« - Tu vas t’ouvrir à la fin ! J’te promets que si tu résistes encore, c’est le pied de biche qui t’attends ! » Vocifère Blake contre cette serrure qui refuse de s’ouvrir. Il était à peine 9 heures qu’il rentrait du Catalyst, avait oublié ses clés dans l’appartement et que Joyce lui avait laissé un mot sur la porte, qu’elle était partie au boulot. Résultat, il se trouvait à la porte de son appartement sans pouvoir y pénétrer. Un bon moyen de lui mettre les nerfs à vif.

Rien n’allait. Il avait commencé a utilisé les petites pinces. Vous savez celles qui rendent bien services et que vous laissez dans la boite à gant de la voiture. Accroupi devant la serrure, il tentait en vain de faire s’ouvrir cette satanée porte. Sauf qu’il n’avait pas une once de patience lorsqu’il était fatigué – quoique c’était guère mieux même lorsqu’il était reposé – mais là, c’était tout simplement trop pour le jeune musicien. Cette porte ne gagnerait pas le combat. Oh que non ! Blake avait grandi en foyer, vécu un moment dans la rue, alors oui il connaissait certaines ficelles. Il avait aussi eu droit à quelques séjour au commissariat alors, ça faisait bien longtemps qu’il avait perdu cette auréole d’ange même si sous ses airs d’ours, il pouvait s’avérer être un type bon.

Toutefois, il n’était pas question qu’il attende une minute supplémentaire pour rentrer s’affaler sur son lit et dormir. Un coup de pied dans la porte, une bordée de juron plus tard, rien n’y faisait. Visiblement, il était également un peu trop bruyant. La porte d’à côté s’ouvre. Son agacement ne fait que s’amplifier depuis quelques jours. En fait depuis sa soirée avec Regan, il est à cran. Il ne sait pas ce qu’il doit faire vis-à-vis d’elle. Ça le travaille et en même temps, il se dit qu’il ne devrait pas s’attacher à elle. Elle a fille, une famille, pas besoin qu’elle tire en plus un boulet comme lui. C’était une très mauvaise idée que de songer à une relation avec elle. Complètement dingue oui !
Tournant la tête, il n’est pas sans savoir qui est la voisine. Hope Mills n’est certainement pas ce genre de ville ou les secrets restent scellés jusqu’à la fin de vos jours. Tout le contraire. Il croise son regard et se contente d’un vague sourire embarrassé.

« - Bonjour… Bishop numéro 3 » C’était complètement débile. Oh il en avait conscience. Mais la numéro un et deux habitant à la résidence Liberty. Avec des numéros, il s’en sortait à merveille. C’était aussi une façon pour lui de se montrer affectueux avec une espèce de surnom complètement nul. Mais c’était Blake. Il était tout sauf ce qu’on pouvait imaginer. Il numérotait les gens et appelait sa guitare, la femme de sa vie. Avec ça, il était évident qu’il ne pourrait jamais passer pour un type tout à fait normal. Et paradoxalement, il sait aussi que son charme opère sur la majorité des femmes. Quand à Bishop numéro 3, il ne savait trop quoi penser. Surtout lorsqu’elle portait sur lui ce même regard insistant qu’il avait déjà croisé plutôt dans celui de Bishop numéro 1, alias Regan.

Spoiler:

Le jour était mal choisi. Sa nuit avait été longue et il ne rêvait que d’une chose, se laisser tomber sur son lit et fermer les yeux. Pas pour oublier, mais pour pioncer. Laisser le sommeil l’envahir et partir à la recherche d’un rêve ou de quelque chose qui le transporterait dans un autre monde. Bien loin de toutes ses histoires de famille surtout. Vivre sous le même toit que Finnigan, c’était pratiquement apprendre à vivre avec la bande. Il n’y avait pas un jour où l’un d’entre eux ne débarquait pas à l’improviste. Ce qui avait le don de lui mettre les nerfs en pelote. Et là, après une nuit chargé au Catalyst puis s’être assuré qu’Austin ne se planquait pas autour de chez Regan, Blake avait finalement décidé de rentrer dormir un peu. Enfin pour ça, faudrait-il encore qu’il puisse pénétrer dans l’appartement. Joyce était partie depuis au moins une heure. Ses clefs, il les avait oublié à l’intérieur et, comme un brave idiot, il se trouvait à la porte de son chez lui. Malin ça. Ceci dit, il avait déjà eu recours aux pinces pour tenter d’ouvrir sa serrure mais pour l’instant rien. Le coup de pied qu’il donna dedans n’eut guère plus d’effet sur la porte. Par contre, il eut le loisir de voir la porte voisine s’ouvrir. Et machinalement ses mots franchirent ses lèvres comme si de rien était. « Bonjour… Bishop numéro 3 » En même temps, qui d’autre que lui aurait pu avoir l’idée de les numéroter ? S’accroupissant devant la porte, il reprit ses pinces dans l’espoir d’entendre un déclic. Mais rien. Un jour viendra où il se vengera sur cette porte. « Salut RIVERS ! Bah alors... Qu'est ce que tu fais comme ça dans le couloir ? Un problème ? » Il leva rapidement les yeux vers elle et grimaçant, revint à son occupation. Un problème ? Non. Les problèmes c’était pour les autres. Lui, il s’en sortait toujours. Il n’était pas le genre à se laisser abattre par une porte réticente. Il en avait vu des plus costauds à qui il avait cassé la figure. Bien qu’il n’en soit pas aussi fier qu’on peut se l’imaginer. « J’me tape la discute avec ma porte ! » grince-t-il avant de réaliser qu’il avait peut-être merdé. Bishop numéro 3 était quand même la sœur de Regan, s’il faisait pas gaffe elle pourrait lui en vouloir et ça ferait encore un tas d’histoire. Comme s’il n’y en avait déjà pas assez. Quoiqu’il n’y avait rien de bien défini entre lui et Regan. Il hésita une seconde et laissa filer silencieusement une excuse qu’il prononcera peut être dans le futur. Il reprit alors ses pinces et observa le bout de celles-ci avant de les incruster une fois de plus dans la serrure avant qu’un léger déclic se fasse finalement entendre. Le son de la victoire. Il allait pouvoir rentrer dormir à moins que Bishop numéro décidé de lui faire la conversation au milieu du couloir où tous les voisins pourraient les observer et les entendre.

Ces temps ci, il ne savait jamais sur quel pied danser. Et ça n’était qu’un mauvais jeu de mot pour ce grand gaillard qui possédait un talent inné pour la musique mais qui était incapable de ne pas écraser les pieds de sa partenaire. Enfin, là n’était n’était pas la question. Il avait passé sa nuit au Catalyst. Il avait fait la fermeture et s’était assuré que tout était en ordre à son départ avant d’aller garer sa voiture en bas de chez Regan. A vrai dire, il aurait pu l’appeler la veille pour lui demander s’il pouvait passer en fin de soirée. Mais il avait peur de passer pour ce type qui s’accroche à elle. Et pour être honnête, il a peur de ce qui se passe entre eux. Ça ne lui est jamais arrivé. D’habitude, il ne revoyait jamais ses conquêtes. Sauf qu’elle avait éveillé quelque chose de nouveau chez lui. Un intérêt. Ce besoin viscéral de la protégé d’Austin. Et depuis au moins trois fois par semaines, il planquait en bas de chez elle jusqu’au petit matin pour s’assurer qu’Austin ne rôde pas dans les parages. Et c’est comme ça, en rentrant chez lui à 9h du mat’ qu’il se retrouve face à une porte fermée et récalcitrante. Enfin pas pour longtemps. Pour ça, il devait se concentrer mais sa tête était ailleurs et finalement c’est à force de coup de pied et d’épaule qu’il tente de défonce cette porte mais c’était à croire qu’elle était blindée. C’est seulement à cet instant, qu’il réalise le raffût qu’il fait et que la porte voisine s’ouvre. Bishop numéro 3 comme il l’appelle lorsqu’il la croise. La conversation, bien que gênante s’installe. « Ah ! Et elle te répond au moins ? » Le bruit du loquet se fait entendre et un petit sourire se dessine sur les traits virils du jeune Rivers. « On a trop fait la fête hier... » Haussant un sourcil, il la fixa une seconde. « J’vois pas c’qui te fait dire ça. » se permet-il d’ajouter avant de la voir disparaitre en vitesse dans son appartement. Planté au milieu du couloir, il se sentait vraiment stupide tout à coup avec ses pinces entre les mains. Son regard fut pourtant attiré par la jeune femme qui ressortait d’une pièce, qu’il imagina aisément être les toilettes. Appuyée contre le mur, son regard se fit plus accru. Il savait que les jeunes aimaient souvent s’oublier entre sexe, drogues et alcool mais ça n’était pas dans les gênes des Bishop. Il l’avait compris avec Regan. La nuit qu’ils avaient passée ensemble avait été éblouissante mais il savait que ça n’était pas dans ses habitudes de s’adonner à cette tendance avec un simple inconnu. Ainsi, il songea que Sloan ne devait pas être très différente de sa sœur. Alors qu’elle revenait près de la porte, il l’écouta ce qu’il devina bien trop vite à ses yeux comme un mensonge cousu de toute part : « Bon d'accord... C'est moi qui n'aurais pas dû faire la fête hier. Désolée pour... l'affichage de gueule de bois… » Il resta un instant, hésitant. Devait-il soulever son mensonge ou faire comme s’il y croyait dur comme fer ? Il se pinça alors la lèvre avant de tourner la poignée de sa porte. « Allez viens Bishop numéro 3, j’vais te oublier ta gueule de bois… a moins que ça soit autre chose que tu couve. » marmonne-t-il avant de tourner la tête vers elle. « Promis, parole de voisin ! J’irais rien raconter à ta sœur. » Enchaine-t-il avec un sourire en coin, espérant la convaincre qu’elle le suive à l’intérieur de l’appart. Restait à espérer que celui-ci soit rangé. Mais il ne s’en souvenait plus vraiment, s’il l’avait fait la veille en partant en vitesse au point d’en oublier ses clés.

