Et une voiture avec une plage arrière assez grande. Elle avait raison personne ne viendrait vu la tempête, les secours seraient vite surchargés si ce n’était pas déjà le cas. Puis elle posa son regard sur Josh qui restait calme, trop sans doute. Elle lui demanda son aide et il obtempéra. « OK » D’un côté son sens du rythme allait aider, un pouls c’était comme si le cœur battait la mesure et ça il savait écouter. Pour le moment Noam tenait bon. Lorsque la voiture fut prête Regan monta sur la table comme le font souvent les secours sur les civières, dans les moments tendus. Josh se croyait en plein épisode d’Urgences. Il laissa Regan se charger du pouls pour aider à porter la planche jusqu’à la voiture. Noam put enfin être emmené à l’hôpital pr son frère. Oui qu’ils le veuillent ou non ces deux là partageaient le même sang et sans doute que Blake le comprenait enfin. Josh fut d’ailleurs soulagé que Reese ne soit pas là.
Il se tourna vers ceux qui étaient encore là, et s’approcha de Charly qui serrait Noaly dans ses bras comme pour se rassurer. Joyce était à ses côtés et il sort ses clés de sa poche pour faire comprendre à la miss qu’il a son véhicule. Il crie d’ailleurs à qui veut l’entendre : « Il me reste 3 places !» La voiture de Josh est un ancien modèle du genre où l’on peut monter à trois devant comme à l’arrière. Il fila ensuite dehors pour les emmener à l’hôpital, l’estomac noué à l’idée de ce qu’on leur annoncera une fois là bas. Il détestait les hôpitaux, la dernière fois c’était pour la sœur de Noam, Lynn sa meilleure amie avec Charly, celle qui lui manquait plus que tout au monde. Des larmes lui piquaient les yeux mais il refusait de les laisser s’échapper et finit par les ravaler.
Une fois là bas, il se gara à l’arrache sur le parking et entraina Charly à l’intérieur en essayant de protéger Noaly de la pluie du mieux qu’il pouvait. Il aperçut rapidement Blake et Regan qui attendaient les nouvelles. Un médecin arriva cherchant la famille Tanner. Blake se redresse, réaction normale selon Josh qui jeta un œil à Charly avant que le jumeau vienne la chercher pour aller voir le médecin. Noaly étant récupérée par Joyce, Josh les regarda s’éloigner, mâchoires serrées. Les minutes qui s’écoulèrent parurent durer une éternité et pour s’occuper Josh passait de visage en visage. Il avait tellement l’impression d’être des années en arrière. Jusqu’à ce qu’il la voit. Lynn. Du moins le croyait il. Etait elle là pour veiller sur son frère ? Josh cligna des yeux elle était toujours là. Il ouvrit la bouche mais aucun son n’en sorti.
Il ne vit même pas Blake revenir. Oui là pas de doute c’était bien Blake et pas Noam vu l’état de son nez, putain Josh perdait il la boule ? Le contre coup sûrement. Il secoua la tête et porta son attention sur Blake. Il avait envie de le démolir comme s’il était coupable du drame mais à quoi bon ? Et serait-ce arrivé sans leur dispute ? Peu importait. Il serra les poings en attendant les nouvelles. Pourquoi Charly n’était elle pas là ? Et le coup tomba enfin. Noam était dans un sâle état, dans le coma ! Il savait bien vu l’état dans lequel ils l’avaient trouvé que ce ne serait pas joli mais d’entendre ces mots rendait tout réel. Josh eut l’impression que son souffle se coupait chaque fois que Blake en rajoutait une couche. Il avait désespéré lui aussi et toute envie de lui péter la gueule s’évapora. En tout cas pour le moment. Il aurait presque pu lui poser une main sur l’ épaule mais il ne parvenait pas à bouger. Blake s’éloigna. Il espérait juste que l’issue serait différente cette fois, pas comme pour Lynn. Et d’ailleurs pourquoi le fantôme de sa chère Lynou suivait Blake ? Josh prit machinalement son paquet de clopes avant de se souvenir qu’il était dans un hôpital. Et de toute façon le paquet était trempé. Charly réapparut et récupéra sa fille. Josh la fixa d’un air interrogateur lorsqu’une infirmière vint leur annoncer, à la famille du moins, qu’ils pouvaient voir Noam. Blake était carrément parti, il ne restait plus que Charly. Joyce pleurait en silence alors Josh tendit les bras pour prendre la petite. « Vas y. Je vais m’occuper de lui trouver une couverture pour la réchauffer.» Il se leva pour récupérer le petit bout, c’était ça ou s’enfuir à son tour. Pour son amie il était resté jusqu’à la dernière seconde, incapable de la laisser partir mais là il ne s’en sentait pas la force. Mais il devait rester fort pour Charly, et pour les autres. Personne ne lui demandait mais il avait l’impression que c’était son rôle, veiller sur eux. Il laissa Casey veiller sur Joyce et passa devant Jessie. « Tu peux m’aider ? On va en profiter pour ramener des cafés à tout le monde.»