Leanne & Camden

Alors qu’elle avait essayé de retrouver une trace de son passé, de ses parents biologiques, cela l’avait mené à la découverte du décès de sa sœur jumelle. Maintenant qu’elle se trouvait là où tout avait commencé, à Hope Mills, un accident grave plongea Noam dans le coma. Noam, le frère adoptif de Lynn qui détenait les réponses de son passé. Les amis de cette dernière la rejetaient pour la plupart, lui ayant bien fait comprendre qu’elle n’avait rien à faire dans la ville, dans leur vie. Peu à peu tout ce qu’elle c’était imaginé tombait à l’eau et le sort s’acharnait sur les Tanner, sa véritable famille biologique, et ce peu importe que les enfants aient le même sang ou non. Lynn, Noam, qui serait le prochain ? Elle essayait de garder espoir, qu’un miracle se produise et qu’il s’en sorte dans dommages. Elle espérait, mais au fond elle était tétanisée à l’idée de ce qui pourrait advenir du futur. Il fallait garder espoir, elle l’avait toujours fait et devait continuer à le faire, sinon elle se perdrait elle-même. A présent il ne lui restait plus que le boulot pour garder un échappatoire à sa vie à Hope Mills. Ne dit-on pas que se plonger corps et âme dans le travail peut soulager notre conscience ? En tout cas, elle comptait bien y vider un maximum de chose. N’étant diplômée que depuis peu, elle avait tout de même réussit à avoir une place au poste du sheriff, en tant que psychologue criminologue pour les victimes. Seulement, dans une si petite ville, elle ne savait pas si elle pourrait vraiment se rendre utile. Avec la tempête qui venait d’avoir lieu, il y avait eu beaucoup de blessé plus ou moins grave selon les personnes et les proches pouvaient en être blessés intérieurement également. Elle espérait juste pouvoir en aider certain, sans que sa ressemblance avec Lynn ne vienne interférer dans ses relations d’aide aux personnes.

Arrivée au poste de police, elle frappa plusieurs coups avant de se rendre compte qu’il n’y avait personne. Décidemment il ne lui arrivait que des ennuis depuis qu’elle était ici. Heureusement ayant été prévenue que le sheriff n’était pas toujours présent au poste, elle avait été récupéré un double des clefs à la mairie. Elle allait devoir se familiariser avec les lieux, seule, une fois de plus. Soupirant de lassitude, elle fit tourner les clefs avant de découvrir enfin l’endroit où elle allait surement passé la plupart de son temps, du moins le temps que les choses se calment à l’extérieur.
Posant son sac sur un bureau a priori destiné à son égard, au vue de son nom inscrit, elle en sortit une feuille qu’elle décida de placarder à l’extérieur afin que les passants sachent qu’il y avait quelqu’un pour les écouter s’ils en ressentaient le besoin. Elle en avait d’ailleurs fait de même à la mairie. De toute façon pour aujourd’hui, elle n’aurait rien à faire. A peine arrivée, fraichement inconnue, personne ne viendrait vers elle. Elle en profita donc pour repérer les lieux, regardant discrètement chaque bureau. Ce n’était pas une fille pour rien, elle ne pouvait s’empêcher de mettre son nez là où il ne fallait pas, surement pour cette raison qu’elle c’était tournée vers des études de psychologie. Elle remarqua des photos de familles, d’enfants riant aux éclats. Tous ici avaient déjà une vie bien à eux, elle ne venait qu’y mettre un soupçon d’ennuis. Plus les jours défilaient plus elle se disait qu’elle avait fait une erreur en venant s’installer ici. Elle avait quitté ce qui représentait le plus une famille à ses yeux et ses amis, pour un retrouvé un passé, qui finalement devrait peut-être rester enterré. Ayant besoin de prendre l’air, sans vouloir montrer sa douleur si quelqu’un passait dans le coin, elle chercha les toilettes afin de se rafraichir. A trop penser et à n’être pas la bienvenue, elle s’en rendrait peu à peu malade. Une boule de nerfs c’était formée dans son estomac et instinctivement elle se rua dans une cabine afin de rendre son déjeuner. Par la suite, elle sentit un poids en moins sur elle tout en sachant qu’il réapparait dès qu’elle sortirait d’ici. Portant l’eau à sa bouche, elle en but qu’elle gorgea avant de s’asperger le visage et de se reprendre.

