Installée sur le comptoir, mes jambes se balançant dans le vide, j'aborde une mine boudeuse, les lèvres en cul de poule. Intriguée et ne sachant toujours pas ce qu'on aura au dîner. Les surprises, j'aime bien mais je suis un vrai pile électrique jusqu'à que la surprise me soit dévoilée, je crois que je suis une grosse curieuse, voilà tout et que même un truc aussi insignifiant comme le menu de ce soir, ca me titille de ne pas le savoir. « J'ai juste besoin que tu te douches, tu pues le crottin ! » Je descend de mon trône, une main sur la poitrine. Je prend un air outrée et fait claquer ma langue. « Je vois. Je vois. Très bien, mademoiselle Kane, puisque c'est ainsi, je vous dispense de mon odeur de crottin. Je le dirais à Talisman que t'as dit qu'il pue ! » Mes joues se colorent un peu, car au fond, j'y suis sensible à ce genre de remarque. Susceptible oui, surtout sur ce qui attrait à mon physique. Je peux pas m'en empêcher et pourtant je sais qu'elle rigole. C'est plus fort que moi. Je la frôle et me frotte un peu à elle pour partager mon parfum naturel et court dans la salle de bain en me marrant. « Comme ça tu as la même odeur que ton plat ! » La porte de la salle de bain claque et je me défais déjà de mes vêtements rapidement. Je me positionne sous le jet d'eau chaude et me laisse glisser contre le mur pour finir assise sur le sol de la douche. L'eau ruisselle sur ma chevelure rousse et mon corps. La buée a déjà envahit la pièce et j'ai une sensation d'étouffer. J'ouvre les yeux malgré l'eau qui coule sur mon visage, je vois flou comme si je pleurais. C'est bizarre comme on pense qu'on a pleurer tout notre saoule, toute les larmes de son corps mais on pleure toujours. Oui. Encore aujourd'hui, il m'arrivait de pleurer encore Kieran, de me surprendre à passer une main à sa place dans mon lit pour le chercher. Les habitudes j'imagine. Seulement à chaque fois que je me souviens qu'il n'est plus là, qu'il m'a quitté, mon coeur se serre et j'ai l'impression qu'il se brise encore plus. Tout le monde me dit que le temps fera son oeuvre, seulement moi, je trouve que le temps prend trop son temps. Je lâche un petit cri quand l'eau chaude devient froide. Oops. Plus d'eau chaude. Je me savonne en quatrième vitesse, me rince et sort de la douche en grelottant. Je cours dans ma chambre « Liiiiiiilly ! Y'a plus d'eau chaude ! » J'hurle en clopinant. Dans ma chambre, j'enfile un pyjama en coton noir et un débardeur orange et va rejoindre ma colocataire dans la cuisine. Nichée sur un comptoir, je m'applique à sécher ma chevelure avec une serviette. « T'es sûre que tu veux vraiment pas d'aide ? Remarque, tu t'en sortiras peut-être. Pendant ma douche, t'as rien fait brûler ! » Je lui fais un large sourire alors que mon ventre se met à gargouiller. Il faut avouer que je n'ai rien manger de la journée alors je crève de faim. Tout en balançant mes pieds dans le vide, telle une gamine, je fredonne une chanson, celle que ma mère me chantait petite qui parle d'une souris verte qui court dans l'herbe et se transforme en escargot tout chaud. Débile je sais. « Liiiiiiiilly » Dis-je en une longue plainte aigüe « J'ai faaaaaim » Parfois je me demande comment elle fait pour me supporter, parfois je me trouve moi-même chiante. C'est peut-être pour ça que Kieran m'a quitté, qu'il m'a désaimer. Alors mon regard se perd dans la mer, j'ai tout à coup envie de pleurer mais je veux pas, je me mords la lèvre aussi fort que possible. Kieran, sort de ma tête. Va-t-en. Laisse-moi.

Parfois Lillyana se disait que la jolie française aurait du être comédienne. En tout cas, elle devait en être une bonne auprès de ses parents, elle n'en doutait pas ! Avec sa petite moue et son visage poupin, elle devait obtenir tout ce qu'elle voulait. Mais Lillyana ne craquerait pas ! Il lui faudrait attendre pour découvrir ce qu'elle avait préparé. Elle joua à son petit jeu des vannes et l'envoya prendre sa douche. Elle remarqua que l'histoire d'odeur de crottin semblait la toucher, ou bien se faisait elle des idées ? Oh après tout c'était de bonne guerre et il elle n'avait pas dit ça méchamment. Certes elle sentait un peu le cheval mais ce n'était pas une odeur désagréable. « Je lui ferais un carott cake et il ne m'en voudra plus ! » lui répondit elle en rigolant alors qu'elle menaçait de le répéter à son cheval. Evidemment c'était idiot de croire qu'un animal pourrait se vexer, ou même comprendre mais elle savait à quel point il comptait pour Vivienne. Un peu comme un ami, un confident. Elle pouvait comprendre, elle même avait eu un chat auquel elle tenait plus que tout. Aujourd'hui elle ne voulait plus d'animaux : des bêtes à chagrin comme disait son père.
Elle se frotta à elle avant de partir dans la salle de bain, et renchérit sur l'histoire de crottin. « Si tu continues, tu n'en auras pas ! » Elle la regarda partir et mis la table. Rien d'extravagant, ce n'était qu'une soirée entre amies. Heureusement qu'elle n'était pas du genre à se mettre la pression sinon elle serait terrifiée à l'idée de présenter ses mets à sa colocataire. A un moment donné elle entendit Vivienne déclarer qu'il n'y avait plus d'eau chaude. Il fallait qu'elles songent à prendre un ballon plus gros, il lui était arrivé plusieurs fois de se rincer les cheveux à l'eau froide et ce n'était pas agréable du tout !