La journée commençait à peine que je sentais les ennuis s’accumuler dès l’instant où la porte se mit à me résister. Il n’était pas question que ça se produise dans ses conditions. Pas question que je reste derrière MA porte à attendre le retour de Finnigan, qui se foutrait bien de ma gueule d’ailleurs. Non, je devais rentrer. Fort heureusement pour moi, que j’étais débrouillard. Vivre dans la rue, ça aide. La preuve en est, à cet instant. Le verrou se déclenche alors que Bishop numéro 3 revient, blafarde, à la limite de tomber dans les pommes. Qu’étais-je sensé faire, la laisser retourner chez elle, seule ou elle risquait un malaise ? Okay, je pourrais le faire. Et si Regan apprenait que j’avais été présent lors des faits, elle pourrait opter pour me laminer comme jamais. Mais pourquoi je pense encore tant à ce Regan pense ou peut penser. J’ai l’impression de me perdre avec elle, dans un monde qui m’est totalement inconnu. Aux mots de la jeune blondinette, il est évident qu’elle n’a pas la tête d’une personne se tapant un lendemain de cuite. Rien que la lumière la tuerait sur place or, il n’en n’est rien. Je l’invite alors à rentrer dans l’appartement pour l’aider à passer ce mauvais moment. « D'accord, je viens chez toi, mais promet moi de ne pas me torturer pour savoir ce qu'il c'est passé ! » J’esquisse un demi-sourire rassurant. Comme si j’étais de ses commères à toujours chercher à connaître les secrets des uns et des autres. « Je suis du genre à torturer les jolies filles ? tu m’en apprends une là ! » ironisais-je avec bien plus de décontraction qu’habituellement. Je lui assurais alors que je n’irais rien raconter à Regan mais si cette dernière me posait des questions, je lui dirais ce que je sais, c’est-à-dire rien de bien particulier. « Mais il n'y à absolument rien à raconter à ma soeur ! Puisqu'il n'y a rien du tout. Je ne suis pas sortis hier soir, j'ai pas de gueule de bois c'est vrai, c'est autre chose, un truc de filles tu vois ? Chaque mois on a ça moi ça me fait aller aux toilettes, enfin... Je vais te passer les détails si t'es d'accord et maintenant entrer dans ton humble demeure de RIVERS ! » Je rigolais doucement, elle me croyait sortit d’où ? Je secouais la tête en refermant la porte derrière elle, avant de me diriger dans la cuisine. « Mets toi à l’aise, j’en ai pour deux minutes. » répondis je alors en sortant, une boite de bicarbonate d’un placard. C’était mon remède pour tout un tas de maux. Et quoi qu’on en dise, c’était efficace. Une cuillère de bicarbonate de sodium, puis ajoutant de l’eau, j’en profitais alors pour mettre la cafetière en route. Finnigan avait le don de m’agacer pour ça. Elle me laissait la cafetière vide. Et j’avais réellement besoin d’un café de toute urgence. Je retournais au salon avec le verre d’eau et les croissants dont Finnigan ne s’était pas goinfrée ce matin là. « Bois ça. » la fixais-je en lui tendant le verre. « C’est pas empoisonné. Ça te soulagera un moment. » poursuivis-je avec une douceur qui ne m’était pas habituelle. « Essaie de croire à tes mensonges avant de les dire. C’est pas mes oignons, mais si t’as des problèmes la porte est toujours ouverte, ok ? »