Une fois ressaisie, elle remarqua qu’il lui restait une porte à ouvrir pour tout connaître du lieu. Se serait au moins une chose qu’elle connaîtrait dans ses moindres recoins. Sa déception laissa place à un demi-sourire face à ce qu’elle voyait. Une salle de sport avait été aménagée pour l’équipe. Bien entendu, il y avait peu de chose, mais cela était nettement suffisant. Son regard fut attiré tout de suite, sur le punching ball, dans un coin de la pièce. Sans hésiter elle empoigna les bandes de protections qu’elle s’enroula autours des articulations de ses mains et se plaça face au sac de sable. Après tout il n’y avait personne, 5 min à frapper sur quelque chose ne pourrait pas lui faire du mal. Elle commença à frapper avec doucement, tâtant le terrain, mais surtout parce que c’était la première fois qu’elle faisait ce genre d’activité bien qu’elle avait toujours voulu apprendre à se défendre afin de se contrôler intérieurement et d’évacuer les choses. Voyant qu’elle n’y arrivait pas, elle préféra stopper ses gestes, souriant de sa bêtise d’avoir voulu essayer. Heureusement qu’elle était seule, une humiliation aurait été mal venue en ce moment. Pourtant, alors qu’elle allait abandonner elle se mit à penser une fois de plus à la raison de sa présence ici, à Lynn, aux mensonges, à son abandon et à la réalité de ce qui cela avait signifié. Son regard devint noir, laissant exprimer d’avantage sa colère face à tout ce qu’elle pouvait ressentir. Elle se remit à frapper sur le sac avec plus d’ardeur et de force sans forcément maitriser ses coups en les portants où il fallait. Tout ce qui comptait à présent c’était de frapper et ce peu importe des gestes ou de la posture qu’elle pouvait avoir. Elle n’aurait peut-être pas tenue la même réflexion si elle savait qu’elle était épié par quelqu’un qui avait le sourire aux lèvres….

La tempête avait marqué la ville pour les mois à venir. Certaines habitations auront besoin de sévères réparations. Les autorités n’avaient songé que la tempête serait si violente et encore moins que tant de blessés finiraient aux urgences. Camden ne pourrait oublier cette tempête. C’était au cours de cette dernière qu’il avait revu son ex-femme. C’était peu dire que ça l’avait retourné. Où en étaient-ils aujourd’hui ? Camden n’en savait rien. Ses sentiments étaient intacts mais il gardait cette distance envers Angie. C’était compliqué d’aimer une femme malgré un divorce et un passé trouble. Bien que leurs sentiments n’aient jamais été le motif de leur divorce, parfois il se met à penser que ça serait plus simple pour lui, si elle ne l’aimait plus. Le geste qu’elle avait eu envers lui, ces larmes qu’il avait vu naitre dans son regard, cette préoccupation qu’il avait lu dans son attitude, c’était la preuve qu’elle tenait encore à lui. Mais il ne devait pas y penser. Ils étaient divorcés parce qu’elle l’avait voulu. Parce qu’elle avait pris la fuite au lieu de lui parler et ça, il avait du mal à le digérer. L’abandon était une chose qu’il ne pardonnait pas. Ou très difficilement. Il en avait toujours voulu à son père et l’attitude d’Angie avait brisé une part de lui. Elle était à l’origine des années de calvaires qui avaient suivi. De ses séjours hospitaliers. De ses missions qui avait mal tourné. Parce qu’il était incapable de sortir de sa tête. Et qu’il lui en voulait pour ça. Parce que sans elle, il se sentait vide et qu’il n’avait plus de raison d’exister.