Vivienne revint en pyjama, s'installa sur l'un des hauts tabourets et la taquina à nouveau en séchant ses cheveux. Elle avait encore plus l'air d'une petite fille, Lilly la trouvait chou bien qu'elle fut une véritable emmerdeuse. « Rend toi utile, choisis un vin ! Et va t'asseoir, j'apporte l'entrée. » Lilly aussi avait faim. Souvent lorsqu'elle était seule elle ne se faisait pas à manger, se contentant de grignoter. Parfois même, plongée dans l'écriture de son roman elle oubliait tout bonnement de manger !
Il lui sembla apercevoir les yeux de Vivienne briller mais elle n'en fut pas sûre. « Ca va ma chérie ? » Elle n'aimait pas voir les gens tristes. Parfois elle ne pouvait rien faire pour arranger leur humeur mais elle savait écouter, ce qui bien souvent était déjà beaucoup. Finalement ce dîner entre amies tombait peut être à pic ! La bonne bouffe et le bon vin adoucissent la peine, c'est bien connu. A ça vous ajouter une épaule sur laquelle s'épancher et souvent après vous vous sentez mieux. Et tout compte fait, peut être qu'elle aussi aurait des choses à dire. Non pas qu'il se passait tant de choses dans sa vie mais... Mais peut être que le problème était là !

Toujours posté sur mon comptoir à sécher mes cheveux, j'ai remarqué qu'elle avait mis la table. J'aurais dû prendre en rentrant du travail un petit bouquet de fleur. Rien de bien pimpant, juste histoire d'égayer notre table, une petite touche finale. Puis au pire, si le dîner est raté, on aurait grignoter les fleurs devant la télé, comme des lapines. Cette pensée me fit un peu glousser dans ma barbe. « Rend toi utile, choisis un vin ! Et va t'asseoir, j'apporte l'entrée. » Je sursaute en entendant sa voix et m'exécute docilement balançant ma serviette humide sur mon épaule. Devant les bouteilles de vins alignées, j'hésite. En plus je suis vachement avancé, je ne sais pas ce qu'on mange alors dans le doute, je prend un rosé et clopine gaiement vers la table à manger où Lily dispose l'entrée, je ne saurais pas dire ce que c'est mais ça a l'air bon. Mon ventre gargouille, sachant pertinemment qu'il va bientôt être rempli. Je pose la bouteille sur la table et m'installe trépignant d'impatience. « Ca va ma chérie ? » Je relève la tête vers elle avant de baisser les yeux sur mon assiette. Techniquement oui, ça va. Mon estomac a faim et je vais bientôt le nourrir, je ne suis pas mourante, je suis en bonne santé, j'ai toute mes fonctions alors oui, je vais bien. Mais j'en ai pas l'impression. J'ai comme l'impression d'être vide et que parfois ce vide me déchire de l'intérieur. Le pire c'est de ne pas comprendre, ne pas savoir pourquoi il est parti, pourquoi il m'a laissé. Alors je me dis qu'il m'a juste désaimer mais je trouve ça impossible. Enfin je sais plus, je sais pas. Kieran, il a tout fait valsé d'un geste, d'un mot. De prairie verdoyante, mon coeur s'est retrouvé plaine désertique. Le désert de mon coeur. Seulement, je me dis que pour lui, à cause de lui, je ne devrais plus pleurer et que ce dîner préparé par mon amie, je ne devrais pas le gâcher par des larmes. On devrait rire et papoter. C'est pas le moment opportun. Peut-être plus tard ou pas. Parce que je lui ai tellement parler de Kieran que si ça se trouve elle en a marre. Je veux pas la saouler Lily. Alors je redresse la tête et lui décoche un sourire « Ca va, bichette ! Je vais enfin pouvoir manger miam ! » Je dis d'un ton enjoué et saisit mes couverts après avoir déposer délicatement une serviette sur mes genoux. J'observe le plat sur la table, je ne sais pas trop ce que c'est mais ça a l'air trop bon. Je me penche pour me servir et en mets un peu dans l'assiette de Lily en prenant soin de levé le petit doigt comme ma mère m'avait appris. Habitude que je n'arrivais pas à me défaire et qui faisait parfois rire les gens. Moi non, ça me faisait pas rire et je voyais pas en quoi. Généralement, mon visage devenait rouge dans ce genre de situation. Je me recale confortablement dans ma chaise et prend une bouchée. Je mâche et mâche. Si je ne me retenais pas et gardais pas une contenance, je crois que je dévorerais mon plat tellement mon ventre réclame d'être nourri et tellement c'est délicieux. On n'est pourtant qu'à l'entrée j'imagine le reste. Lily a toujours bien cuisiné, heureusement qu'elle est là car moi, je suis nulle. Mes compétences s'arrêtent à ouvrir une boîte de conserve et la verser dans une casserole, c'est tout ! Finito ! « C'est trop bon, Lily ! Au faite, c'est quoi ? » Demandais-je avant de reprendre une bouchée, savourant le goût qui s'échappe dans ma bouche. C'est trop bon ! Et je le répèterai jamais assez !

La table mise, elles n'allaient pas tarder à passer à table. Enfin ! Cuisiner lui donnait toujours une faim terrible. Elle lui demanda de choisir un vin, sans préciser quel genre mais peu importait. Elle aimait tous ceux qu'elles avaient et se doutait bien que Vivienne ne choisirait pas un blanc trop sucré. Elle avait choisi un rosé : parfait. D'accord Lillya n'était pas oenologue et ferait peut être criser l'un d'eux mais pour elle le vin et les plats se marieraient bien ! Au pire elles ouvriraient une deuxième bouteille. Après tout, elles se fichaient bien de se coucher un peu saoules, elles n'avaient pas loin à marcher pour retrouver leurs lits !
L'espace d'un instant elle cru voir les yeux de Vivienne briller et lui demanda si ça allait. Elle la regarda un instant puis baissa les yeux sur son assiette. Puis elle lui sourit et assura que oui. Lilly avait elle rêvé ? Son amie avait tout à fait le droit d'avoir son jardin secret alors elle accepta de la croire. L'anglaise déposa le saladier sur la table et lui souhaita bon appétit. Elle espérait sincèrement que la jeune française apprécierait, d'autant plus qu'elle avait elle même fait la mayonnaise, une sauce française ! Si l'on pouvait appeler ça une sauce. Elle regretta de n'avoir pas eu assez de verrines pour bien les présenter. Les autres étaient utilisées pour le dessert, il fallait qu'elle en rachète dès qu'elle irait faire les magasins. L'avantage du saladier était qu'elles pourraient se resservir. Vivienne pris les devants et en mis dans leurs assiettes alors la cuisinière ouvrit la bouteille de vin pour remplir leurs verres. Puis elle l'observa un instant et la voyant manger, sembla ravie. Elle n'était pas mécontente de son entrée : un mélange Sucré/Salé pour un mariage réussi Terre/Mer entre la Pomme et les Crevettes, présentés en "rémoulade", c'est à dire associés à une mayonnaise (Mayonnaise maison ou Sauce "Mayonnaise" light sans huile) qu'on allège avec un peu de Yaourt grec et parfume avec un peu de Gingembre en poudre. C'est très fraîs et ça fond en bouche. Maintenant elle pouvait lui révéler ce que c'était : « Ce sont des pommes crevettes en rémoulade. Mayonnaise maison et allégée, pour faire genre ! » dit elle riant. « T'es une vraie goulue ! Sinon ta journée ? Comment va Talisman ? As tu rencontré un beau chevalier sur son fier destrier ? » demanda-t-elle en buvant une gorgée de vin avant de continuer son entrée. Elle en aurait bien repris mais elle n'avait jamais eu un grand appétit et voulait de la place pour chaque plat. Au pire il en resterait pour demain.

Si je me retenais pas, j'engloutirais mon assiette comme une gloutonne mais non je ne le fais pas car j'entends presque dans ma tête la voix de ma mère me disant " Vivienne c'est mal poli ce que tu fais " accompagné d'un regard entendu de la part de mon paternel. Alors je m'applique à tenir ma fourchette et mon couteau, de manger de façon correcte et propre. Parce que, je sais pas, j'ai été formaté comme cela pendant toute mon enfance. Vivienne, tes coudes. Vivienne, ferme la bouche quand tu mâches, Vivienne mets ta serviette sur tes genoux, Vivienne plus lentement les coups de fourchettes etc... Si bien que moi, ça m'est resté et difficile de faire partir toutes ces règles de bienséances gravées en ma mémoire. Pour faire glisser le tout, je prend une gorgée de vin. Les effluves acides et amer envahissent mon palais et contraste avec le côté sucré de l'entrée. Au goût j'avais reconnu un fruit mais j'étais pas sûre. Lilly me confirma donc la présence de pomme et de crevette, même que la mayonnaise était light. Une association plutôt réussi entre un sucré et un salé. Je n'en aurais jamais eu l'idée moi-même. Quel super duo ! Je tâcherai de m'en souvenir ! Je sais que Lilly est une excellente cuisinière, j'aime juste la taquiner. Un peu beaucoup j'avoue ! Mais qui aime bien châtie bien non ? Je souris doucement « Ah bah oui. La mayo est light ! Surtout light pour notre conscience hein ! » Et je rigole bien que je sache que toute les deux, les régimes, on connait pas. Déjà parce que moi, je ne tiens jamais et puis sans être trop je-me-la-pète-plus-haut-que-mon-cul, on en a pas vraiment besoin. Lilly est moulée comme une star de cinéma et moi, eh bien on va dire que mes course à cheval m'entretienne bien, malgré quelque bourrelet ci et là. « T'es une vraie goulue ! Sinon ta journée ? Comment va Talisman ? As tu rencontré un beau chevalier sur son fier destrier ? » Je rougie légèrement, prise la main dans le sac, une main sur la cuillère du saladier qui verse une cuillère dans mon assiette. J'allais en reprendre une louchée mais je décide d'être raisonnable et je repose la cuillère. Mes joues se pourprent un petit peu, gênée d'avoir été prise en plein flag et pour me tenir aussi mal. Mais ça s'envole rapidement parce qu'après tout je suis chez moi et c'est juste Lilly, mon amie. Je ris doucement « Oui désolée. C'est tellement bon ! Ma journée ? Bien sympatique ! Talisman va très bien, toujours aussi têtu ! mais j'arrive à le dompter ! Et tu parle ! Y'a pas un seul beau chevalier dans mon haras, ou alors ils sont gays ou déjà mariés. La poisse » J'éclate de rire avant de replonger dans mon plat, avide de ré-inonder mon palais de ce goût salé sucré. Après avoir avaler correctement ma nourriture, je relève la tête vers elle « Et toi ? Ta journée ? C'était bien ? Raconte-moi touuuuuuut ! » Dis-je en exagérant la dernière syllabe de ma phrase.