La tempête passé, il déambulait dans les rues dans l’espoir de n’y croiser personne qui l’interromprait. Il avait besoin de réfléchir. Après un détour par la plage, il fit un crochet au commissariat. Il était un habitué des lieux. A vrai dire, Camden était plus souvent fourré ici lorsqu’il n’était pas à la base. Ici personne ne lui posait de questions sur Angie, sur sa vie de militaire. Il évitait ainsi facilement les potins et pouvait toujours donner un coup de main. Que ça soit sur le terrain ou dans la salle d’entrainement ou encore sur de la stratégie. Il a été entrainé pour ça. Après tout, il avait un bon nombre de missions à son actif et certains dans cette ville l’apprécie pour son dévouement envers les citoyens et la ville.
Surtout qu’en ce moment, il y aurait fort à faire avec les dégâts qu’avaient engendrés la tempête. C’était pour ça qu’il était venu. Il avait besoin de s’occuper et surtout, bien que la rumeur concernant Noam lui était parvenu, il n’était pas prêt à aller le voir et faire face à ce drame qui aurait pu arriver à n’importe qui selon lui. Poussant la porte du commissariat, il repousse cette pensée au fond de son esprit. Mais l’idée que Charly et Noaly ainsi que le reste de leur bande ait été témoin de son accident, le trouble. Aucun d’eux n’avait l’entrainement ou la formation de secouriste. Et si ils avaient aggravés son état dans le transport ? Noam allait il rejoindre Lynn ? Cam priait intérieurement pour que cette chose ne se produise pas. Il était robuste mais parfois ça n’était jamais suffisant. Noam avait ses démons et ses problèmes familiaux étaient nombreux. C’était entre autre ce qui inquiétait Camden. Que Noam perde le soutien des siens. Car rien n’était plus important que la famille. Sans parler de la probabilité que Noaly grandisse sans son père. Aucun enfant ne méritait de traverser ça. Lui, le savait mieux que personne.

S’apercevant de l’absence du sheriff et du calme dans les locaux, il passa la tête à travers l’embrasure des pièces quand un bruit l’avertit dans la salle d’entrainement. Curieux, il s’y rendit et s’appuya dans l’embrasure de cette porte, observant une jeune femme blonde, passer ses nerfs sur un sac de sable. Décidément, elle avait l’air d’une boule de nerfs et à la façon dont elle s’y prenait, il était à parier que d’ici peu, elle aurait les mains en sang ou qu’elle se ferait une entorse. Il esquissa un lent sourire avant de lancer spontanément. « A ce rythme vous allez achever ce pauvre Doug ! » lance-t-il alors en pénétrant dans la salle. Mais c’était avant qu’elle se tourne vers lui et qu’il croise se visage qu’il avait tant croisé dans les rues de cette ville, bien des années auparavant. Il tenta de rester maître de ses émotions et pendant un instant, il resta sans voix. Lynn, il savait que ça ne pouvait être elle. Il avait été aux funérailles. Se pinçant les lèvres, il repoussa ses pensées et reprit plus légèrement avec un sourire. « Dougie aime pas être maltraité… mais si c’est par une femme, c’est encore pire. » déclare-t-il avant de tenir le sac. « Fixer un point sur le sac et frapper, tout en restant souple sur la pointe des pieds. » explique-t-il comme il avait trop l’habitude de le faire à la base.