Lilly avait toujours aimé faire la cuisine, même s'il fut une époque où elle avait été tout sauf douée. Quand sa mère les avait quittés, oui car elle l'avait surtout quittée elle en fait... Bref quand elle s'était retrouvée seule avec son père il avait fallu tout réorganisé. Au début ils mangeaient surtout des pâtes, des pizzas, des surgelés... Rien de très ragoûtant ! Du coup la gamine qu'elle était à l'époque s'était essayé à la cuisine. Elle râtait un plat sur deux mais son père s'efforçait de toujours finir son assiette pour lui faire plaisir. Son père était la personne la plus importante dans sa vie et il lui manquait terriblement. Elle aurait tellement voulu qu'il la suive ici, un jour peut être ? En attendant ils se téléphonaient régulièrement et s'échangeaient des emails. S'il avait été là ce soir, il se serait régalé lui aussi ! Grâce aux cours qu'elle prenait une à deux fois par semaine, elle avait fait de sacrés progrès ! Et surtout elle pouvait varier les recettes, tenter des choses auxquelles elle n'aurait pas penser avant. Comme cette entrée avec de la mayonnaise light. Vivienne avait raison, c'était juste pour se donner bonne conscience ! Elles en rirent toutes deux. Il était vrai qu'elles n'en avaient pas besoin. Au contraire, il serait bien venu que Lilly prenne un peu de poids, elle rêvait d'avoir des fesses et des seins, comme Vivi ! Pourtant elle mangeait ! Sauf les fois où elle oubliait, trop plongée dans ses écrits. Et les fois où elle était seule et n'avait pas envie de s'embêter à cuisiner. Il paraissait aussi qu'elle tenait ça de sa mère; elle ne pouvait pas tout renier, hein ? Enfin ! Elle n'était pas non plus à plaindre. En plus, elles avaient toutes deux la chance d'être jolies ! Vivienne avait encore des traits d'adolescente mais ça faisait tout son charme ! Sans doute resterait elle toujours une femme enfant ! Lilly faisait plus beauté froide, ce qui finalement collait aussi à son caractère. La preuve encore lors de ce repas où elle mangeait doucement tandis que Vivienne s'emballait. Cela lui faisait plaisir car c'était bon signe mais elle lui fit remarquer pour la taquiner. Elle s'excusa alors qu'il n'y avait aucune raison, ce qui fit sourire la cuisinière qui lui demanda des nouvelles de sa journée, de son cheval et des hommes dans sa vie ! « Talisman têtu ? On se demande de qui il tient ! » ajouta-t-elle en riant avant de boire une nouvelle gorgée de vin . La remarque de Vivienne sur les garçons du haras la fit rire de plus belle. La jeune française avait toujours une façon de présenter les choses qui l'amusait.« Oh bah tu sais, je rencontre personne dans la maison quand j'écris ! Par contre il y a un type que j'aime bien aux cours de cuisine mais je ne sais pas trop quoi penser de lui. Avec le bol que j'ai il sera gay aussi ! » Aujourd'hui elle se sentait prête à ouvrir son coeur à nouveau mais les petits amis potentiels ne se bousculaient pas au portillon ! Sachant déjà que Vivienne voudrait en savoir plus elle ajouta : « Il s'appelle Spencer, il est chou. Loin du beau gosse musclé, il est plutôt genre intello avec un charme fou ! Tu pourrais passer un soir, tu me donneras ton avis ? » C'était bien un truc de filles et que les amies faisaient, non ? Elles ne seraient pas trop de deux pour savoir quoi penser de celui qui occupait l'esprit de l'anglaise ces derniers temps. Elle n'avait pas eu de petit ami depuis si longtemps qu'elle ne savait même plus comment faire...

Depuis petite j'ai toujours été gourmande. Mes parents étaient parfois exaspérés de mon comportement. Petite, à l'heure du goûter, je ne me dirigeais jamais d'un pas calme à la salle à manger, non, je courais, je galopais. Ma mère m'appelait parfois pour me taquiner son petit monstre glouton. J'aimais bien ce surnom. Et mon père se demandait parfois où je stockais tout ce que j'avalais car j'étais pas boulotte ni rien. Moi je pense que mon hyperactivité émotionnelle devait sûrement brûler toutes les calories que j’ingurgitai. Mon secret ? Il était sous mon oreille dans l'édredon de mon traversin. J'y cachais des bonbons et des biscuits que je mangeais en secret dans la nuit, quand j'arrivais pas à dormir ou que j'avais un petit creux. Puis un jour, des fourmis m'ont trahi et maman a trouvé ma cachette. En grandissant, je me suis modérée, en tout cas devant mes parents. Mais sans eux, j'étais moi-même. Une gourmande, un estomac sur patte. Le pied, aujourd'hui je vivais avec une super cuisinière, mon ventre n'était qu'enchanté de cela. C'est pour cela que je dis souvent que Lily est la meilleure colocataire que j'aurais pu trouvé ! C'est la plus belle et la plus forte ! Ah oui oui ! Moi je le vois bien quand on se balade toutes les deux, les regards des hommes sur elle. J'ai vu ! Elle plaît mais elle, elle semble pas y faire gaffe. Moi, parfois, je me dis que ça serait bien qu'on me remarque mais parfois je me dis que j'aime bien ma situation. La situation de celle qu'on ne remarque jamais, qu'on ne trouve jamais jolie, qu'on trouve insipide. Oui ça me va. Car moi je saurais pas quoi faire si quelqu'un me trouve jolie. Kieran, c'est lui qui est venu à moi et pas le contraire. Je n'ai rien fait du tout, c'est lui qui m'a courtisé, moi je n'ai fait que suivre le mouvement docilement. Lily est belle et c'est ma colocataire à moi, héhé ! « Talisman têtu ? On se demande de qui il tient ! » Je lui tire la langue au dessus de mon assiette avant de reprendre une bouchée. Mon ventre il chante tellement il est content d'être enfin rassasié. « Oh bah tu sais, je rencontre personne dans la maison quand j'écris ! Par contre il y a un type que j'aime bien aux cours de cuisine mais je ne sais pas trop quoi penser de lui. Avec le bol que j'ai il sera gay aussi ! » Je l'écoute en mâchant la bouche fermée -bien-sûr, politesse oblige- et mon regard est rivé sur elle. J'attends la suite, parce que moi je ne vais pas me contenter que de ces détails sans intérêt, j'en veux plus et plus. Ma curiosité est piquée à vif et Lily le sait, elle me connaît très bien. C'est donc avec plaisir que je l'écoute continuer. « Il s'appelle Spencer, il est chou. Loin du beau gosse musclé, il est plutôt genre intello avec un charme fou ! Tu pourrais passer un soir, tu me donneras ton avis ? » J'avale en vitesse la nourriture avant de brandir ma fourchette dans l'air un affichant un visage illuminé. Quelle excellent idée. J'étais surexcité de participer à cette mission ultime, celle de savoir si Spencer est un bon gars et s'il est déjà intéressé par les filles. Je gigote déjà sur ma chaise comme une enfant à qui on fout sous le nez un esquimau « Spencer ! Spencer ! C'est charmant comme prénom ! Et bien-sûr ! Je viendrais un soir pas de soucis ! Et on examinera ce Speeeeeeeenceeeeer ! » Dis-je avec excitation en rallongeant exagérément le prénom de Spencer avec un accent à faire peur un étudiant spécialisé en anglais. Puis engloutissant les dernières bouchées de mon entrée, je me lève en ayant à peine fini de mâcher ce que j'avais dans la bouche. Je m'empare des assiettes et fout un coup de hanche à Lily pour lui faire comprendre que je m'en occupe. Elle, elle n'a qu'à mettre le plat principale à table. Je m'occupe du reste. Je ramasse nos couverts et fait tenir les assiettes sur ma main et prend le plat d'entrée de l'autre. Direction la cuisine sans faire tomber tout ce joli monde. Parce que je vous ai pas dit ? Je suis maladroite comme pas deux. Je pose le tout en triomphant dans l'évier « Même pas peur et tous sains et sauf ! Niahahahaha » J'éclate d'un rire faux de winner et attrape deux assiettes propres ainsi que des couverts. Je les pose à table à nos places respectives et m'assoit sur mon siège les mains croisés, mon menton posé dessus. « Aloooors mademoiselle Kane. Ce Spencer, il vous fait tant d'effet que cela ? T'as des papillons dans le ventre ? Tu respires avec difficulté quand tu le vois ? Ton coeur s'emballe ? Je veux savoir ! » J'insiste sur le je veux savoir. Car je veux vraiment savoir. Lily sait bien que je serais prête à tout pour. Comme la coller, la saouler toute la soirée, même la suivre dans sa chambre, dans son lit. Chieuse, oui je sais le faire et tellement bien en plus !

Lillyana avait eu une certaine appréhension à l'idée de vivre en colocation, après tout on ne sait jamais sur qui on va tomber ! Peut être avait elle été rassurée de trouver une fille, qui plus est étrangère comme elle. Rapidement les deux jeunes filles s'étaient entendues, se trouver des points communs malgré leurs différences. On pouvait même dire qu'elles se complétaient plutôt bien ! Et lorsqu'elles étaient ensemble Lillya était certaine de bien rire. Finalement elle avait bien fait d'opter pour la coloc sinon elle aurait fini comme une vieille fille seule avec son chat à écrire des thrillers enfermée dans sa maison. L'horreur ! Elle espérait bien retrouver l'amour et non finir comme ça ! D'après Vivienne, elle avait du succès mais elle ne voyait personne se précipiter pour lui demander son numéro ! Elle devait se tromper. A moins que son apparente froideur, comme beaucoup d'anglais, ne faisaient hésiter - trop longtemps - ces jeunes américains ? De toute façon elle n'avait jamais été habituée à se faire draguer, dans sa bande elle avait toujours la bonne copine, alors elle ne saurait pas quoi faire si elle se faisait brancher. Cela arrivait biensûr, mais cela restait occasionnel. Quand elles allaient en boite par exemple. A bien y réfléchir, peut être que les deux jeunes femmes étaient encore trop marquées par leur premier amour pour qu'un homme ose s'approcher. Comme Spencer... Il prenait des cours de cuisine avec Lilly et elle devait bien avouer qu'il ne la laissait pas indifférente. Mais comment savoir si lui aussi ? Le fait qu'il n'ose pas toujours la regarder droit dans les yeux ne voulait rien dire, beaucoup de gens ne soutenaient pas son regard pénétrant. Ce soir elle décida d'en parler à celle qui était devenue un peu comme une meilleure amie. Elle pourrait même venir la chercher un soir pour le voir et lui donner son avis ? Cette proposition sembla ravir la française. Biensûr elle s'empressa de taquiner Lilly à ce propos en répétant son prénom comme le petit frère dans une chanson française Ouh la menteuse. Elle avait oublié les paroles mais à coup sûr Vivi devait les connaître mais elle se tairait pour éviter qu'elle ne lui chante pendant des jours ! « Oui, Spencer c'est classe et énigmatique, comme lui » dit elle un peu rêveuse tandis que Vivi se levait déjà pour débarasser les entrées. Non sans lui mettre un petit coup de hanche au passage, pour se venger Lilly tendit sa serviette et lui fouetta doucement les fesses en rigolant. Puis elle se leva pour sortir le plat du four. Cette fois Vivienne n'avait rien fait tomber. « On va pouvoir mettre une croix rouge dans le calendrier ! » Elle la laisse poser les assiettes propres et dépose le plat chaud, qu'elle tient avec des gants, sur le dessous de plat. L'odeur qui s'en échappe est délicieuse, un savant mélange de tomates et d'épices. Mais elle a à peine le temps de prendre de quoi servir que son amie l'enchaine au sujet de Spence. Elle ne put s'empêcher de rire. « Et bien oui, en ce moment j'ai envie de suivre les cours surtout pour le voir ! » Il était vrai qu'elle n'avait rien ressenti depuis Damian... Un voile passa sur son visage. Cela faisait des années que son grand Amour était mort mais elle avait parfois l'impression de le tromper. Elle se ressaisit aussitôt et demanda son assiette à Vivi. « Gratin de gnocchis aux tomates concassées, poivrons, épices et lardons ! Tu m'en diras des nouvelles ! » Il en resterait sûrement pour le lendemain car elle en avait fait un bon plat et c'était relativement bourratif. Elle avait appris ce plat simple à faire, avec Spencer justement, et elle avait tellement aimé qu'elle voulait le faire goûter à son amie. La mozzarella avait bien fondu sur le dessus, les gnocchis paraissaient bien tendres et imbibés par la sauce des légumes... Elle la servit, puis ce fut son tour et elle posa enfin ses fesses sur sa chaise en retirant ses gants. « Tu sais... j'ai parfois l'impression que je ne peux pas laisser partir Damian et que d'être seule le fait vivre encore... » Cette phrase risquait de plomber l'ambiance mais elle ressentait le besoin de parler, pour une fois, de ce qui la rongeait. Elle n'avait pas cacher à Vivienne que son ancien petit ami était mort mais elle avait menti sur les circonstances pour ne pas avoir à revivre son histoire. Ce soir il était temps de lui avouer. Elle avait les yeux brillants mais ne voulait pas se mettre à pleurer et prit une bouchée comme pour occuper son esprit ailleurs. La nourriture avait un peu une fonction d'anti dépresseur, l'apaisant immédiatement.