Psychologue spécialisé dans l’aide aux victimes, voilà en quoi ce résumait son travail, ce pour quoi elle avait tant travaillée. De nature à entrer facilement en contact avec les gens, à être toujours présente, tendant toujours une oreille à ceux qui en ont besoin, elle savait quand ouvrir sa bouche et surtout quand la fermé. Parler n’est pas toujours ce qui convient le mieux, parfois les personnes ont simplement besoin qu’on les écoute pour comprendre eux même les choses. Chaque personne est unique, chacun est à prendre dans on unicité, sans ne jamais faire des ressemblances ou des comparaisons. Nous sommes ce que nous sommes, et par divers détails nous nous différons tous des autres, c’est pour cette raison que l’homme est si complexe et si intéressant à la fois. 6 milliards de personnes sur terre, 6 milliards d’être à découvrir. C’est ce qui nous permet de retomber sur nos pattes après une déception, après une dure réalité de la vie. Nous ne sommes pas seuls et quelque part il y a une personne qui vous attends, qui vous cherche, qui a besoin de vous, qui cherche à vous aider. Par cette idée, Leanne aime se dire, qu’avec ce genre de travail, elle rentre dans la vie de très nombreuses personnes, qu’elle y laisse une marque et qu’elle les aide pour rendre leur vie meilleure. Cependant, dans sa vision des choses, il n’était pas question d’être une simple psychologue libéral, à entendre des couples se plaindre, ou encore entendre des personnes pestées contre leur patron ou contre le monde parce qu’ils n’ont pas eu la voiture qu’ils voulaient, ou le job espéré. Il y a plus important dans la vie mais également plus grave. Elle voulait simplement se rendre utile, laisser son empreinte sur le monde, comme la plupart des personnes. Elle n’eut jamais de doute. Diplôme ou pas, elle était toujours présente pour ses amis, pour des inconnus qu’elle rencontrait par hasard. Maintenant les choses allaient évoluer, elle était reconnue, elle avait son diplôme, elle avait son titre, il n’y avait plus qu’à faire un pas dans la réalité de la vie et à commencer…
Elle espérait que cela se fasse à Hope Mills, petite ville où elle espérait prendre un nouveau départ tout en ayant un pied dans le passé. La tempête avait été très destructrice, des familles étaient à la rue après que leur maison se soit écroulé, une partie de la ville a été détruite, des personnes ont perdus la vie, d’autres ont été gravement blessés ou s’en sont sortis indemne. Mais personnes, même ces derniers, n’en est ressorti sans douleur, sans perte. La souffrance est au cœur de chacun. Certains ont même développés un traumatisme face à ce qu’ils ont pu vivre et voir. Elle était nouvelle, mais en même temps elle faisait partie de la ville et des souvenirs des habitants à cause de Lynn. Peu de personnes, si ce n’est personne, ne viendra vers elle, même si au fond, ils savent qu’elle pourrait leur être d’un grand secours. Soit ! Ils ne viendraient pas vers elle, alors c’est elle qui irait à eux. Dans toute histoire, peu importe soit-elle, il y a toujours une personne qui devait faire le premier, aujourd’hui se serait à son tour.

Toujours face à ses pensées, elle continua de ruée de coups le sac qui lui servait de punching ball. Si elle voulait être efficace, trouver le courage de passer outre ce que les gens penserait-elle quand elle irait vers eux, elle devait avant tout ce vider l’esprit, ou plutôt vider ses émotions et sa colère qui s’accumule depuis un moment. Elle visualisait tout depuis son arrivée en ville, le moment où les habitants la dévisagèrent, les murmures dans son dos, le regard de Charly et des autres, la solitude ressentit et la douleur d’être une nouvelle abandonnée. Elle aurait pu aller à se laisser pleurer, mais les larmes étaient finit. Décidée à aller jusqu’au bout, elle ne reculerait devant rien. Et elle devait avouée que même si elle s’y prenait mal, se défoulée de la sorte lui faisait un bien fou. Autant qu’elle le pourrait-elle se rendrait ici, refoulant tout pendant la journée et laissant la bombe explosée la nuit, à l’abri des regards.