Nos éclats de rire résonnent contre les murs de ma maison. Je dis souvent ma maison mais au fond, pour moi, c'est notre maison à moi et Lilly. C'est pas qu'une coloc et sa propriétaire, jusqu'à qu'elle ne veuille plus vivre avec moi, cette maison restera la sienne. J'ai peur de posséder cette endroit à moi seule bien que cette maison je l'apprécie énormément de par sa proximité avec la mer, son architecture et le faite qu'elle ressemble à ce que je voulais avoir dans ma jeunesse. Mais à la fois, elle aussi ce souvenir qui ne part pas, le souvenir de cet amour qui n'existe plus ou presque car au fond il existe encore à travers moi, à travers ma souffrance et ma tristesse. Mes rires et ceux de Lilly résonnent entre ces murs et ça me fait du bien. Ca n'a pas toujours été comme ça, non, le temps que je trouve une colocataire, j'ai dû vivre seule ici. Ce fut extrêmement dur pour moi, l'absence de Salvador était omniprésente dans chaque pièce, chaque chose que je faisais. Impossible de penser à autres choses alors je passais la plus grande partie de mon temps chez mon ami, celui qui est propriétaire des terres du haras, le veuf. Avec lui, ma peine était moins lourde pour moi et je me sentais un peu mieux. Puis y'a eu Lilly. Ce fut les rayons de soleil dans ma vie, le commencement d'une vie moins morne, moins triste, moins axé sur le vide que Salvador m'avait laissé, c'était une chance d'aller vers la guérison. « On va pouvoir mettre une croix rouge dans le calendrier ! » Je claque dans mes mains les fesses enfin posées sur mon siège « Très bonne idée. Pas une croix, un gros coeur ou une étoile ! Avec un petit autocollant ! C'est une date à ne surtout pas oublier ! » Mais bien entendu, c'est pas de ça que je veux parler en premier, bien que j'aime qu'on flatte mes prouesses, ce que je veux savoir c'est tout ce qui concerne Spencer. Je perd un instant ma concentration quand je sens la bonne odeur qui se dégage alors que ma colocataire dépose le plat sur le table, je jette un coup d'oeil et déjà je salive. « Et bien oui, en ce moment j'ai envie de suivre les cours surtout pour le voir ! » Je tapote des pieds sous la table et la pointe de l'index avec un grand sourire aux lèvres genre c'était une super révélation que j'avais deviné, une révélation trop dur à trouver. « Je le savaaaaaais. Lillyana Kane est mignoooooonneuh ! Elle est cuteuuuh ! Elle est n'amouuuuureuse ! » Je dis en prenant une voix niaise et en rallongeant les syllabes comme d'habitude. Je me marre et chantonne "la vie en rose" d'Edith Piaf en la regardant d'un air amusé, je tends mon assiette pendant que mon amie m'informe de ce que je vais engloutir comme une vorace là tout de suite. « Ca a l'air trop bon en tout cas et puis ça sent bon ! » Je prend mon assiette et la repose devant moi, m'emparant de ma fourchette, pressée de goûter à ce plat. « Tu sais... j'ai parfois l'impression que je ne peux pas laisser partir Damian et que d'être seule le fait vivre encore... » Je m'arrête dans mon élan et me fige, l'observant. Son regard a perdu de cette éclat, celui quand on rigole, quand on est bien toute les deux et que pendant un moment, les écorchures de notre vie sont loin. Elle a ce regard quand la noirceur de notre passé nous hante et revient. Je repose ma fourchette. Ca me fait de la peine et je sais bien que moi, avec le peu d'expérience dans ma vie, j'ai rien pour la consoler, alléger son fardeau, je ne peux qu'imaginer sa douleur, elle qui a perdu son amour, pas comme Salvador, le sien il reviendra jamais car il est mort. « Je crois que je vois ce que tu veux dire mais ... Je pense pas que rester seule soit la meilleure solution. Autant pour toi que pour lui. Je sais pas si c'est déplacé que je vais dire mais il doit reposer en paix. Il faut le laisser, ma chérie. » Je dis d'une voix douce, je me hisse au dessus de la table et lui caresse le dos de la main. « Tu sais, je suis un bébé dans la vie, je n'ai pas vécu grand chose. Je ne peux qu'imaginer toutes les tortures que tu peux traverser mais sache au moins une chose dont je suis au moins certaine c'est que tu m'as moi et ça peu importe le temps, le moment, l'endroit. Et qu'un jour, on ira mieux toutes les deux. On dit souvent, après le beau temps, la pluie, non ? » C'est ce que tout le monde me dit mais je sais pas si je dois y croire ou non. J'ai envie par moment mais parfois c'est si dur. Si compliqué. Parfois j'y crois, parce que c'est logique. Je lâche sa main et reprend place ne sachant pas trop ce qu'il faut faire. Je n'ai pas vraiment eu d'amis avant elle mais j'essaie de faire de mon mieux. Oui. J'essaie. Et ça me fait de la peine de voir mon amie dans cet état.