Pourtant la discrétion était loin d’être son point fort apparemment. Tapis dans l’ombre, trop occupée par ses gestes et son ressentit, elle n’en remarqua pas la présence d’un homme qui l’observait avec détails. Ce n’est que quand celui-ci prit la parole qu’elle réalisa qu’elle n’était pas seule. Elle aurait pu être inquiétée et mal à l’aise qu’on l’ait prise sur le fait, à fouiner partout et à finir par dénicher cette pièce, alors qu’elle devait simplement s’installer à son bureau et préparée son arrivée. Pourtant sa seule inquiétude lui provoqua une grande gêne face à ce qu’elle était en train de faire. Il ne fallait être un expert pour se moquer de sa posture et de la force de ses coups. Mon dieu ! Il l’avait observé et avait dû faire preuve de beaucoup de sang froid pour ne pas rire face à ce désastre. Déstabilisée elle ne savait où se mettre, rougissant de honte. Heureusement pour elle, cela ne dura que quelques secondes, entre le moment où elle le vit et le moment où il prit la parole. « A ce rythme vous allez achever ce pauvre Doug ! ». Premiers mots, première vanne. Elle s’en doutait. Ceci dit, elle retrouva son sourire et parut plus à l’aise, ou tout du moins, c’était ce qu’elle laissait voir. Le répondant de son assaillant semblait l’amuser. « Doug ?! Sérieusement ?! Vous donnez un nom à ce vieux sac ? ». Tout autour d’elle était loin d’être moderne, au moins cela montrais que l’argent dépensé ici était bien utilisé, mais de là à donner un nom à un objet. En y repensant, elle ne put s’empêcher de vraiment sourire. Ce devait être la première fois depuis son arrivée et elle devait reconnaitre que cela lui procurait un bien être, même si elle semblait oublié la raison de ce dialogue. Car si elle semblait amusée de ce nom, lui s’amusait à ses dépens face à ce qu’il avait vu. Mon dieu, faite qu’il n’en ai vu que quelques secondes.
Alors qu’il s’approchait vers elle, elle fit un pas en arrière, comme pour se protéger face à ce qui allait arriver. Sur qui était-elle encore tombée ? Cette ville regorgeait de fou, en particulier à son égard. A quoi pouvait-on s’attendre d’un homme qui donnait des prénoms aux objets ? Si ça se trouve il ne faisait même pas parti du commissariat, ou alors derrière une cellule. Seul endroit où elle n’avait pas mis les pieds. Tant d’idée lui passa par la tête qu’elle ne réalisa pas tout de suite qu’il c’était avancé pour seulement lui tenir le sac. « Dougie aime pas être maltraité… mais si c’est par une femme, c’est encore pire. » . Il fallait avouer que niveau paranoïa, elle en avait à revendre. Quelques peu soulagée sans être pour autant rassurée, elle resta sur ses gardes. « Dougie… », commença-t-elle en insistant bien sur le nom, « …n’a pas du rencontrer beaucoup de femmes vu son état ! Vous n’aviez qu’à le mettre derrière un de vos bureaux et non l’accrocher au plafond, comme un vulgaire sac de punching ball qui n’attend qu’à recevoir des coups ?! ». Arquant un sourcil de questionnement, elle entra doucement dans son jeu souriant une fois de plus. Seulement quand il commença à lui donner des conseils sur sa posture, son regard, etc. elle se stoppa. Fixant son regard, plutôt qu’un point sur le sac, elle lui répondit au tac au tac : « Pour que vous puissiez une fois de plus apprécier le spectacle et vous moquez ouvertement ? Sans façon !». La situation avait déjà été suffisamment humiliante, elle n’allait surement pas remettre ça et lui offrir satisfaction !

Son quotidien avait changé du jour où il fut retiré du terrain. Camden avait eu du mal à accepter d’être mis au placard. Dans un premier temps, il n’avait pas réinvestit ses fonctions au sein de l’armée. Les blessures dont il avait été victimes méritaient un soin et un repos particulier. Outre ça, Camden n’était pas le genre d’homme à rester enfermer entre quatre murs. Il devait s’occuper. Mais lorsqu’on vous met au placard en vous disant que vous aurez de la chance si vous pouvez remarcher un jour, c’était le genre de défi qui piquait sa virilité. En bon militaire, il avait fait ce qu’on attendait de lui. Il s’était reposé mais surtout, il avait enchainé les séances de rééducation pour se remettre sur pieds. Il avait conscience que jamais, il ne retrouverait la condition physique qu’il avait par le passé mais c’était un homme volontaire. Ce qui, en règle générale, lui ouvrait facilement des portes. Plusieurs mois c’étaient écoulés jusqu’à ce qu’il soit enrôlée pour le poste d’instructeur, il avait assisté un colonel avant que ce dernier ne prenne sa retraite. Et depuis, il était en charge de ce groupe de gamins qui se prenait déjà pour les futurs héros de la nation. Mais, ils ignoraient encore tout de l’atrocité qui les attendait sur le terrain et quelque part, Camden en était désolé pour eux. Parce qu’il savait mieux que personne. Et que parfois, il rêvait de retourner sur le terrain et oublier cette vie minable comme il la qualifiait depuis qu’il devenu instructeur.

Pour éviter de trop s’appesantir sur ses problèmes ou sur sa vie de divorcé compliqué, il dépensait son énergie dans toutes les occasions qui se présentait à lui. Il proposait ses services en tant que volontaire dans de nombreuses associations, tout comme à la police locales comme lors de la tempête. Bien que sur le coup, il songeait qu’il aurait pu s’en abstenir. C’était cette bonne action qui lui valut de tomber sur Angie et ça n’était pas forcément pour le mieux. Désormais, elle ne quittait plus ses pensées et le torturait un peu plus chaque jour. C’est aussi pourquoi, il se baladait si peu dans les rues de la ville. Il se terrait chez lui ou à la base, l’un des rares endroits où il se sentait en sécurité. Car avec Angie, il devait toujours être prêt à affronter une guerre ou un ouragan.

Se faisant, après un détour par la plage, il fit un crochet au commissariat. Comme bien souvent lorsqu’il avait un jour de congé, il tournait comme un lion en cage dans son appartement. C’était le problème d’être quelqu’un de très actif et qui au fil du temps allait surement devenir l’un de ses bureaucrates de l’armée qu’il déteste tant. En l’occurrence, il referma la porte du commissariat derrière lui avant de jeter un œil dans les pièces. Le calme et le silence étaient plutôt inhabituels pour ce lieu. Mais parfois en pleine nuit, il lui arrivait de passer faire un tour et tomber nez à nez avec le sheriff pour une longue conversation. Après tout, il l’avait vu grandir et pour Camden, il était un peu la figure paternelle qui avait manqué durant toute son enfance. Un bruit venant de la salle d’entrainement attira son attention et il s’y faufila, tout en restant silencieux durant de longue secondes alors qu’un sourire moqueur se dessinait sur son visage. Appuyé contre le chambranle de la porte, il observait le spectacle. Une jolie blonde tapant sur Dougie. Ce dernier ne devait pas trop apprécié d’être malmené de la sorte. A continuer sur sa lancée, elle risquait plus de se blesser, que de faire mal à Dougie, le sac de sable. « Doug ?! Sérieusement ?! Vous donnez un nom à ce vieux sac ? ». Un sourire sur le visage, il m’approcha d’un pas lent, espérant que la douleur lancinante dans sa jambe s’apaise au fil des heures. « C’est toujours mieux que : Vieux sac de sable ! » ironise-t-il tout en avançant, notant mentalement la méfiance qu’elle avait à son égard et le geste de recul qu’elle eut. « Dougie… », commença-t-elle en insistant bien sur le nom, « …n’a pas du rencontrer beaucoup de femmes vu son état ! Vous n’aviez qu’à le mettre derrière un de vos bureaux et non l’accrocher au plafond, comme un vulgaire sac de punching ball qui n’attend qu’à recevoir des coups ?! ». « Dougie était un macho. Sa tendance à brutaliser les femmes, lui vaut d’être derrière les barreaux pour les dix années à venir. » Explique Camden sans trop rentrer dans les détails. Car Dougie était bel et bien réel. Il n’était qu’une brute qui avait violé et brutalisé ses exs. Pas vraiment un exemple. Par chance, les flics étaient parvenus à convaincre ces femmes de porter plainte contre lui. « Et notre Dougie, ici présent… » déclare-t-il en tenant le sac de sable « est la cible de toute notre ville, parce qu’on ne veut plus d’être tel que lui. C’est pourquoi… je vous présente Dougie, qui ne peut pas se défendre et doit subir les assauts réguliers de tous les officiers du commissariat. » Il se retint d’ajouter que l’avantage c’était que les officiers dépensaient leur énergie correctement avec entrainement à l’appui. De plus, Camden se montrait toujours présent sur le sujet. Il était si bien placé pour leur apprendre des méthodes de défense, même si certains d’entre eux n’appréciaient guère qu’un jeunot leur prodigue des cours de self défense. C’est d’ailleurs sans vraiment y réfléchir qu’il en vint à donner des conseils à la jeune femme dont il ne connaissait toujours pas l’identité. Hormis cette ressemblance frappante avec Lynn. Aurait-elle une sœur ? Cette question le turlupine, mais il n’est pas celui qui lui posera des questions. D’autres dans cette ville le feront bien mieux que lui. Tout comme il n’osait trop imaginer les réactions de Charly et du reste de la bande. Cela risquait de s’avérer difficile à vivre. « Pour que vous puissiez une fois de plus apprécier le spectacle et vous moquez ouvertement ? Sans façon ! ». Elle l’obligea à sortir de ses pensées. Il lâcha le sac, un petit sourire aux lèvres. « J’pourrais me moquer de vos petits bras qui, demain seront totalement endolories, à cause des coups donné à Dougie… j’pourrais me moquer de votre posture ou encore de vos bandages qui ne sont pas assez serrés car vous auriez pu vous fracturer le poignet… je vous donnais juste quelques conseils… j’suis payé pour ça. » hausse-t-il alors les épaule, plongeant son regard dans le sien. « Ainsi, elle avait une sœur… si j’en déduis votre présence en ville. » Il ne prononçait pas le prénom de Lynn mais il était dans l’air. Camden a toujours vécu ici, il sait des choses que d’autres ignorent. Il connaissait bien Lynn et ils leur arrivaient d’avoir de longues conversations. Et elle lui manque à lui aussi mais il est un soldat aguerrie. Il garde ça sous cette carapace. Il se rapproche alors d’elle pour l’aider à se défaire de ses gants et bandages, avant de lui tendre la main. « Je m’appelle Camden. »

Deux fois. Cela faisait deux fois qu’elle passait pour une idiote en moins de 10 min. S’il y avait une palme d’or pour ça, elle l’emporterait haut la main, et ce bien souvent à ses dépens. Se tenir face à « Doug » les poings levés, donnant des coups sans ne rien maitriser, allant même jusqu’à provoquer un rire moqueur de son invité surprise et découvrir la réelle histoire de ce « Doug ». Elle avait gagné le gros lot ! Quelques secondes auparavant, elle souriait naïvement face à ce nom donné à un vieux sac, sourire disparaissant aussitôt en découvrant la raison de ce nom. « Un transfert, hein ?! ». C’était plus une question rhétorique qu’autre chose. Ils avaient eu une excellente idée. Une thérapie créer pour soigner le mal contre le mal. Transférer la conscience de ce Doug humain à un vulgaire sac afin de remonter la pente sur le traumatisme que cela avait dû causer à la ville. Elle n’osait qu’imaginer toute la frustration que la police pouvait ressentir à ce moment. Regrettant surement de ne pas l’avoir arrêté plus tôt, de se dire que d’ici une dizaine d’année tout pourrais recommencer ?! Chaque jour, ils pouvaient passer leurs nerfs sur cette nouvelle version de lui, sur cette version plus faible, qui n’a aucun pouvoir sur personnes. Voyant que ce sujet était sensible pour lui, elle préféra ne faire aucun commentaire, hochant simplement la tête afin de lui faire comprendre qu’elle comprenait.

Toujours positionnée de façon à ce qu’il n’y ait que ce « Doug » qui les séparait, elle avait les bras croisés au niveau de la poitrine, le regard planté dans cet homme qui c’était moqué d’elle quelques minutes avant. Bien évidemment il y avait surement de quoi, mais comment réagiriez-vous ? Ne seriez-vous pas déstabilisée et gênée ? Car c’était ce que ressentait la jeune femme en ce moment même. Alors évidemment quand il lui donna des conseils, elle refusa immédiatement le moindre geste de sa part. Il y aurait du boulot avec elle. Mettez là dans une querelle de fille, le crêpage de chignon, les griffures, les mots blessants, ça elle savait le gérer, mais apprendre à porter ses coups et à se battre réellement, c’était tout autre chose ! Moquerie et crise de fou rire, voilà ce à quoi elle s’attendait si elle l’écoutait. Seule face à ce sac, tout se passais bien, mais sentir un œil sur elle ne la faisait que se sentir plus ridicule qu’autre chose ! « J’pourrais me moquer de vos petits bras qui, demain seront totalement endolories, à cause des coups donné à Dougie… j’pourrais me moquer de votre posture ou encore de vos bandages qui ne sont pas assez serrés car vous auriez pu vous fracturer le poignet… je vous donnais juste quelques conseils… j’suis payé pour ça. ». Payé ? Il travaillait alors forcément ici, et ne venait surement pas pour déclarer un vol ou toute autre chose ! C’était bien sa veine, elle allait donc être amené à le voir très souvent. « Payé pour donner des conseils ? Vous d’vez les entrainer eux, les gars en uniforme nuance. Je ne suis que la psy ici, non une nouvelle recrue. Alors je doute que vous soyez payé pour apprendre ce genre de technique à une civile. Mais merci… Au premier salaire, j’prendrais p’t’être des cours particuliers ». Souriant de toutes ses dents, tel un sourire email diamant, elle se sentit plus à l’aise. Bien que leur rencontre ait mal commencé, elle sentait qu’elle pouvait avoir confiance. Il avait quelque chose de rassurant dans son regard, dans sa façon de parler, quelque chose qu’elle appréciait et qui lui faisait retrouver un bien être intérieure. Après tout, d’un point de vue extérieur, elle aussi aurait surement été en train de rire si elle c’était vue frapper ce Doug ! Face à cette idée, elle pensa immédiatement à Lynn et à tout ce qu’elles avaient raté. Hasard ou lien psychique, son sourire s’effaça doucement. « Ainsi, elle avait une sœur… si j’en déduis votre présence en ville. ». « Elémentaire mon cher watson ! », ajouta t-elle, « Les Tanner semble réserver beaucoup de surprise en ce qui concerne leur famille ». Entre Leanne qui avait été rejeté et Noam qui était adopté, séparé de son jumeau, elle n’en pensait que du mal. Qui pouvait séparer des frères et sœurs ? Des jumeaux d’autant plus ?

Ce n’est que lorsqu’il s’approcha d’elle pour la défaire de ses bandes qu’elle sentit une légère douleur. Elle ne put s’empêcher de grimacer au contact de ses doigts, provoquant irrévocablement un sourire entre eux. Sourire qui cachait un « je vous l’avais bien dit ». Une fois ses mains dégagées de sa pauvre protection, elle saisit la main de Camden lui tendait, « Leanne ». Bien qu’elle soit son sosie, qu’elle se ressemble physiquement et sans doute dans leur caractère également, il y avait des différences. Différences que peu de personnes ne cherchaient à découvrir, s’arrêtant immédiatement au physique, à l’image qu’elle leur renvoyait. Elle était vue comme la pestiférée de la ville à cause de cette image. Elle rappelait aux habitants leur amie perdue, errant dans les rues tel un fantôme, ravivant leurs souvenirs, leur peine et leur douleur. Elle n’avait pas demandé à avoir une jumelle et encore moins à être abandonné ! Tous semblaient l’oublier, mais elle était une victime. Victime qui avait besoin de la vérité pour réapprendre à vivre. Apprendre qui elle est, parce qu’à vrai dire, aujourd’hui elle ne le sait plus. Elle comprenait leur douleur, mais ils avaient pu la connaître alors qu’elle non. On lui avait ôté ce droit. Elle était ici dans ce but et à part rencontrer des portes fermées, elle n’avait pas avancée dans ses recherches. « Vous la connaissiez ? », se risqua-t-elle enfin à lui demander, au détriment de se prendre une nouvelle baffe en pleine figure !