Lillyana a souvent entendu ce vieux dicton qui dit There's no place like home. Son chez soi peut être n'importe où, et aujourd'hui il était ici pour elle, dans cette ville, dans cette maison avec la jeune française. Et c'est bien là, avec elle, qu'elle se sentait le mieux ! Elle n'avait jamais cette impression de déranger et dans leur peu de disputes, désaccords plutôt, Vivienne ne lui avait jamais lancé de "si t'es pas contente, tu t'en vas !" ou "n'oublie pas que c'est chez moi". Non, elle avait beau posséder la maison, elle avait toujours tout fait pour que Lilly se sente chez elle. Vraiment, c'était la coloc idéale ! Et peut être que l'anglaise lui apporterait de nouveaux souvenirs. Elle ne pourra jamais effacer ceux de Salvador, de toute façon il ferait toujours partie de la vie de Vivienne d'une certaine façon, mais elle pourrait peut être les adoucir, comme si elle les voilait. On pourrait presque dire qu'elles se pansaient mutuellement leurs plaies. Aussi Lillyana lui parla de Spencer, qui prenait des cours de cuisine avec elle et la motivait toujours pour se rendre aux cours quand elle se sentait flemmarde. Cette révélation semblait réjouir Vivi au plus au point et elle en profita aussitôt pour taquiner son amie. Avec elle, elle avait vraiment l'impression d'avoir une petite soeur ! Une fois de plus, elle se mit à rire des âneries de sa coloc. Mais rapidement elle se sentie envahie par une certaine culpabilité. Elle savait qu'elle allait plomber l'ambiance mais elle avait besoin d'en parler et avec qui d'autre pourrait elle le faire sans retenue ? Elle vit Vivienne se figer, fourchette à la main et se sentie encore plus mal à l'aise. Elle sembla hésiter un instant et finalement se lança. Son discours était tout à fait cohérent, et dans le fond Lillyana savait qu'elle avait parfaitement raison. Le laisser reposer en paix. C'était tellement difficile malgré son envie de le faire. Elle ne pouvait s'empêcher de regarder leur photos, de créer des personnages masculins qui lui ressemblaient... Elle soupira. « Tu as raison... je dois juste trouver la volonté... » Vivienne lui caressa la main en guise de réconfort et Lilly leva ses yeux humides vers elle. Oh comme elle détestait pleurer devant les autres, elle se concentrait au maximum pour que les larmes restent coincées dans ses yeux. Les paroles de son amie, même si elle disait être un bébé, lui faisaient du bien et elle finit par lui soutirer un sourire. Elle était sa frenchy chérie. « Je crois que c'est après la pluie, le beau temps mais je t'aime quand même » répondit elle en essayant de faire de l'humour avec les fautes d'anglais de son amie. Elle avait un peu le même discours qu'elle auprès de Camden et elle y croyait. C'était juste que le temps paraissait si long. « Merci ma puce. Je te l'ai jamais dit mais je suis heureuse, et chanceuse, d'être avec toi. Enfin d'être ton amie ! » Elle essuya ses larmes d'un revers de la main et souffla un bon coup. « En attendant le beau temps, dis moi ce que tu penses de mon plat et... peut être que j'ai rencontré Spencer pour une raison évidente ! En espérant qu'il ne soit pas gay sinon j'aurais le droit de déprimer ! » Elle voulait croire en ce coup de coeur, après tout comme tout le monde - ou presque- elle méritait d'être heureuse, non ? Elle avait son boulot, quelques amis, la santé alors il ne manquait plus qu'une chose ! Etait-ce trop demandé que de tout vouloir ? Espérons que non ! pour définitivement partir sur autre chose, elle lui demanda simplement : « Et comment va ton ami du haras ? Il faudrait l'inviter un de ces quatre ! A moins que tu ne veuilles le garder que pour toi ! » Se pourrait il que Vivienne ait des sentiments pour lui ?

La mort c'est quelque chose d'horrible en soi, surtout quand elle nous vole quelqu'un sans aucune raison, sans aucune explication. C'est vrai que tôt j'ai dû y faire face à cause de la maladie de ma mère et que cette maladie avait faillit l'emporter avec elle. Petite déjà j'avais assimilé la notion de la mort, ce que ça impliquait : l'absence, la peine, la douleur. Mais à la différence de Lily, si ma mère avait perdu le combat, j'aurais du pourquoi elle était partie : la maladie. Tandis que Lily, c'était beaucoup plus dur, injuste, pourquoi son amour ? On ne sait pas. Le destin, la malchance, il n'y avait aucune explication et le néant est plus douloureux qu'autre chose, je le sais, je le connais. Salvador s'est tiré sans une explication, sans quelque chose auquel je pourrais m'accrocher pour aller de l'avant, je n'ai rien, que du vide dans les mains, je ne sais pas si je suis en tort, ou si c'est lui ou bien moi ? Je ne sais rien du tout. Je serre ma main sur la sienne avec un sourire réconfortant au coin. « Tu trouveras la volonté, ma chérie. Je t'aiderais à la trouver, moi aussi je la cherche cette coquinette ! » Je lui adresse un sourire complice. Avant, je n'avais connu que des amitiés à sens unique, c'est-à-dire que les gens savaient où j'étais quand ils avaient besoin de moi mais sinon, quand la situation s'inversait, il n'y avait plus personne et j'étais seule. Avec Lily j'ai appris ce qu'était la vraie amitié, celle qui te soutient, qui rit avec toi de tes connerie, qui t'élève, te console quand tu es au plus bas, qui te conseille, qui te gronde quand tu fais des choses qu'il ne faut pas, qui est présente tout simplement et peu importe le pourquoi du comment. Je rigole malgré moi de ma bêtise, malgré mes quatre années en Amérique, j'arrive encore à faire des fautes débiles « Oui pardon. C'est ce que je voulais dire oui. Eh oh on se moque pas ! » Je dis en rigolant avant de fondre sur elle pour lui faire un gros câlin collant et niais après le discours qu'elle venait de me faire qui avait le don de me toucher. « Haaaaaan. T'es trop une copieuse ! Moi aussi c'est la même pareille ! Je suis heureuse de t'avoir et d'être tombée sur toi ! Merci d'être mon amie » Je lui assène un bisou bavant sur la joue et retourne m'asseoir à ma place à cloche pied. « Bien-sûr, la rencontre avec Spencer est là pour une bonne raison. AH non ! Il a pas intérêt d'être gay ! S'il l'est , on le "dégaynisera" » Je dis d'un air déterminé puis prend ma fourchette et avale une bouchée, je me fais force pour ne pas parler la bouche pleine. Je prend ma serviette et tapote le coin de mes lèvres, les habitudes sont dures à perdre « C'est succulent ma Lily à moi toute seule ! C'est super bon ! » Je dis avec des étoiles dans les yeux avant de continuer à me goinfrer avec gourmandise. A sa question, je relève la tête et avale ce que j'ai dans la bouche « Tu veux parler d'Aaron je suppose ... baaaah ... » Je me mets à réfléchir et puis je hausse les épaules en tripotant un morceau un gnocchis du bout de ma fourchette « Il va bien j'imagine, il cause pas beaucoup et il tire tout le temps la tête mais je l'aime bien ... Oh oui ! On pourrait l'inviter ! Ca le déridera peut-être de goûter à ta cuisine ! haha ... mais je doute qu'il vienne, il est tellement ... casanier. Je lui en parlerai ! » Je lui souris et hoche la tête « Non ça va, je veux bien partager si c'est avec toi ! » j'ajoute en rigolant bien que le dire comme ça me fait bizarre, partager Aaron ? Il faudrait déjà qu'il m'apprécie et parfois c'est pas du tout gagné quand je regarde notre relation tumultueuse mais je l'aime bien, même beaucoup, je ne sais pas pourquoi.

Spoiler:

La mort c'est la fin de tout. On peut croire en une vie après ou non, mais cela ne change rien. Ceux qui nous ont quitté nous manque éternellement. Encore aujourd'hui la mort de ses proches étaient la seule chose qui faisait réellement peur à Lillyana. Mais elle préfèrait ne pas s'empoisonner l'esprit avec ça sinon elle ne vivait plus. Cela ne l'empêchait pas de devoir combattre l'absence, chaque jour qui passait. Elle avait fini par l'accepter, c'était la seule façon de laisser ses amis et Damian reposer en paix, mais ce n'était pas pour autant que la vie était facile. Heureusement à présent elle avait Vivienne. Sa petite franchy qui lui serrait la main en lui assurant qu'elle trouverait la volonté et que des jours meilleurs les attendaient. Elle avait raison, Lillya n'en doutait pas. Un sourire complice et déjà le coeur de la jeune anglaise se réchauffait. Alors elle taquina son amie sur ses fautes d'anglais. Evidemment elle parlait très bien cette langue qui n'était pas la sienne. Vivienne se rebella avec une avalanche de câlin que Lillyana appréciait fortement, elle qui n'était pas forcément tactile à la base avait fini par apprendre à l'être ! Elle riait aux éclats, c'était tellement bon. Et son amitié, cette semi fraternité était partagée et ça, ça valait tout l'or du monde ! Et peut être que cette rencontre avec le beau Spencer n'était pas fortuite ? En tout cas Vivi semblait y croire elle aussi. A nouveau elle fit rire Lillyana avec ses expressions. Dégaynisera ? Il faudrait qu'elle la ressorte.« T'as toujours des expressions excellentes ! Je te la piquerais ! » Vivienne appréciait également le plat. L'anglais se savait plutôt douée pour reproduire les recettes qu'elle apprenait à ses cours mais ça faisait toujours plaisir de voir les autres dévorer ses plats ! Cela dit Vivienne était elle bon public ? Elle mangeait des trucs vraiment bizarres parfois ! Enfin, c'était une française alors à priori, oui , son palais devait être fin par nature, non ? « Merci ma Vivinette à mouah !! » Alors, Lillyana évoqua l'ami de Vivienne, qui tenait le haras où elle se rendait souvent. « Aaron, oui c'est ça. » Au début elle fut surprise que Vivienne ne sache pas vraiment s'il allait bien, mais il n'était sans doute pas du genre à se livrer facilement, comme elle, à se lier aussi. « Qui ne tente rien n'a rien ! Si tu lui fais goûter un de mes plats je suis sûre qu'il en voudra plus ! » dit elle, en prenant de l'assurance. Elle se demandait quand même qu'elle était la relation de Vivienne et le mystérieux Aaron tandis qu'elle assurait être d'accord pour le partager.« Je ne sais pas pourquoi, je pensais que vous étiez proches. Il est marié peut être ? » ce qui expliquerait qu'il garde une distance avec son amie. Elle réalisa que jusqu'ici Vivienne l'avait évoqué sans jamais réellement parler de lui et du coup, elle ne savait pas grand chose de cet homme qui semblait pourtant important pour elle.

Spoiler: